Objectif Gard : Comment arrivez-vous à Nîmes et dans le tango argentin ?
Félix Akli : Je suis né dans la région de Saint-Étienne. Je suis descendu vers le sud dans les années 80, dans une école de gestion de lieux culturels et socioculturels. Avant ça, j’étais dans le génie mécanique. Rien à voir. En arrivant ici, je me suis senti bien. D’abord Arles. Puis Nîmes, à l’époque de Bousquet et de Casas. Ensuite, je crée une agence de communication. On avait un magazine qui s'appelait Sud International, on édite le journal de l’office de tourisme, on monte des événements, des bodegas. Et j’ai cette passion du tango argentin depuis mes 15 ans. Avec ma femme, on ouvre un lieu en 1999. Un des tout premiers en Europe, le premier en France. En Europe aussi. On est sur une vague porteuse, ça s’ouvrait partout à ce moment-là. Aujourd’hui, la diaspora tango est énorme.
Comment fonctionne l’équipe de la Milonga del Angel ? Comment résumer l’histoire du lieu, son identité ? Et le nom ?
On est une association. Mon épouse est présidente. Il y a l’équipe classique, puis une équipe restreinte sur place. Installation du son, chaises, lumière. Chacun a son rôle, chacun est efficace. J'en suis l'animateur. La Milonga del Angel reste un lieu pionnier. Nîmes devient très appréciée. On est connus jusqu’à Buenos Aires. Du rouge, des lumières rouges. Ça donnait un petit côté bordel années 30. Au début à Nîmes, certains se demandaient ce qui se passait à la Milonga, si ce n’était pas une maison close, le tango, c'était nouveau. La milonga est une danse qui est à l'origine du tango. C’est d’abord une musique, puis une danse. Le rythme habanera, comme Carmen, le palam, pam, pam. Milonga sert aussi à désigner un bal, c’est le bal de l’ange, un titre très connu d’Astor Piazzolla.
Que propose la Milonga aujourd’hui ?
Un bal chaque samedi et des concerts. On s’ouvre à d’autres activités. Jazz, flamenco, soirées cabaret. Jazz 70 propose du jazz dans une ambiance club, parfois aux frontières du jazz. Ça ramène une jeunesse au jazz. La suite ? La série Jazz 70, Léo Chazalet en décembre. Une soirée swing avec Florent du Riff. Une soirée LGBT en décembre. Peut-être Roé et son nouvel album.
Et puis le festival. Le plus vieux festival de France, 29 ans cette année. Un événement international. Australie, Pologne, Europe, France. Six jours de concerts, spectacles. Maison Carrée, Pont du Gard. On reste sur notre période du 7 au 12 août, malgré la chaleur.
Une pensée sur le tango, pour conclure ?
Le tango porte une image fantasmée. On dit qu’il se dansait entre hommes, mais en même temps les filles de bonnes familles ne venaient pas dans ce genre de lieux. Le tango a été interdit dans beaucoup de pays d’Europe. Dans le monde actuel, le tango crée des moments d’humanité. On se prend dans les bras, quelques minutes, gratuitement. Des gens qu’on connaît, d’autres que l’on ne connaît pas. Les danses rassemblent 22 millions de licenciés en France. Si tout le monde dansait un peu plus, il y aurait moins de problèmes.