NÎMES Hammam insalubre de Valdegour : retour à la case départ pour les migrants
L'ancien hammam désaffecté du quartier de Valdegour est de nouveau occupé par plusieurs dizaines de migrants, après leur départ des hôtels nîmois.
Plusieurs dizaines de migrants sont retournés hier à l'ancien hammam insalubre de Valdegour, qu'ils avaient quitté le 22 janvier dernier. Logés pendant quelques semaines dans plusieurs hôtels de la ville après avoir été délogés de leur squatt par le Conseil départemental et la préfecture du Gard, les migrants n'ont pas eu d'autres choix : "Les hôtels ont mis nos bagages dehors, on s'est retrouvé ici. Certaines personnes devaient aller à Alès, leurs noms ont été pris", expliquent Taba et Mohamed, venus de Guinée.
S'ils ne savent pas encore combien de temps ils vont rester ici, les conditions sont d'une rare insalubrité. "On a pas d'eau sur place, c'est essentiel quand même pour vivre, donc on va la chercher dans des bidons", dévoile Mohamed. Pas non plus d'électricité, donc pas de chauffage, la dernière nuit a été rude : "On a très froid la nuit. Parfois on allume le feu dans le bidon pour se réchauffer". Comme beaucoup, Taba attend un recours pour l'obtention d'un titre de séjour : "Notre audience n'est pas encore passée, certains attendent depuis cinq mois ou plus, certains avocats négligent ça", raconte-t-il.
Les deux Guinéens sont venus en France en 2023, dans l'espoir de trouver une vie meilleure : "J'ai laissé ma maman au village mais je ne peux pas lui parler beaucoup parce qu'il n'y a pas beaucoup de réseau dans mon village d'origine", dévoile tristement Mohamed. "Je suis prêt à travailler n'importe où, tant qu'on me donne une place", ajoute-t-il. La semaine et parfois le samedi, plusieurs d'entre-eux se rendent dans une des écoles qui les accueille. On leur apprend le français, à s'exprimer correctement : "Je suis très content d'aller à l'école, même si j'ai parfois un peu de difficulté", sourit Mohamed.
"Il y a des gens qui vont tomber malades"
Quand ils ont occupé les lieux la première fois, plusieurs associations sont venues leur apporter à manger et de quoi survivre. Depuis hier pour le moment, ils expliquent qu'ils n'ont vu personne. "On mange des produits complètement gâtés, que l'on trouve parfois au milieu de nos affaires : des tomates, des oignons et d'autres légumes... Il y a des gens qui vont tomber malades", explique Mohamed. "On nous avait obligé à sortir le 22 janvier à 5h du matin. Ça fait très très mal, beaucoup ont pleuré", déplore tristement Taba.
"On a pas d'eau donc on ne peut pas se laver, alors on frotte notre peau avec nos vêtements. Certains font leur besoin n'importe où parce qu'il n'y a pas de toilettes", explique un migrant camerounais qui souhaite rester anonyme par peur. Arrivé en France il y a huit mois, il en a assez de dormir dans la saleté et voudrait trouver un petit boulot : "Il manque beaucoup d'humanité. Je ne suis pas français mais je suis un être humain et je devrais avoir des droits comme les autres", fustige-t-il. "Si on m'avait demandé mon avis, je serai resté ici jusqu'à ce que je puisse avoir mon dossier, et je ne serai pas allé à l'hôtel. Mais on nous a mis dehors sans rien nous dire", déclare-t-il.
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