PISSEVIN Des médecins exercent leur droit de retrait

Le quartier Pissevin
- Photo Coralie Mollaret"Notre projet de création d’un pôle de santé ambitieux dans les futurs locaux GGL – porteur d’un espoir de renouveau – est aujourd’hui menacé dans son existence même."
Plusieurs médecins installés dans le quartier Pissevin, où en ce moment les règlements de compte liés au trafic de drogue font régner la terreur, ont adressé un courrier au préfet du Gard Jérôme Bonet et au maire de Nîmes Jean-Paul Fournier. Ils font part de la décision de plusieurs médecins d'exercer leur droit de retrait et donc de ne plus prendre en charge les patients au vu de cette situation de violence extrême. Voici le contenu intégral du document envoyé.
"Monsieur Le Préfet, Monsieur Le Sous préfet, Monsieur Le Maire,
Nous vous écrivons en tant que médecins généralistes installés depuis plus de vingt ans dans le quartier de Pissevin, aujourd’hui profondément déstabilisé par une insécurité croissante qui compromet gravement l’accès aux soins pour ses habitants.
Depuis plusieurs semaines, notre quartier est le théâtre d’affrontements armés entre bandes impliquées dans des trafics de stupéfiants. Ces violences, loin d’être ponctuelles, sont désormais quotidiennes et mettent directement en danger la vie des habitants, des patients, et des professionnels de santé qui exercent ici avec engagement depuis des décennies.
Nos cabinets médicaux, tout comme les cabinets d’infirmiers, de kinésithérapeutes, ainsi que les pharmacies du quartier et Pages, sont désormais situés en zone à risque immédiat. L’HAD 3G Santé a suspendu ses interventions dans le secteur depuis hier. Plusieurs professionnels de santé ont d’ores et déjà fait valoir leur droit de retrait. La continuité des soins est gravement menacée. Nous faisons face à une situation critique.
En tant que médecins référents du secteur, nous assumons chaque jour une responsabilité double :
- Assurer la sécurité de nos patients, de nos équipes et de nous-mêmes ;
- Maintenir une offre de soins indispensable à un quartier déjà fortement touché par les inégalités sociales et médicales.
Ce climat de violence porte également un préjudice majeur à l’attractivité du quartier : il devient impossible de recruter des remplaçants ou d’attirer de jeunes médecins. Notre projet de création d’un pôle de santé ambitieux dans les futurs locaux GGL – porteur d’un espoir de renouveau – est aujourd’hui menacé dans son existence même. Il y a urgence.
Nous vous demandons solennellement, en tant que représentants de l’État et garants de la sécurité publique, de nous informer sans délai des mesures concrètes et immédiates que vous comptez mettre en œuvre pour sécuriser durablement le quartier de Pissevin, garantir la protection des soignants, et préserver un accès aux soins pour une population en grande précarité. Un rendez-vous rapide avec vos services est indispensable.
Nous restons disponibles pour toute rencontre ou échange sur place. Laisser cette situation se dégrader serait un abandon inacceptable.
Dans l’attente de votre réponse urgente, veuillez recevoir, Monsieur le Préfet, Monsieur le Sous-Préfet, Monsieur le Maire, l’expression de notre considération distinguée.
Les Médecins du cabinet Médical Trait d'Union
Drs Adam, Brunot, Castellani, Nogues, Ramassamy, Sidhoum"