PONT-SAINT-ESPRIT Le dessin de presse pour sensibiliser les élèves du collège George-Ville à la liberté d’expression
L’attentat de Charlie Hebdo, il y a six ans, et l’assassinat du professeur Samuel Paty, à l’automne dernier, ont pour point commun d’être, au-delà de l’horreur, des atteintes à la liberté d’expression.
Des atteintes aussi à une pratique de cette liberté d’expression, le dessin de presse. Alors, suite à l’assassinat de Samuel Paty, « nous avons mis en place des projets et des actions », explique la principale adjointe du collège George-Ville de Pont-Saint-Esprit Sandrine Munoz. Parmi ces projets, menés avec les classes de Troisième, une exposition de l’association créée par le dessinateur du Monde Plantu Cartooning for Peace, et l’intervention dans le cadre de cette exposition du dessinateur de presse Wingz, ce vendredi.
« Après ce terrible attentat, cette exposition prend un tout autre sens, une tout autre dimension, affirme le principal laurent Richard. Elle est là pour confronter, découvrir, échanger et débattre sur la liberté d’expression et la liberté de la presse. » L’enjeu de ce type d’actions est, pour le principal, « le développement de l’esprit critique » pour faire des élèves plus tard « des citoyens libres et éclairés. » L’exposition a été financée par la mutuelle MGEN pour travailler « sur les sujets importants qui impactent notre vie au quotidien, pour avoir les idées au clair », expliquera le président pour le Gard de la MGEN Jean-Paul Lopez.
La maire de Pont-Saint-Esprit et enseignante au collège George-Ville Claire Lapeyronie rappellera ensuite que cette action consistait en une défense des valeurs de la République. Autant dire que la valeur symbolique confiée au dessin de presse est grande, et pas qu’en France, si bien que « dans certains pays, certains dessinateurs de presse prennent des risques fous », affirmera le dessinateur avignonnais Wingz, en marge de la présentation des activités de l’association Cartooning for Peace, qui aide justement les dessinateurs de ces pays où la liberté d’expression est, plus encore qu’ailleurs, un combat.
Car l’actualité y compris en France nous l’a rappelé, le dessin de presse est plus qu’un simple dessin. « Il est très particulier, car il donne un point de vue sur l’actualité, et il caricature », explique le dessinateur aux élèves. « Dès le matin, je m’imprègne des informations du jour et j’essaie d’en faire un dessin qui fait soit sourire, soit réfléchir, soit les deux », poursuit Wingz, qui collabore avec divers titres de presse locale ou nationale. En tout cas, le dessin de presse « va susciter des réactions, et c’est bien le but », estime-t-il.
« Un dessin peut déclencher une polémique »
Des réactions notamment chez les collégiens, qui installent vite un échange avec le dessinateur, sur sa journée type, sa place dans la rédaction ou encore, question incontournable de ce type d’exercice, sa rémunération. La question de la liberté d’expression, et la sempiternelle question « peut-on rire de tout », n’a pas été éludée, et le débat qui va avec non plus. Une liberté d’expression « encadrée par la loi », rappellera Wingz, et uniquement par la loi. L’occasion de rappeler que l’exercice du dessin de presse, et plus largement de la liberté d’expression, peut parfois piquer.
« Un dessin peut déclencher une polémique », reprendra le dessinateur, avant de présenter aux collégiens la polémique au centre de laquelle il a été, pas plus tard que le week-end dernier, lorsqu’un commissaire de police de la région parisienne a utilisé un de ses dessins pour une carte de voeux. Un dessin sur lequel on voit un policier dire à un homme noir de se rapprocher de lui car son taser était en train de se recharger sur l’allume-cigare de sa voiture.
L’initiative de ce commissaire a été jugée pour le moins malheureuse, et il a été suspendu par le ministre de l’Intérieur. Or, ce dessin a été créé en 2015 par le dessinateur, justement pour dénoncer les actes racistes dans la police aux États-Unis. « J’ai dû faire un tweet pour expliquer le contexte », expliquera le dessinateur, rappelant aussi du même coup que pour être bien compris, un dessin de presse doit être pris dans son contexte.
Un des nombreux enseignements d’une journée qui a également vu des élèves de classes de Quatrième participer à cette journée avec le dessinateur de presse dans l’après-midi.
Thierry ALLARD
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