SAUMANE Le syndicat FO s'alarme d'une fermeture de Sésame autisme, une "contre-vérité" pour la direction et la CFDT
Mise sous administration provisoire en septembre 2020 à la suite d'une procédure d'alerte déclenchée par son commissaire aux comptes, l'association Sésame autisme Languedoc-Roussillon sort d'une année et demie compliquée, marquée par un rapport d'inspection de l'Agence régionale de santé (ARS) qui pointait l'opacité de gestion. Sur de nouveaux rails depuis le mois de décembre, désormais baptisée Sésame autisme Occitanie Est (*), l'association continue de susciter l'inquiétude du syndicat FO quand la direction évoque une "réorganisation".
Pour la section Force ouvrière, la fermeture des sites de la Pradelle serait ainsi "programmée". À Saumane, la Pradelle, c'est le nom bien connu d'une auberge ouverte au public, auberge qui fait partie d'un Esat, un établissement et service d'aide par le travail. En plus de l'auberge, l'Esat propose des activités de charcuterie, de pâtisserie, bois, arboriculture, maraîchage et élevage, en s'appuyant sur le travail de personnes atteintes de troubles du spectre autistique, produits qui sont ensuite vendus au marché de Saint-Jean-du-Gard ou encore à la boutique Terroir Cévennes de Thoiras.
"Réflexion autour d'une reconfiguration de l'offre"
Par communiqué, la section FO de Saumane (qui a obtenu 17 voix sur 50 bulletins lors de la dernière élection partielle de représentants) avance que la "fermeture de l'auberge sur le site de Saumane, fleuron de La Pradelle, a été annoncée de manière officielle par la direction aux équipes de l'Esat et surtout aux travailleurs handicapés".
"Personne n'a envisagé quelque fermeture que ce soit, répond la directrice du foyer d'accueil médicalisé de Saumane, Colette Helleboid. On réfléchit, dans le cadre du plan stratégique de refondation de Sésame autisme, à une réorganisation : on a des besoins qui évoluent et des réponses à apporter. Il faut avoir la sagesse d'entreprendre un plan de configuration mais la fermeture est une contre-vérité."
"Nous sommes dans une revisitation des orientations du travail accompagné à Saumane, nuance Michel Ferrant, éducateur, secrétaire du comité social et économique (CSE) et délégué syndical CFDT (syndicat majoritaire). Il n'y a rien de définitif. La fermeture hivernale a lieu tous les ans et des travaux indispensables sont à mener en matière d'équipement. L'Esat compte 35 travailleurs, pour certains depuis des années, et il faut réévaluer la fatigabilité de ceux aujourd'hui en poste, pour éventuellement une réorientation vers une autre prise en charge. L'idée dans l'air actuellement, c'est qu'environ dix personnes quitteraient le statut de travailleur handicapé, ce qui veut dire qu'il faudrait créer une structure d'accueil avec des activités de journée. Mais effectivement, je ne sais pas si l'auberge sera ouverte cet été. Et puis, la volonté nationale actuelle, c'est de transformer les Esat en entreprises adaptées, avec un devoir de rentabilité."
Colette Helleboid reprend : "Je suis dans l'incapacité de répondre pour l'ouverture cet été. La réflexion et la prospective ne sont pas achevées sur le sujet. Mais je ne nie pas une réflexion autour d'une reconfiguration de l'offre et de la transformation de l'établissement."
Le siège, qui a déjà quitté Saumane, irait vers Béziers
Seconde inquiétude pour FO, au coeur du rapport d'inspection de l'ARS de 2021, le déplacement du siège social à Narbonne, département où Sésame autisme n'intervient pas et dont le conseil départemental ne finance aucune activité. Mais qui avait l'avantage, aux yeux de dirigeants précédents, d'être entre Gard, Hérault et Pyrénées-Orientales, départements d'activité de l'association. Or, Saumane servait précédemment de siège, "dans la réalité, c'est une coquille vide" souligne FO, les services administratifs ayant effectivement déménagé. Depuis le 1er janvier, l'ARS régionale a finalement validé Narbonne comme siège... afin de permettre un nouveau déménagement. Une recherche de locaux aurait lieu du côté de Béziers, afin de ne pas trop déplacer les salariés une première fois mutés de Saumane à Narbonne. L'opération est "purement administrative" pour la directrice Colette Helleboid. "Dans les éventuels futurs projets de l'association, ce serait soit Béziers, soit Montpellier", détaille Michel Ferrant, qui garde une préférence pour l'ancienne capitale régionale. "On n'est pas accrochés bec et ongles à ce que le siège reste sur Saumane mais on n'a pas d'établissements à Béziers", note le délégué syndical, bien que près d'un tiers de l'activité de l'association se situe dans l'Hérault.
Au final, le syndicat FO craint la fermeture pure et simple du foyer d'accueil médicalisé (FAM) réparti entre Saumane et Saint-Jean-du-Gard, qui succèderait à une fusion avec le foyer d'accueil de Vauvert. Et dénonce un "plan social déguisé en cours". "Dans la restructuration mise en place, la direction est conjointe entre le FAM Camargue et Saumane, reconnaît Michel Ferrant. Mais il n'y a pas de projet de fermeture. Pour qu'il y ait un plan social, il faudrait qu'il y ait une réelle difficulté financière. Il n'y a pas non plus de projet de baisse du taux d'encadrement. Après, c'est vrai qu'il y a eu de l'absentéisme et que 10% des salariés sont partis du fait de l'obligation vaccinale."
"Comment soutenir l'idée d'une fermeture alors que je viens d'obtenir une subvention pour la création d'une ferme thérapeutique ? s'interroge Colette Helleboid. Sur la fusion des foyers, pour l'instant, plusieurs scénarios sont à travailler, chacun peut apporter sa solution", tempère la directrice, qui reconnaît qu'il "peut y avoir une transformation d'établissement, pas forcément une délocalisation".
"Un lieu de vie comme celui-ci n'a pas vocation à être rentable"
La semaine dernière, l'un des représentants du syndicat FO a informé le maire de Saint-Jean-du-Gard, Michel Ruas, la députée de la 5e circonscription, Catherine Daufès-Roux, et le conseiller départemental du Vigan, Martin Delord, de ses conclusions. "De ce que je sais, ils sont en réflexion pour des aménagements à faire au sein de l'auberge, avance la maire de Saumane, Laurette Angeli. Ils ont un énorme déficit et envisagent toute possibilité pour tourner sans déficit. C'est un lieu original, montré en exemple. Il y a peut-être un excès d'interprétation de la part de FO. Mais il me semble aussi qu'un lieu de vie comme celui-ci n'a pas vocation à être rentable. Niveau mairie, on apportera tout le soutien possible , comme on s'est engagés pour les terrains." Et la communauté de communes pourrait venir abonder sur "le financement de certains ateliers ou du matériel pour les ateliers". "Rien n'est bouclé encore, croit savoir Martin Delord. Ces craintes sont même plutôt en contradiction avec la dernière réunion que la maire a pu avoir. Mais il y a de l'inquiétude, nuance le conseiller départemental, moi aussi je suis inquiet. Nous n'avons pas de nouvelles claires et définitives mais j'ai l'impression que l'association a du mal."
Fin mars, les salariés de Saumane et Saint-Jean-du-Gard sont conviés à une réunion afin "d'adapter les plannings des personnels au plus près des besoins d'accompagnement de jour et de nuit des résidents, en adéquation avec les obligations réglementaires en phase avec les missions du FAM". "Où est passé l'argent public, s'interroge Force ouvrière, (ARS et Département du Gard, NDLR), qui étaient dédiés par exemple au travail de nuit ou au projet de soin, puisque inexistant...." Le syndicat réclame désormais une table ronde "avec tous les acteurs pour trouver une solution pérenne pour le maintien des établissements en Cévennes". Pour la CFDT, Michel Ferrant attend "les comptes administratifs qui seront dévoilés au CSE fin avril" pour y voir plus clair. Le plan stratégique de l'association est attendu pour le mois de juin. Il devrait éclairer l'avenir de l'association et, peut-être, calmer les débats en interne, alors même que se jouera aux Prud'hommes, en juin, le sort des six salariés qui ont porté plainte contre la direction précédente pour divers défauts sur les fiches de paie.
François Desmeures
francois.desmeures@objectifgard.com
(*) Sésame autisme, ce sont 350 salariés et 400 personnes accueillies dans 21 établissements régionaux entre le Gard (son berceau), l'Hérault et les Pyrénées-Orientales.
Également contactée, la présidente de Sésame autisme, Ampari Monginoux, n'a pas donné suite à notre demande d'entretien.
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