Publié il y a 2 ans - Mise à jour le 07.03.2022 - pierre-havez - 3 min  - vu 4785 fois

TRIBUNAL « Elle m’a donné un coup dans les testicules et a voulu m’arracher le sexe »

Le tribunal correctionnel de Nîmes. Photo Tony Duret / Objectif Gard

Alors qu’il avait admis en garde à vue avoir giflé sa compagne au cours d’une dispute alcoolisée, le 21 septembre dernier à Saint-Alexandre, Yannick, pull gris clair à grosses mailles, jure à la barre du tribunal correctionnel de Nîmes, ce lundi 7 mars, que c’était de la légitime défense.

« Quand elle boit trop, elle devient agressive. Ce soir-là, je suis monté me coucher, je me suis déshabillé, car, désolé de le dire, mais je dors nu, explique le quinquagénaire, d’une voix hésitante. Et là, d’un coup, elle m’a donné un coup dans les testicules et a voulu m’arracher le sexe, alors je l’ai giflé pour m’en sortir ! »

La présidente lui demande de répéter, un peu interloquée. « Vous l’avez giflée oui ou non ? », tente de résumer Béatrice Almendros. Le prévenu reprend sans flancher. « Oui mais pour me défendre. Vous savez, quand quelqu’un essaie de vous arracher les parties… » La juge ne relève pas et l’interroge sur ses nombreuses armes qui effraient beaucoup la victime, Corinne. « Je suis juste un collectionneur. J’ai quelques sabres qui ne coupent pas, dont un de la marine, qui me vient de mon grand-père ou des couteaux-suisses », élude l’ingénieur en sécurité informatique.

« Quand je l’ai rencontré, il était charmant »

Cheveux blond clair, lunettes dorées à fines montures et aux verres teintés, Corinne semble avoir hâte de donner sa version. « Ça ne s’est pas du tout passé comme cela. Ce soir-là, j’étais sur le canapé en train de regarder un texto, quand il m’a arraché mon téléphone. Je suis monté dans sa chambre pour le récupérer mais il a commencé à me tenir très fort en me disant qu’il allait me tuer. Alors, oui, je lui ai serré les testicules pour me libérer, corrige-t-elle. Quand je l’ai rencontré, il était charmant, mais au fur et à mesure, j’ai appris qu’il avait des dettes. Puis il est venu vivre chez moi pour pouvoir les rembourser, il m’a écarté de tous mes amis, et a voulu qu’on se marie. Puis quand j’ai fini par vouloir porter plainte, il m’a jetée dans les escaliers. Il a dégonflé les pneus de ma voiture : il m’a tout fait ! »

La présidente est obligée d’interrompre cette longue litanie et se tourne vers le quinquagénaire, qui secoue la tête en signe de dénégation. Agacée, elle l’interroge sur ses différentes condamnations pour conduite en état d’ivresse. « L’une d’elle, c’était à la feria, et j’avais dû prendre le volant car je m’étais fait agresser… », commence l’homme. Mais la juge l'interrompt. « Oui, sauf que vous en avez cinq ! Alors vous jouez peut-être de malchance à chaque fois, mais en général on sait que pour chaque condamnation, il y a de nombreuses autres infractions non constatées. »

« C’est elle la manipulatrice »

L’avocat de Corinne tente de remettre les choses à leur place. « Il inverse les rôles mais pour invoquer la légitime défense, il faudrait qu’il ait porté plainte contre elle ou qu’il produise un certificat médical de ses blessures ! Il l’a terrorisée pendant huit années, maintenant ça suffit ! », tonne Michel Monroux. Pointant les mêmes incohérences, la procureure Sophie Catasso demande 4 mois de prison avec sursis contre le compagnon violent.

Pour adoucir ces réquisitions, l’avocate de Yannick s’emploie à redorer le blason de son client. « Son ex-femme déclare n’avoir jamais subi de violences de sa part et son fils indique ce que c’est elle la manipulatrice. Il s’est juste défendu, en riposte, car elle luit tenait fermement les parties intimes ! C’était une défense proportionnée à la souffrance qu’il a ressentie… », prétend Victoria Morgante. Le jugement est attendu dans la soirée.

Pierre Havez

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