Publié il y a 1 an - Mise à jour le 23.10.2022 - marie-meunier - 4 min  - vu 849 fois

UZÈS Attelage, monte en amazone... au haras, les traditions équestres perdurent et s'exposent

La 2e édition des Automnales du Haras national d'Uzès s'est tenue ce week-end, avec au programme, le concours international d'attelage de tradition. (Marie Meunier / Objectif Gard)

La 2e édition des Automnales du Haras national d'Uzès s'est tenue ce week-end, avec au programme, le concours international d'attelage de tradition. (Marie Meunier / Objectif Gard)

Ce week-end, le Haras national d'Uzès a célébré la 2e édition des Automnales. Cet événement met à l'honneur l'équitation de tradition et ses différentes communautés de pratiquants. Il englobe trois animations : le concours international d'attelage de tradition, la 7e rencontre des Amazones de France et la journée nationale des ânes de Provence. 

"N°16, plus que deux minutes !" La voix du speaker se fait entendre dans le micro ce dimanche matin au haras d'Uzès, où se déroule le concours international d'attelage de tradition. Devant les trois juges de l'Association française d'attelage, se présentent les quatorze équipages engagés, avant de prendre le départ pour le routier. Chaque meneur et ses chevaux devra effectuer un parcours de 11,9km dans la campagne uzétienne et franchir plusieurs obstacles dans un temps imparti.

Avant le départ pour le parcours de 11,9km, les juges regardent tous les équipages. Ils ont plusieurs critères évaluant l'impression d'ensemble, les équidés, le harnais, la voiture hippomobile, le meneur ainsi que ses coéquipiers et ses passagers. (Marie Meunier / Objectif Gard)

Mais avant de démarrer, les juges scrutent les équidés, leur harnais et la voiture hippomobile qu'ils tractent. "Les compas de la capote, ils ne sont pas à l'envers ?", s'étonne l'un d'eux, annotant ce détail sur sa fiche de barèmes. La particularité du concours réside dans le fait que toutes les voitures hippomobiles présentées sont du XIXe siècle et servaient de moyen de transport avant l'apparition des automobiles. Au fil des ans, elles ont été restaurées par certains propriétaires, soucieux de faire perdurer cette tradition équestre. Et il est encore plus appréciable quand c'est fait dans les règles de l'art.

C'est pourquoi les juges sont attentifs à ce que l'époque du harnais corresponde à celle de la voiture hippomobile, à la cohésion globale de l'attelage, la gestuelle du meneur qui doit respecter celle d'autrefois ou encore à l'attitude du ou des chevaux attelés. Sans oublier de vérifier que le bien-être des animaux est bien respecté et que le matériel ne les blesse pas. "On regarde vraiment tout. Mais on a la chance d'avoir un plateau de voitures et d'équipages vraiment bien. On est obligé d'aller chercher des détails pour les départager. Et tant mieux", tonne Alain, un des juges.

Charron, un métier presque disparu

Les équipages se sont ensuite mesurés sur le parcours de maniabilité en carrière. "C'est vraiment un plaisir de sortir une belle voiture tirée par un bel équipage. Je suis passionné de chevaux depuis que j'ai dix ans et plus particulièrement de traction animale", raconte Fantin Buisson, qui a mené l'équipage n°20 avec deux Cobs normands tirant une chaise béarnaise, voiture datant du début du XIXe siècle.

Ce concours s'inscrit parfaitement dans les missions de l’IFCE (Institut français du cheval et de l'équitation), né en janvier 2010 de la fusion des Haras nationaux et du Cadre noir de Saumur. Notamment celle de valoriser le patrimoine équestre matériel et immatériel. De nombreuses actions de restauration et d'entretien des voitures hippomobiles sont menées pour continuer à les utiliser à des occasions particulières. Mais les personnes capables de réparer ces moyens de transport d'hier selon les méthodes d'autrefois ne se trouvent pas sous le sabot d'un cheval.

Éric Barrier est un des trois derniers charrons de France. (Marie Meunier / Objectif Gard)

Ce dimanche, le public a pu assister à une démonstration de cerclage (on peut aussi dire chatrage) de roues de voitures hippomobiles. C'est Éric Barrier qui l'a animée. Il est l'un des trois derniers charrons de France, installé dans les Pyrénées-Orientales et travaillant de temps en temps pour les Haras. Beaucoup de familles de châtelains souhaitant entretenir l'image de leur maison font aussi appel à ses services. Selon l'état global de la voiture, la restauration peut prendre une dizaine de jours à 3-4 mois s'il faut refaire de A à Z.

"L'intérêt maintenant, c'est de transmettre ce savoir-faire avant qu'il tombe dans l'oubli"

Pour construire les roues, il utilise principalement du frêne, qui est un bois suffisamment élastique pour amortir les chocs. Les citoyens les plus nobles pouvaient y ajouter quelques touches de pin. Pour résister au poids et à la pression de la traction, les roues doivent être entourées d'un cerclage en métal. Éric Barrier chauffe la pièce de même diamètre dans le feu, puis la repositionne autour du bois. Le métal doit vraiment se dilater, se rétracter de quelques centimètres pour épouser et tenir parfaitement la roue. Pour cela, le charron arrose et donne des coups de marteau. Cette opération se réalise généralement l'été, quand le bois est sec, car s'il est gonflé par l'humidité, le cerclage peut vite se trouver inadapté. "L'intérêt maintenant, c'est de transmettre ce savoir-faire avant qu'il tombe dans l'oubli", atteste Carline, qui assiste le charron.

Le cercle en métal est sorti du feu pour être inséré autour de la roue en bois. Il est ensuite ajusté pour tenir parfaitement la roue sans la compresser ce qui pourrait provoquer une cassure. (Marie Meunier / Objectif Gard)

Transmettre, faire connaître les traditions et le patrimoine équestre... C'est également l'objectif de l'Association des Amazones de France qui organisait en parallèle sa 7e rencontre ce dimanche à Uzès. La spécificité de cette monte est que la cavalière place ses deux jambes du même côté du cheval. Une poignée d'entre elles ont participé à une épreuve de maniabilité de type équitation de travail (ouvrir une porte sans mettre pied à terre, effectuer un slalom, enjamber des barres au sol sans les toucher, reculer dans un couloir étroit etc.). "Il faut avoir un cheval fiable et fin dans les aides et surtout trouver une selle qui aille au cheval et à la cavalière", indique Christine Hugon, vice-présidente de l'Association des Amazones de France. Malgré son ouverture à tous les niveaux et toutes les races de chevaux, l'équitation amazone reste confidentielle en France. Cette journée est aussi l'occasion de la promouvoir et qui sait, de convaincre de futures pratiquantes ?

L'Association des Amazones de France a organisé son 7e trophée. (Marie Meunier / Objectif Gard)

Marie Meunier

D'autres images de la journée...

Le charron regarde si le cerclage est bien ajusté sur la roue. (Marie Meunier / Objectif Gard)

La pièce de métal chauffée est positionnée autour de la roue. (Marie Meunier / Objectif Gard)

On voit la différence avec la roue de droite, abîmée par les effets du temps et des insectes xylophages. (Marie Meunier / Objectif Gard)

La monte en amazone peut être orientée vers la tradition de française ou vers l'équitation de travail. (Marie Meunier / Objectif Gard)

Les cavalières ont les deux jambes du même côté du cheval, fixées grâce à une selle spéciale. (Marie Meunier / Objectif Gard)

L'équitation en amazone est ouverte à tous et à différentes races de chevaux. (Marie Meunier / Objectif Gard)

Marie Meunier

Actualités

Voir Plus

A la une

Voir Plus

En direct

Voir Plus

Studio