L’occasion d’évoquer le célèbre patrimoine bâti de la cité ducale, mais aussi et surtout de mettre en lumière « les initiatives locales » et « les personnes qui font le territoire », explique l’animatrice. Interview.
Objectif Gard : Vous êtes à Uzès pour la nouvelle émission Flavie en France, sur France 3, une émission itinérante qui part à la découverte d'un territoire à chaque semaine. Donc le but c'est de mettre à l'honneur les territoires ? C'est un peu l’ADN de France 3.
Flavie Flament : Alors oui, c'est l’ADN de France 3, mais ce n'est pas seulement ça. En fait c’est mettre en lumière les territoires et les gens qui les font, pour moi et pour toute l'équipe de l’émission c'est surtout ça. Il y a le patrimoine bâti, les paysages, et je suis là surtout pour parler des gens, parce que c'est ce qui m'intéresse. Aller à la rencontre de ceux qui font les régions, qui les font rayonner, qui leur donnent du dynamisme. Je me rends compte à quel point c'est quelque chose qui pouvait me manquer, je me sens chez moi quand je voyage et quand je me balade partout en France. Je suis née dans le Cotentin, je ne suis pas du tout parisienne, j'ai l'impression de renouer avec mes racines en me promenant comme ça et en allant à la rencontre de gens, on a des accueils formidables, des gens qui sont hyper heureux qu'on vienne de les voir et qu'on s'intéresse non seulement à eux, mais aussi aux régions.
Avec un angle positif, c'est une émission qui se veut positive.
Pas simplement qui se veut positive, elle l’est par nature parce que c'est l'émission du lien. En tout cas, c'est comme ça que j'ai voulu la monter avec toute l’équipe. On est dans un monde où il n’y a plus de lien, où les gens paraît-il se parlent de moins en moins, sont potes sur les réseaux sociaux mais pas dans la vie, vivent dans un monde filtré. On est dans un monde qui divise de plus en plus. La France qu'on donne à voir, c’est une France qui est résolument positive, optimiste, qui essaye de faire bouger les choses, qui crée des initiatives locales pour justement favoriser le lien, et cette France-là, on ne lui donne pas assez la parole aujourd’hui. Pour nous c'est hyper important, et pour moi c'est même essentiel. Je me régénère en faisant cette émission.
Vous voulez montrer autre chose que ce qu'on peut voir notamment sur les chaînes d’info ?
On montre la réalité aussi d’une France qu'on a tendance à ne pas aller voir parce qu’il faut systématiquement raconter ce qui va mal. Or, on n’est pas là pour ignorer les choses, mais pas non plus pour rentrer dans la pensée unique qui voudrait que tout va forcément mal. Je suis convaincue qu’on est tous dans le même bateau, et que c'est en étant aussi solidaires et en étant en lien qu'on peut faire résistance à ce pessimisme qui semble être majoritaire, mais dans ce que je vois, je ne suis pas persuadée que ce soit tant le cas que ça.
Sur Uzès, qu’allez-vous mettre en avant ? Est-ce qu'on peut avoir un petit avant-goût de ces quatre émissions ?
Il y aura un peu de tout ce que vous connaissez vous, et que l'on connaît moins nous, ou que les gens qui vivent peut-être à 500 km de chez vous connaissent moins. Il y a trois jours, nous étions en Bretagne, à Fougères, ensuite nous sommes rentrés à Paris une journée, et hop, on descend à Uzès. Après on va remonter, on va à Sélestat dans le nord-est, on va parfois à des points complètement opposés. Et donc forcément par définition ces gens-là ne se connaissent pas. Donc par exemple, les gens de Fougères ne connaissent pas Uzès, donc notre idée c'est de montrer ce qui vous est familier, ce qui l'est moins pour tous les autres, c'est-à-dire le patrimoine bâti, cette pierre, ces architectures, ces gargouilles, parler de la région, mettre en valeur la beauté incontestable de cette région. Et en même temps on va parler de ce qui m'anime, c'est-à-dire le kiff ! Du plaisir de la bouche, de l'huile d'olive, du Musée du bonbon, du trident, ce fromage typiquement uzétien. En même temps, nous allons mettre en avant aussi des initiatives locales comme ces deux amies parisiennes qui sont venues vivre dans la région il y a quelques années, elles ont créé une association qui s'appelle qui permet aux gens d'être en lien, de faire des sorties culturelles ensemble.
Il y a aussi dans cette émission le retour d'un jeu emblématique, patrimonial, le Schmilblic. Remis au goût du jour, quand même ?
Oui et non, il y a des petites variantes. Là on fait deviner sur le son aussi. Mais au-delà du jeu, que les gens connaissent principalement par le sketch de Coluche, c’est quand même le seul jeu télé qui va à la rencontre des Français. On ne demande pas aux gens de venir à Paris pour passer un casting. On s'installe sur les marchés de France, et viennent participer des gens qui ne sont absolument pas castés, qui viennent comme ils sont pour gagner 80, 100, 150 euros qui vont leur permettre, dans une période où le pouvoir d'achat n’est pas au top, de pouvoir se faire un panier de courses et de passer un bon moment avec nous. En fait c'est un jeu humble, comme un jeu de société auquel on joue entre potes, où il y a quelque chose de tellement authentique. Mais au-delà du jeu, c’est aussi un miroir social. C'est comme un trombinoscope de ce qu'est la France : je peux avoir deux gamines dernièrement qui veulent passer très très vite parce qu'elles vont se faire engueuler par leur prof d'histoire géo, puis un petit papy qui va venir alors qu’il faisait son marché. C'est peut-être le moment où l'on partage le plus dans cette émission parce que le jeu est presque un prétexte pour faire connaissance, et c'est un moment d'une grande humanité. Je repars de chaque ville avec des visages, des sourires, des photos sur mon téléphone de gens qui m'ont beaucoup touchée.
Cette émission est assez différente de ce que vous avez pu faire avant, et on a le sentiment que vous y prenez beaucoup de plaisir.
C'est nouveau pour moi à la télé, mais en fait je fais là une télévision qui me ressemble plus que jamais. J’ai toujours été plus proche des gens qui regardent la télé que de ceux qui la font. Vraiment je n'ai pas grand-chose à voir avec le milieu dans lequel j'évolue. Ça ne m'intéresse pas des masses. Je n’ai rien de parisien, je ne sors jamais, je suis heureuse en province, je suis heureuse dans la nature. En revanche, les gens auxquels je me suis toujours adressée dans mes émissions m'ont touchée et j'ai toujours un grand plaisir à leur parler. Le seul moment où je me suis sentie très proche de ce que je pouvais avoir envie de faire, c'est à la radio. Pour moi il y a une cohérence totale et absolue entre mon émission sur RTL, et ce que je fais aujourd'hui. Et aujourd'hui je m'éclate parce que je vis mes émissions, et c'est génial.
L’enregistrement durera toute la matinée, place aux Herbes. Les émissions seront diffusées lors de la première semaine de janvier, à 11h20, sur France 3.