Museau reniflant le sable, queue qui s'agite. Et enfin, le chien de 11 ans à la robe chocolat s'arrête, creuse et déniche une truffe. Sa propriétaire, Margot Tournayre des Truffières d'Uzès, la brandit devant le public enthousiaste qui applaudit. Ce dimanche matin, a eu lieu la fameuse journée festive et populaire autour du diamant noir. Les spectateurs ont pu assister à plusieurs démonstrations de cavage avec des chiens mais aussi avec Pépette, le cochon de Guy. Ces omnivores arrivent à sentir la présence du champignon et se fatiguent moins vite que les chiens. 

Un peu plus loin, sur la place aux Herbes, le marché aux truffes bat son plein. Les tuber mélanosporum se vendent entre 1 000 et 1 100€/kg. Avant de rejoindre les étals, les truffes ont été scrupuleusement contrôlées. Ce qui ressort, c'est que la qualité est bonne : "Au total, on avait 105kg de truffes présentés ce matin, on en a éliminé que 5kg", assure Louis Teulle, président du syndicat des trufficulteurs du Gard. Seuls quelques champignons ont été écartés car ils ont été piqués par les liodes (petits coléoptères), abîmés par les chiens ou étaient boisés (c'est-à-dire qu'ils ont subi un accident pendant leur maturité et sont devenus secs). 

"Ils nous considèrent comme le plus beau marché aux truffes de l'arc méditerranéen"

Les inspecteurs de DGCCRF (Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes) ont aussi fait un tour ce matin pour contrôler les truffes et le matériel des étaliers. "Ils n'ont rien trouvé à redire, atteste Louis Teulle. Ils nous considèrent comme le plus beau marché aux truffes de l'arc méditerranéen. C'est la preuve que l'on fait bien notre boulot pour que le consommateur ne soit pas lésé et reparte avec une truffe de qualité." 

La qualité est donc au rendez-vous. La quantité moins. Les trufficulteurs traversent une saison compliquée, comme nous l'explique Gabriel Stengel, producteur à Montaren-et-Saint-Médiers : "La canicule de cet été a fait du mal. Là où on a arrosé et paillé, on est arrivé à sortir quelques truffes. En paillant, on limite l'exposition directe au soleil et on limite la hausse de température dans les sols. Là où on n'a pas arrosé, c'est zéro." Parole d'un trufficulteur qui participe au marché aux truffes d'Uzès depuis sa création (par son père et son oncle, ndlr). 

Même son de cloche chez Serge Agullo, producteur uzétien. Les plants qu'il n'a pas arrosé n'ont rien donné cette année. "Et ceux où on a arrosé ont produit moitié moins par rapport à l'année dernière. D'habitude, on arrose tous les 15 jours, vu les températures très hautes cet été, il aurait presque fallu arroser toutes les semaines", raisonne-t-il. Entre les trufficulteurs et les autres artisans de bouche, 35 stands étaient installés sur la place aux Herbes. Garantis sans arômes mais qu'avec de la truffe véritable. 

2 000€ de truffes vendues pour la bonne cause à la vente aux enchères

Les organisateurs, le syndicat des trufficulteurs du Gard et le comité de promotion agricole, sont heureux d'avoir pu compter sur le public pour ce retour du week-end de la truffe, dans sa forme complète. Et vice-versa, les habitués étaient heureux de renouer avec leurs habitudes, à l'image de Gabriel, Marie-Thérèse et leurs amis venus du sud du département et de l'Hérault : "Pendant deux ans, on n'a pas pu venir à cause du covid. Ça a été un crève-coeur. On est très attaché à cette tradition. Venir quand il fait froid, se réchauffer avec un bon vin blanc et de la truffe fraîche, ça suffit à nous rendre heureux."

Vendredi et samedi, la soirée vigneronne et le repas gastronomique truffé ont aussi fait salle comble. La place aux Herbes était noire de monde lors de la soirée bodéga de samedi. Ce dimanche midi, les visiteurs ont encore répondu présents lors de la vente aux enchères des truffes bénites. Sept lots de truffes et un arbre truffier sont partis pour 2 000€, qui seront entièrement reversés à l'association uzétienne "Les petites Mains".