Publié il y a 3 ans - Mise à jour le 24.11.2021 - marie-meunier - 4 min  - vu 2801 fois

VERFEUIL Des riverains importunés par les bruits de moteur de l'espace Hannibal

L'espace Hannibal est un parc multi-loisirs qui propose des randonnées en quad, VTT, buggy, 4X4 ou encore du paint-ball. (DR)

Un collectif de riverains s'est formé contre l'espace Hannibal et les nuisances qu'il engendre. Une pétition a récolté presque une centaine de signatures. (Marie Meunier / Objectif Gard)

L'Espace Hannibal s'étend sur 90 hectares de bois, aux confins de Verfeuil, Goudargues et Saint-André-d'Olérargues. En 2013, un parc de loisirs motorisés a été créé sur cet ancien terrain de chasse privé. Ce changement n'est pas du goût des riverains qui ont à coeur de retrouver leur tranquillité et de préserver cet espace naturel. 

En 2013, le parc a été lancé par Jean-Claude Bondurand, aussi connu pour avoir créé le circuit de Lédenon. En 2017, il laisse le soin à Jérôme Louart, moniteur de pilotage tout terrain, de développer l'activité et convient avec lui d'un bail commercial. Sur place, ce dernier propose des randonnées en quad, en buggy, en VTT, en 4X4, en moto... et même du paint-ball. Les clients sont de plus en plus nombreux à profiter des paysages de la vallée de la Cèze et à explorer la quarantaine de kilomètres de pistes déjà existantes au sein du parc Hannibal.

Un essor sans heurt jusqu'en 2020, l'année où tout bascule. Jérôme Louart organise plusieurs rassemblement de motos à la journée. Au plus fort, on pouvait compter jusqu'à 120 bolides sur place. Pour les riverains, c'est la goutte d'eau. "La première année, ça allait. Mais en 2020, lorsqu'il a fait ces grands rassemblements, c'était insupportable. Même avec les fenêtres fermées, on entendait. Imaginez 100 motos qui tournent en même temps...", rapporte Valérie Boullé, qui possède une maison à Goudargues, à quelques centaines de mètres à peine de l'espace Hannibal.

Plus aucune moto depuis les plaintes

Le 19 décembre 2020, une réunion est organisée avec des riverains, l'exploitant et des représentants de la mairie de Verfeuil pour tenter d'apaiser la situation. Conscient du niveau sonore très élevé qu'ont pu engendrer les rassemblements motos, Jérôme Louart prend l'engagement devant les habitants de ne plus en organiser. "Je le comprends. Ce n'est que du loisir. Je n'ai d'ailleurs aucune affiliation à la fédération, ni d'agrément pour les compétitions", a-t-il affirmé. Il assure également ne recevoir que des petits groupes de 5 à 6 quads maximum.

Pas rassurés pour autant, Valérie Boullé et plusieurs riverains lancent une pétition pour demander l'arrêt des nuisances sonores. La lettre a été signée à ce jour par presque 100 personnes. En plus de vouloir retrouver leur tranquillité et ne pas risquer de voir la valeur de leur maison baisser, les riverains défendent d'autres arguments, notamment la cause écologique. Il faut savoir que 4% de la parcelle est qualifiée en zone Natura 2000 : "On est en pleine zone naturelle. On est en train de "défoncer" une zone verte. Il y a aussi le risque incendie", tonne Éric qui habite depuis quelques années dans le secteur.

Le projet est loin de faire l'unanimité, et un autre problème vient mettre de l'eau au moulin des réfractaires. Jérôme Louart explique : "En creusant avec la mairie de Verfeuil, on s'est aperçu que le parc n'avait pas de déclaration officielle au niveau de l'urbanisme. Le propriétaire l'exploitait en association loi 1901 et moi, quand je l'ai repris, je ne me suis pas inquiété de la forme."

"On a pu revoir le bail qui comportait des lacunes"

Dès qu'il découvre cet impair, l'exploitant s'empresse de formuler une demande de permis d'aménager, qui sera instruite par l'Agglomération du Gard rhodanien. Voulant faire vite, il rend un dossier incomplet. Fin juillet 2021, Chantal Pesenti, la maire de Verfeuil, est obligée de refuser le permis d'aménager. Jérôme Louart est en train de redéposer une deuxième demande en bonne et due forme. Une étude d'impact avait également été réalisée en 2012. "Tout est en cours, je ne vois pas de raison à ce que l'on me le refuse. Et si jamais c'était le cas, la mairie serait obligée de procéder à une fermeture administrative. Je ne me battrai pas", assure-t-il.

Les riverains ne comprennent pas comment l'espace Hannibal peut rester ouvert malgré ce défaut d'urbanisme et s'inquiètent par ailleurs des responsabilités en cas d'accident. Là-dessus, la maire n'en démord pas : "Il a besoin de se mettre en règles seulement au niveau de l'urbanisme. Il n'y a pas d'illégalité. En préfecture, tout le monde est au courant de la situation." Diplômé d'État, Jérôme Louart peut exercer son métier : "J'ai quand même demandé conseil auprès d'une association de loisirs verts Codever, qui a l'habitude de voir ce genre de projets. Il m'ont dit qu'il n'y avait aucune raison que je ferme au vu de l'antériorité remontant à 2013."

Toutefois, si de nouvelles plaintes remontent aux oreilles de la maire, celle-ci devra effectuer des mesures sonores, comme le lui a indiqué le sous-préfet. Quant à Jérôme Louart, il se dit prêt à délaisser une partie de son terrain pour impacter le moins possible les riverains et préserver la zone en Natura 2000. Il faut quand même reconnaître que cette offre de loisirs n'a pas d'équivalent à proximité et constitue un sacré atout pour attirer des visiteurs sur la commune. "Je trouve dommage que cela prenne autant d'ampleur alors que M. Louart fait des efforts pour se mettre dans les clous. Mais grâce à ce collectif, on a pu revoir le bail qui comportait des lacunes. Seulement, on ne nous laisse pas le temps, on nous accuse de ne rien faire", regrette Chantal Pesenti qui réaffirme sa neutralité dans cette affaire. Une affaire qui, à son échelle, aura fait peut-être autant de bruit qu'Hannibal et ses éléphants lors de leur passage par les Alpes quelques siècles plus tôt...

Marie Meunier

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