ASSISES « Je voulais tuer mes parents, mais je ne pensais pas qu’ils pouvaient mourir », explique la fille des victimes
Ils étaient fous d'amour, ils se déchirent aujourd'hui. Pire, ils se rejettent la responsabilité des actes criminels en France pour la tentative d'assassinat d'un couple, mais aussi au Portugal où ils ont "exécuté" des touristes hollandais.
« Si vous estimez qu’elle doit retourner en prison, sachez que sa mère retrouvera l’enfer... » Ces propos sont prononcés par la maman de Delphine Moulin qui témoigne à la barre de la cour d’assises du Gard pour essayer de sauver sa fille d’une condamnation synonyme d’incarcération. Cette dernière, 46 ans aujourd’hui, a essayé de tuer sa maman et son papa il y a 22 ans à Pont Saint Esprit. Des tentatives d’assassinats qu’elle reconnaît, tout comme son compagnon de l’époque Vincent Blachère... Elle était accompagnée dans cette sordide tragédie criminelle par son « professeur de musique et compositeur » comme il se présente. Le duo a vécu un périple sanglant car, après cette tentative de meurtre dans le Gard, ils ont fui au Portugal où quelques jours après ils ont « abattu », ou plutôt « exécuté » pour reprendre les paroles du président de la cour d’assises, un couple de touristes hollandais.
Une bombe sous le lit
C’est un surprenant procès qui s'est ouvert lundi devant la cour d’assises du Gard. D’abord il y a les faits : une bombe incendiaire qui aurait pu faire exploser la maison et tuer les époux Moulin, si le maître des lieux ne l’avait pas retrouvée sous le lit avant de s’endormir. Vincent Blachère affirme qu’il n’a pas branché le système à une prise. Mais le père de famille, qui a découvert l’explosif, indique le contraire : il a bien débranché la mise à feu. « Peut-être que Delphine a branché », poursuit l’accusé.
Une tentative d’assassinat et deux morts en cavale
« Deux faits criminels d’une grande violence. Qu’est ce qui a pu se passer ? », interroge le président de la cour d’assises du Gard qui demande des explications à une psychologue qui a « rencontré » l’accusée Delphine Moulin.
« Il y avait deux forces très vives qui s’opposaient en elle à l’époque. Monsieur Blachère représentait tout pour elle et il y avait une opposition, un conflit avec ses parents. Il fallait mettre un terme au conflit », indique une psychologue. « Mettre un terme à la vie de ses parents, pour mettre fin au conflit », poursuit-elle. « Un an avant les faits et deux ans après les faits, j’ai peu de souvenir, j’ai des flashs. Cette période est extrêmement nébuleuse. Je ne sais pas comment nous en sommes venus à prendre cette décision de tuer mes parents. Je n’en sais rien, je ne peux pas répondre, répond Delphine Moulin. C’est aberrant, je voulais tuer mes parents, mais je ne pensais pas qu’ils pouvaient mourir ».
Une expertise psychiatrique accablante
Vincent Blachère et Delphine Moulin ont un peu la même stratégie de défense. Ils se rejettent l’un et l’autre la responsabilité. Tout ce qu’il a fait s’inscrit dans l’amour qu’il portait à son élève, devenue compagne. elle aussi.
« J’ai suivi ce qu’elle m’a demandé », insiste Vincent Blachère. C'est le docteur Layet, le psychiatre, qui va accabler l'accusé aujourd'hui en fauteuil roulant. Pendant 57 minutes d'un long monologue, Vincent Blachère raconte sa vie et aborde les dérives criminelles. "La victime c'est lui et la responsablilité c'est les autres dans son discours. Pour lui, la justice au Portgual a fait une erreur, son avocat était contre lui comme Delphine ou son beau-père", résume le médecin psychiatre. "Il est victime d'un complot (...) On est dans une connivence, une manipulation, une machination par exemple de son ex-beau-père qui a voulu l'empoisonner plusieurs fois en prison", poursuit l'expert. Sauf que les éléments abordés par le mis en cause ne sont étayés sur rien. L'expert psychiatre évoque même "un pronostic sombre pour l'avenir" !
Un procès avec le pardon en toile de fond
Mais ce procès particulier se traduit aussi par le grand pardon des victimes françaises, le couple Moulin de Pont-Saint-Esprit qui s'est lancé dans une quête désespérée pour sauver Delphine. C’est d’abord le frère de cette dernière qui s’avance à la barre : « Si vous condamnez les accusés, vous condamnerez les victimes », glisse celui qui est devenu professeur. « Pour moi, monsieur Vincent Blachère avait un besoin d’argent immédiat (...) Il y a 22 ans, Vincent était plutôt drôle et sympathique, mais menteur », ajoute-t-il. La maman qestionnée nuance concernant la participation de sa fille : "C'est un acte monstrueux, c'est une tentative de double paricide. J'ai conscience de la gravité des faits, c'est une monstruosité". "Vous devez la juger mais je suis son père. Je me dis que si elle devait retourner en prison, tout ce qu'elle a construit depuis deux ans et demi serait par terre", poursuit le père de Delphine Moulin à l'adresse des jurés. Les deux accusés ont déjà écopé de 25 ans de réclusion au Portugal pour l'exécution du couple hollandais.
Un grand pardon réclamé par les victimes, mais la loi française, elle, peut sanctionner les anciens amants diaboliques jusqu'à la réclusion criminelle à perpétuité. La cour d'assises du Gard rendra son verdict mercredi.
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