À plusieurs reprises pendant l’audience, Benjamin aurait pu s’apitoyer sur son sort, se trouver des excuses ou mentir sans que ça se voie. Quand le président Vincent Edel lui demande, par exemple, si c’est suite à son accident de travail qu’il a commencé le cannabis, il répond du tact au tac : « Non, c’était bien avant. Vers 13 ans quand j’étais en foyer. »
Jugé en comparution immédiate jeudi dernier devant le tribunal correctionnel d’Alès, Benjamin devait s’expliquer sur un trafic de drogue qui a duré une grosse année entre juin 2024 et septembre 2025. Pendant cette période, il a fourni du cannabis à une dizaine de clients, un business qui lui rapportait entre 200 et 300 euros les meilleures semaines. « J’ai commencé par dépanner des copains et j’ai été pris dans l’engrenage… Et puis, avec ma compagne, on a eu quatre décès dans la famille. C’était dur. On a fait comme on a pu, mais j’ai vraiment envie de m’en sortir », lance-t-il, convaincant.
« On est pas dans la réinsertion, mais dans la désintégration »
Les enquêteurs ont établi que le jeune homme ne s’était pas enrichi : l’argent servait à payer le loyer et les factures. « Vous imaginez si tout le monde faisait comme vous », sermonne le juge. « J’ai pas fait les bons choix », répond l’accusé. Pour le coup, le procureur Quentin Larroque est du même avis : « Grosso modo, il se fait un Smic sur le dos de la solidarité nationale », calcule-t-il avant de requérir deux ans de prison dont un avec sursis, le maintien en détention pour la partie ferme de la peine - soit un an -, ainsi qu’une amende de 5 000 euros.
Un réquisitoire lourd qui fait bondir maître Karim Derbal : « C’est un accident de la vie qui a amené mon client à faire du trafic. Il ne s’est pas enrichi, il payait ses factures. Sa seule folie était d’aller au Mac Do ! Je suis effrayé par la sévérité des réquisitions. On n’est pas dans la réinsertion mais dans la désintégration. » Le tribunal est moins sévère et condamne Benjamin à 18 mois de prison avec un sursis probatoire de 2 ans. « On ne met pas de peine d’argent car votre situation est très précaire et il n’y a pas eu d’enrichissement personnel », conclut le juge. Benjamin est libre et soulagé. Mais il n’aura probablement plus de joker.