Publié il y a 17 jours - Mise à jour le 27.11.2024 - Boris De la Cruz - 3 min  - vu 4700 fois

GARD Agressions sexuelles sur deux patientes : le médecin condamné est interdit d'exercer

Il ne pourra pas retrouver son cabinet médical demain. Le tribunal correctionnel de Nîmes a condamné ce mardi 26 novembre un généraliste. Il a une interdiction définitive de toute activité médicale ou paramédicale. 

La décision est exécutoire dès ce soir. C'est-à-dire que ce mardi 26 novembre 2024 à 17h, un médecin généraliste gardois est obligé de quitter sans aucun délai son cabinet. Le tribunal correctionnel de Nîmes vient d'infliger deux ans de prison avec un sursis probatoire de trois ans à ce praticien installé près de Nîmes. Dans les obligations énumérées à l'audience pénale par le président Jérôme Reynes, il y a une obligation de soins, une obligation d'indemniser les victimes et une interdiction de les approcher. De plus, le magistrat rappelle au prévenu qu'il doit définitivement quitter sa profession puisque "toute activité médicale ou paramédicale" lui est maintenant interdite. Un médecin qui est inscrit d'office au fichier des délinquants sexuels. 

Ce prévenu atypique, âgé de 64 ans, n'avait jusqu'à présent jamais eu l'occasion d'approcher un tribunal judiciaire. Mais il comparaissait ce mardi pour des agressions sexuelles sur deux patientes. Le généraliste réfute les accusations à caractère sexuel. Pourtant, deux patientes ont poussé les 10 et 20 juillet 2024 la porte d'une caserne de gendarmerie pour déposer des plaintes. "Il n'y a pas une mais deux accusatrices et les personnes qui mettent en cause ce docteur ne se connaissent pas et elles n'ont aucune raison de lui en vouloir, bien au contraire", estime le procureur de la république Stéphane Bertrand. Il s'agit de deux témoignages similaires qui racontent qu'elles ont ce jour-là face à elles un médecin alcoolisé et titubant. "J'étais sur la table d'auscultation et je pensais qu'il allait tomber", ajoute une victime. Un médecin qui réfute les faits en estimant qu'il a des vertiges et qu'il est atteint de "deux maladies africaines graves... J'ai des poussées, je suis fatigué", raconte-t-il à la barre de la juridiction répressive nîmoise.  

"Vous voulez que l'on fasse l'amour pour vous prouver que vous êtes une belle femme"

Une ancienne patiente devenue accusatrice décrit au tribunal cette journée du 10 juin dernier. Elle a pris rendez-vous et se rend en confiance voir le médecin de la famille vers 16h30. Cette femme est loin d'imaginer ce qui va se produire. " Il venait chercher les patients dans la salle d'attente et il titubait. On ne comprenait pas ce qu'il disait et même sa secrétaire lui faisait répéter", relate la patiente qui évoque ensuite dans le secret du cabinet médical ses problèmes de poids. "Mais vous êtes une belle femme, vous voulez que l'on fasse l'amour pour vous prouver que vous êtes une belle femme", aurait lancé le médecin selon la patiente encore émue. "Il m'a dit, je suis un homme qui plaît, j'ai plusieurs maîtresses". Selon la plaignante, le médecin lui aurait ensuite touché des parties intimes alors qu'elle venait pour un bilan de thyroïde et un souci à un pied. Une patiente qui va ensuite réagir et quitter très choquée le cabinet médical. 

"Cette consultation, j'aurais dû l'annuler, car j'avais des vertiges", répond le généraliste qui dévie toujours la discussion vers ses problèmes médicaux présumés. Un homme suspendu par ses pairs dès la 20 juin 2024, et qui a pu reprendre son activité le 1er octobre dernier. 

"Je n'imaginais pas qu'il contesterait les faits aujourd'hui", s'étonne Maître Valérie Bach, le conseil des deux parties civiles. "Quel danger en liberté et en activité", reprend l'avocate nîmoise. 

"Toute sa carrière a été jalonnée d'éloges, il n'a jamais eu de souci avec la Justice", reprend son conseil Maître Romain Floutier. Un médecin à l'ancienne qui se tuait à la tâche selon l'avocat en recevant des patients "jours et nuits". Un généraliste qui ne conteste pas "des propos grivois", "mais cela ne fait pas de lui un homme dangereux", insiste Me Floutier. 

Le tribunal a estimé que le médecin ne devait plus approcher ses patientes. Il a 10 jours pour faire appel de cette condamnation...

Boris De la Cruz

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