Publié il y a 2 jours - Mise à jour le 02.10.2024 - Lïana Delgado - 3 min  - vu 1206 fois

JUSTICE La colonie de vacances vire au cauchemar : un mort, sept blessés

Tente sous la pluie, camping, inondation
Image d'illustration

Deux Allemands ont été jugés ce mardi 1ᵉʳ octobre par le tribunal de Nîmes pour homicide involontaire par violation d’une obligation de sécurité, blessures involontaires avec incapacité supérieure à trois mois et création d’un camping sans permis.

Depuis les années 60, une association allemande avait l’habitude d’organiser des colonies de vacances dans le Gard avec des jeunes de Leverkusen. En 2006, les deux dirigeants achètent un terrain de trois hectares sur la commune de Saint-Julien-de-Peyrolas, proche d’un ruisseau. Le notaire avait précisé que si l’activité de camping était envisagée, il était important de demander les autorisations. Devant le tribunal de Nîmes, ce 1ᵉʳ octobre, les deux Allemands expliquent : “Nous avions expliqué notre projet à la maire de l’époque, elle nous avait assuré qu'il n'y avait aucun problème. Chaque demande qu’on lui faisait, elle acceptait.” Seulement aucun document officiel n’a été signé. “La parole n’a pas de valeur, il faut des autorisations écrites”, rappelle Jérôme Reynes, le président.

De plus, le permis était particulièrement nécessaire puisque le terrain se trouve en zone inondable. Malgré tout, les dirigeants installent des conteneurs pour créer un camping. En 2007, un enfant décède d’une méningite sur le camp. À ce moment-là, la préfecture, le Service public d’assainissement non collectif (SPANC) et la maire se rendent sur place. “Personne ne nous a prévenus que notre camping était illégal alors que nous avons reçu de nombreuses personnalités. Nous n’étions pas au courant”, soutiennent les prévenus. Dix ans plus tard, le nouveau maire de la commune porte plainte pour non-respect des procédures. En 2017, les deux Allemands sont assignés devant le tribunal judiciaire de Nîmes et vont être relaxés. “Si on nous avait dit que ça n'allait pas, on n’aurait pas continué”, confient les responsables. Mais la mairie fait appel et ils vont ensuite être reconnus coupables.

Le jour du drame

En août 2018, l’association avait organisé une colonie de vacances avec 138 enfants allemands et une quarantaine d’encadrants adultes. Le 8 août au soir, Météo France place le Gard en vigilance orange. Le lendemain, dès 8h30, une forte pluie se met à tomber. Le maire se rend sur les lieux et propose d’ouvrir la salle polyvalente pour accueillir la colonie de vacances. Les dirigeants souhaitent d'abord faire manger les enfants. Mais peu avant 12h, une forte vague venant du ruisseau inonde une partie du terrain. C'est la panique ! Certains s’accrochent aux arbres, d'autres montent sur le toit des voitures. Hélas, la vague emporte avec elle un encadrant de 66 ans. Sept enfants vont être blessés. La gendarmerie de Bagnols se rend sur le camping à 12h20 pour secourir la colonie.

“Pourquoi vous n’avez pas pris les précautions nécessaires pour garantir la sécurité de tous ?”, questionne Jérôme Reynes. “Nous avions déjà vécu de fortes pluies et tout s’était bien passé, on ne s’y attendait pas. On pensait que ça allait passer”. Jugé pour homicide involontaire par violation d’une obligation de sécurité, blessures involontaires avec incapacité supérieure à trois mois et création d’un camping sans permis, les deux Allemands ne reconnaissent pas les faits. Ils ont un casier judiciaire vierge.

Frédéric Kocher, le procureur de la République, donne ces réquisitions : “Ils n'avaient pas de permis pour aménager un camping, encore moins sur une zone inondable. Ils ont violé les lois françaises. Une victime est décédée et des enfants ont des préjudices physiques suite à cette vague. Ils étaient en mesure de connaître le danger, mais ils ont agi avec peu de responsabilité. Je demande trois ans de sursis et 15 000 à 20 000 € d’amende.”

Maîtres Atthenont et Geelhaar plaident la relaxe pour les deux prévenus : “Ce n’est pas une colonie clandestine. Toutes les autorités locales sont au courant de son existence. En 2017, ils ont fêté les 60 ans de l’association, le maire et les élus étaient invités. C’est un drame qui s’est produit à cause d’une catastrophe naturelle. Aucune partie civile n’est à votre barre, ça prouve que personne n’en veut à nos clients. L’année dernière, l’association a même reçu le prix du bénévolat à Leverkusen. Ils n'ont commis aucune faute, nous vous demandons de les relaxer.”

Les deux Allemands sont reconnus coupables par le tribunal de Nîmes. Ils écopent de 18 mois de prison avec sursis.

Lïana Delgado

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