Publié il y a 9 mois - Mise à jour le 18.12.2023 - Boris De la Cruz - 4 min  - vu 4001 fois

JUSTICE Mort de Lylio, 8 mois : une maman jugée aux assises pour avoir secoué son enfant

Les jurés gardois jugent depuis ce lundi 18 décembre une jeune mère de famille, âgée de 23 ans. Elle est accusée de "violence volontaire ayant entraîné la mort sans intention de la donner". Une terrible affaire de bébé secoué.

« Vous avez longtemps donné une version de la chute du canapé, une version mensongère, relate le président de la cour d’assises du Gard. Vous allez admettre ensuite que vous avez secoué de façon assez forte votre enfant, un bébé qui va décéder. » Puis il interroge : « Qu’est ce qui s’est passé ? » La jeune mère de famille se lève en pleurs, se mouche, sèche les larmes qui coulent sur les joues. Elle respire profondément et essaie, entre deux sanglots, de raconter en quelques phrases ce terrible jour.

La fausse version d'une chute du canapé

« C’était le 29 décembre 2021. On s’est levé le matin pour aller au parc, il était malade. On est rentré », raconte la maman. Un enfant qui va être lavé par son compagnon. « Puis j’ai pris Lylio dans les bras, je l’ai posé sur son tapis de jeu et il s’est mis à chouiner », complète, d’une voix presque inaudible, l’accusée.

« À ce moment-là, il est en pleurs. Qu’avez-vous fait ? », relance le président. « Je l’ai secoué. Je pensais que cela avait duré une minute et en garde à vue on m’a dit que c’était quatre secondes », résume la maman avant de s’assoir et d’écouter l’enquêteur et les experts.

Dans les faits, le 29 décembre 2021 vers midi, les secours sont appelés, sur la commune d'Uchaud près de Nîmes, pour un bébé de 8 mois en arrêt cardio-respiratoire. Selon la première version de la maman et de son nouveau compagnon, l’enfant est tombé du canapé. Mais rapidement secouristes et enquêteurs ne croient pas en cette thèse de l’accident. Ils évoquent la thèse du « bébé secoué ». Le nourrisson pris en charge décèdera le lendemain à l’hôpital et l’enquête va se poursuivre avec de plus en plus de suspicion sur les versions données par la maman et son compagnon.

La version du "bébé secoué"

La maman, après avoir accablé ce dernier, puis le père du nourrisson, finira par raconter une autre thèse, celle de sa propre responsabilité. La version du bébé secoué, mort des suites des gestes de la maman. « Il résulte avec certitude des examens médicaux, que le petit Lylio est décédé des suites d’un mécanisme de secouement, survenu entre 24h et 48h avant le constat de son décès et alors qu’il était à la garde de sa mère », souligne la synthèse du juge d’instruction que le président de la cour d'assises lit en audience publique. « Ainsi, après avoir nié pendant près de quatre mois être à l’origine d’une chute accidentelle du canapé, et avoir porté les soupçons sur d’autres, elle finissait par avouer avoir exercé des violences », poursuit-il.

Une maman dépassée

La maman elle a expliqué son geste durant l’enquête « qu’elle se sentait dépassée », « qu’elle avait perdu patience », « qu’elle ne supportait plus les pleurs ». Elle a « vrillé » selon ses propres déclarations… Elle a « explosé ». Pourtant de l'avis général de cette famille, le petit Lylio, "était un enfant extrêmement calme, il ne pleurait quasiment jamais", résume le président de la juridiction. Un enfant qui faisait ses nuits au bout de trois semaines. L'accusée était séparée du père du petit garçon depuis quelques semaines et elle était en couple avec un nouveau compagnon, présent au moment du drame. 

Pas d'autres jours de violence, selon la mère

Outre l'horreur des photographies de cet enfant que les jurés gardois ont visionné, la légiste est affirmative, il existe d'autres lésions qui seraient survenues trois à quatre semaines avant. "Est-ce que vous le frappiez cet enfant ?", en dehors du jour du décès où elle a avoué une gifle en plus du geste mortel de l'avoir secoué, interroge le président . "Non je ne l'ai jamais frappé en dehors ce 29 décembre." "Mais ce n'est pas un ou deux coups sur ce petit corps", rajoute le magistrat en faisant référence aux très nombreux "hématomes", "blessures" et "rougeurs" constatés. Pourtant un médecin avait soigné l'enfant quelques jours avant, sans apercevoir de "blessures", de "lésions". 

Un peu plus tard ce lundi dans les débats devant la cour d'assises du Gard, la mère de famille a souligné que son nouveau compagnon frappait l'enfant. "Mais ce n'est pas une gifle par ci par là, il s'agit de violences habituelles." "Mais pourquoi vous n'êtes pas partie. Votre enfant avait besoin de vous", tacle le président. "Donc vous attribuez tous les hématomes vues sur les photos à monsieur." "Il peut être poursuivi monsieur vous le savez par rapport à vos déclarations d'aujourd'hui", insiste le président Emmanuelidis. 

"Vous ne voulez pas nous dire la vérité ?", demande maître Mimran

Une mère de famille accusée et seule dans le box qui change donc à l'audience de position, en incriminant son petit ami de l'époque. Son problème : ses mensonges durant l'enquête alors que les gendarmes écoutent ses conversations. Une impression de mensonges qui gagne la cour d'assises où elle met en avant en moins de deux minutes deux versions différentes. En disant une première fois qu'elle a vu son nouveau compagnon frapper son fils une à deux semaines avant Noël. Puis quelques instants plus tard en affirmant qu'il lui avait mis une gifle deux jours... après Noël ! La pénaliste nîmoise, maître Isabelle Mimran essaie de "réveiller" sa cliente. "Vous ne pouvez pas nous dire la vérité ?", poursuit Me Mimran en essayant de faire réagir sa cliente... "Elle semble s'être construite dans le mensonge", "elle a un développement psycho-affectif très immature", estime l'expert psychologue.

Le procès se poursuit....

Boris De la Cruz

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