Publié il y a 10 mois - Mise à jour le 24.11.2023 - Tony Duret - 2 min  - vu 2400 fois

JUSTICE Pour une dette de 150 euros, cinq jeunes mènent une expédition punitive à Quissac

Quatre jeunes d’une vingtaine d’années comparaissaient ce vendredi matin devant le tribunal correctionnel d’Alès pour des violences et un vol survenus à Quissac en avril 2021.

« On a affaire à des pieds nickelés. Ils n’ont même pas été capables de se mettre d’accord avant l’audience pour s’accorder sur une même version », résume habilement maître Karim Derbal en parlant des quatre prévenus. C’est vrai que le quatuor n’a pas brillé devant la juge Mathilde Pages. Un festival de versions contradictoires, incompréhensibles et souvent fantaisistes pour expliquer cette journée du 28 avril 2021.

Ce jour-là, les quatre copains venus d’Alès - accompagnés d’un cinquième (mineur, qui a été jugé devant un tribunal pour enfants, NDLR) - se rendent à Quissac pour mettre la main sur un jeune qui leur doit 150 euros. « Je lui avais prêté ma PlayStation et plus de nouvelles », explique à la barre celui qui conduisait la voiture. Une nouvelle version puisqu’il avait toujours été question d’une dette de drogue… Arrivée au champ de foire à Quissac, la bande des cinq recherche activement celui qui leur doit de l’argent. Ils ne le trouveront pas, mais tombent sur trois autres jeunes qui vont payer pour lui. « Vous êtes de Quissac, vous êtes dans le même sac », lance en alexandrin l’un des cinq. La suite est moins poétique. Le ton monte, une bagarre éclate. L’un des Quissacois reçoit un coup de brise-vitre sur le front : il aura dix points de suture. L’autre est roué de coups, on lui vole sa sacoche Vuitton. Le troisième semble avoir été épargné.

Devant la présidente, les quatre accusés minimisent leur participation. L’un dit qu’il était bien à Quissac le même jour, mais avec sa copine, une certaine Audrey. « Elle s’appelait Élise à l’époque », tacle le représentant du ministère public, Quentin Larroque. Un autre jure qu’il n’a pas participé à la bagarre. Sur insistance de la juge, il reconnait finalement avoir « bousculé gentiment ». Là où ils seront à peu près tous d’accord, c’est qu’ils ne seraient pas tombés sur des enfants de choeur. « J’ai eu peur pour ma vie », lance l’un d’eux. Le substitut du procureur n’en revient pas : « Lorsqu’on les écoute, c’est une rixe survenue par hasard et c’est tout juste s’ils ne plaident pas la légitime défense », ironise-t-il. C’est en tout cas pas le sens des peines demandées lors de son réquisitoire : 18 mois de prison dont 12 avec sursis pour les deux principaux protagonistes - celui qui voulait récupérer l’argent et celui qui a mis le coup -, et 18 mois intégralement assortis du sursis pour les deux derniers, « les suiveurs », comme ils seront surnommés par Quentin Larroque.

Après avoir demandé pardon aux victimes (absentes à l’audience) et une « dernière chance » à la juge, les quatre copains écopent de 12 mois de prison avec un sursis probatoire de 18 mois pour les deux principaux. Les « suiveurs », eux, prennent 8 mois avec un sursis probatoire de 12 mois. Ils ont tous l’obligation de travailler, l’interdiction d’entrer en contact avec les victimes et de les rembourser solidairement à hauteur de 10 000 euros.

Tony Duret

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