Publié il y a 7 mois - Mise à jour le 07.02.2024 - Lïana Delgado - 4 min  - vu 1951 fois

JUSTICE Un médecin jugé pour agression sexuelle sur ses patientes

Psychiatre agressions sexuelle
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Un pédopsychiatre renommé nîmois est jugé ce mardi 6 février devant le tribunal correctionnel de Nîmes pour agression sexuelle. Quatre femmes ont été victimes.

D’abord ouvert au criminel, le dossier a ensuite été renvoyé devant le tribunal correctionnel de Nîmes.

Le prévenu, âgé de 70 ans, a deux fils avec sa première femme et deux filles d’un second mariage. Elles sont âgées de 15 et 18 ans. Il est divorcé depuis six ans et son ex-femme ne souhaite plus qu’il les voient. Le pédopsychiatre est condamné pour avoir abusé sexuellement de la nounou de ses filles et de trois de ses patientes. Il communiquait également sur facebook avec différentes femmes dont des patientes mais aucun messages à caractère sexuel n'ont été identifiés.

La nounou de ses filles, avait à l’époque 19 ans, quand elle commence à garder les enfants du médecin, c’était en 2006. Quand l’homme rentrait du travail, il était très insistant. Ses mains étaient souvent baladeuses et à plusieurs reprises, il a tenté de l’embrasser. En 2013, elle subit un événement marquant. Le psychiatre a saisi ses avant-bras pour la coller contre le mur et l’embrasser, “heureusement que j’ai tourné la tête”, confie la victime lors de son audition. Présente lors de l'audience d'hier, elle confirme l’ensemble des faits devant le tribunal en acquiesçant avec la tête, les larmes aux yeux. Durant toute l’audience, elle ne dit pas un mot.

Des patientes manipulées et abusées

Mais les abus sur la "nounou", ne sont pas les seuls jugés. Une patiente se rend à son cabinet pour la première fois en juin 2016. Dès le premier rendez-vous, le médecin lui propose de l'emmener au restaurant et au cinéma. Elle refuse. Lors du second rendez-vous médical, il insinue que la femme à une peluche sur son col et la caresse dans la nuque et le cou. À la fin, lorsqu’elle lui tourne le dos pour partir, il va mettre sa main dans son dos puis sur ses fesses. La patiente va cesser les consultations avec ce psychiatre et va porter plaintes pour attouchements. 

Suite à cette plainte, une enquête judiciaire est ouverte et le prévenu sera mis sous contrôle judiciare en 2018. Une autre patiente va être contactée par les forces de l’ordre pour connaître la nature de sa relation avec le médecin. Au départ, celle-ci va tout nier. Puis, elle va avouer être parti un week-end à Vallauris avec son docteur. Durant ce séjour, ils vont avoir des rapports sexuels. Étant vierge au moment des faits, elle va se sentir un peu “forcée”. Le médecin ira même dire lors d’une audition, “finalement elle s’est laissé faire”. Cette femme ne s’est pas présentée lors du jugement, ce mardi.

La dernière victime a consulté le pédopsychiatre de novembre 2009 à décembre 2010. À la fin du suivie, la patiente et le médecin ont commencé à avoir des rapports sexuels. Lors d’une audition, la femme raconte : “Un jour, j’étais en consultation et j’étais allongé sur la table d’oscutation. Puis, il s’est allongé sur moi et s’est complètement déshabillé. Et, nous l'avons fait pour la première fois”. Lorsque les gendarmes lui ont demandé s’il avait subi des pressions, elle a confié : “C’est délicat, il m’a manipulé”. Le médecin aurait même certifié à la femme : “Si tu en parles, je dirais que tu étais consentante”. Tout de même, cette femme avoue avoir eu des sentiments pour lui.

Un médecin malade ?

Le prévenu, aujourd'hui âgé de 70 ans, a fait quatre bilans psychologiques depuis le début de l’enquête en 2017 date de la révélation des permiers faits. Le dernier date du 22 août 2023. Le psychiatre maintenant retraité a été diagnostiqué maniaco-dépressif avec des troubles de la personnalité et des difficultés de concentration. Lors de son jugement, il a décidé de garder le silence. Son avocate, Maître Florence De Prato a justifié son choix : “Il est malade, il ne va pas réussir à s'exprimer correctement et cela pourrait énerver le tribunal”.

Maître Philippe Expert représentait l’ordre des médecins du Gard devant le tribunal. Il affirme : “Ses actes et ses tentatives de relation ont été faits lors de ses activités professionnelles. Au temps des infractions, monsieur avait la responsabilité pénale. Les expertises sont claires, il avait toute sa tête jusqu’à la date où il va être mis en examen”. Les parties civiles sont représentées par Maître Jean-Pascal Juan et Maître Philippa Debureau.

Willy Lubin, le Procureur de la République, donne ses réquisitions : “Ce dossier est à la fois un dossier d’abus sexuel, d’autorité et de faiblesse. Les rapports sexuels se passaient dans son cabinet avec des victimes qui venaient elles-mêmes voir un professionnel pour régler des problèmes personnels. Monsieur voyait l’autorité qu’il pouvait exercer pour combler ses fantasmes. Il aurait pu venir à l’audience avec des regrets ou une remise en question mais aujourd’hui rien du tout, il a gardé le silence. En venant chez un médecin, ces femmes auraient dû être protégées, non pas abusées. Même si c’est symbolique, je demande le retrait de sa fonction de médecin et une peine de quatre ans de prison avec sursis".

Pour la défense, Maître De Prato plaide la relaxe : “Vous avez à juger un homme âgé, abattu et malade. Son ex-épouse est à l’origine de tout. Elle a fouillé son cabinet pour trouver des preuves dans les dossiers de mon client. Puis, elle a contacté plusieurs de ses patientes qui ont porté plainte et qui ne sont même pas présentes à l’audience aujourd’hui. S’il était vraiment le grand violeur de Nîmes, il serait passé aux assises. Une d’entre elle a été sa maîtresse durant deux ans, elle reconnaît même être tombée amoureuse de son soignant. Puis, la nounou venait garder les filles de monsieur quand il n’était pas là. Pourquoi ils se verraient ? Si mon client était dans sa maison familiale au même moment, la nounou ne serait pas là. Elle ment. Les choses ne sont vraiment pas limpides dans ce dossier, je plaide une relaxe”.

Le tribunal de Nîmes après délibéré a condamné le pédopsychiatre à trois ans de sursis probatoire, avec une obligation de soins et l’interdiction d’exercer.

Lïana Delgado

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