Publié il y a 1 an - Mise à jour le 31.12.2022 - François Desmeures - 3 min  - vu 1741 fois

FAIT DU JOUR À Cabra Bornha, aux Plantiers, arrêt de la traite ne signifie pas baisse d'activité

Victoria Godaert et son associé, Karim Matoub, sont installés au hameau de Faveyrolles, aux Plantiers

- photo François Desmeures

Composée de deux associés, le Groupement agricole d'exploitation en commun (GAEC) Cabra Bornha, installé dans le hameau de Faveyrolles aux Plantiers, profite de l'hiver et de l'absence de traite pour mener à bien tout ce qui ne peut être fait pendant l'année par manque de temps. Dans un contexte difficile de hausse des coûts de production, il lancera cette année sa tome de chèvre de la vallée Borgne.

Victoria Godaert et son associé, Karim Matoub, sont installés au hameau de Faveyrolles, aux Plantiers • photo François Desmeures

C'était une volonté du maire des Plantiers de l'époque, Francis Maurin, que de voir un troupeau de chèvres reprendre possession des nombreux espaces naturels de la commune. Une idée concrétisée en 2017, dans l'un des hameaux qui toise le village, Faveyrolles. "J'ai connu la première lactation en 2018", rembobine Victoria Godaert, d'abord seule aux manettes de ce qui est devenu le GAEC Cabra Bornha. L'exploitation abrite alors une trentaine de chèvres "qui ne connaissaient pas le territoire", élevées en agriculture biologique. 

Le nombre n'a fait qu'augmenter depuis, au gré des naissances, faisant monter le troupeau à une centaine de têtes "de races Alpine, Massif Central et croisements avec la race Saneen. J'ai aussi fait entrer deux chèvres du Poitou parce que je les adore", explique Victoria Godaert. Depuis 2018, l'association avec Karim Matoub a permis d'augmenter la voilure, après l'investissement de près de 100 000 € nécessaires à la création d'une fromagerie et d'une salle de traite. 

"De grandes distances pour de petites commandes"

En cette fin décembre - début janvier, la production laitière est dans sa période de tarrissement, entamée environ fin octobre. Avant que les mises-bas ne monopolisent l'exploitation, de mi-février à mi-mars. "Comme notre exploitation est récente, on prépare la ferme pour la future saison, on mène les travaux qu'on n'a pas le temps de faire pendant la saison, comme la pose de clotûres, ou bien on essaie de mettre à plat la partie administrative", détaille Victoria. Un travail étendu par l'acquisition d'hectares et de bâti au col de l'Espinas. L'investissement favorisera grandement le confort des mises-bas qui arrivent et réclameront une vigilance quasi permanente. 

photo DR

Après les mises-bas viendra le temps fort de l'activité chevrière, la production de fromages, grâce à deux traites quotidiennes. Et la course que ça implique pour leur trouver des débouchés commerciaux, quand le marché est parfois saturé par les productions voisines ou que les marchés de village se ferment aux nouveaux arrivants. "On fait de grandes distances pour des petites commandes", constate Victoria. Sept mois, seulement, pour réaliser le chiffre d'affaires de l'année, auprès de consommateurs qui ne perçoivent pas toujours la saisonnalité du produit. "On est allés faire le salon Miam, à Alès, on n'avait plus que des pélardons bleus à vendre à la fin novembre." Et tous les amateurs de pélardons ne l'apprécient pas forcément ainsi.

La tome de la vallée Borgne sur les fonts baptismaux

Pour vivre de leur production, Victoria et Karim ont donc d'abord dû atteindre un seuil critique d'une centaine de bêtes, "on joue sur le nombre parce qu'elles ne donnent pas beaucoup", calcule Victoria Godaert. D'autant qu'en Cévennes, le fromage de chèvre est traditionnellement moins cher qu'en Provence ou dans le Poitou. Victoria et Karim ont aussi commencé à diversifier leur activité, en introduisant huit vaches de race écossaise sur les terrains du col de l'Espinas. Ils lanceront aussi, en cette année 2023, une tome de chèvre, la tome de la vallée Borgne, qui se gardera plus longtemps, pour étirer la période de vente et tenter de pénétrer de nouveaux marchés. 

Quant aux chèvres, en cette période sans traite, elles profitent de leur liberté, en lâcher-dirigé, sur des terrains qu'elles connaissent par coeur pour les avoir appris avec Victoria. Mercredi, elles ont passé la nuit dehors. Puis, sont revenues seules, dans le cours du jeudi après-midi. C'est qu'en hiver, elles aussi ont de l'activité : elles travaillent à réduire le risque incendie du prochain été. 

François Desmeures

Alès-Cévennes

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