La semaine dernière, sous l’autorité conjointe de la préfecture de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur et de la préfecture du Gard, l’Office français de la biodiversité (OFB) a coordonné une mobilisation exceptionnelle, impliquant des dizaines d’acteurs et des moyens logistiques rarement déployés à une telle échelle. Cette opération hors norme, baptisée DELTA, a ainsi mobilisé pas moins de 56 inspecteurs de l’environnement, soutenus par la Gendarmerie nationale, les Douanes, la police rurale d’Arles, ainsi que des partenaires locaux comme les gardes du littoral et les agents de la réserve naturelle de Camargue. Une coordination aussi large, associant des forces nationales et locales, n’avait encore jamais été mise en place sur ce territoire, fragile et protégé.
25 points stratégiques dans les Bouches-du-Rhône et le Gard
Plus grande zone humide de France, la Camargue abrite 400 espèces d’oiseaux, dont de nombreuses sont protégées par le droit européen et français. Classée réserve de biosphère par l’UNESCO depuis 1977, elle compte plus de 35 000 hectares d’espaces protégés, soumis à une réglementation stricte.
La préparation de cette opération a nécessité plusieurs mois de travail, tant le nombre d’intervenants et la complexité des enjeux étaient importants. Les contrôles, menés sur 25 points stratégiques du territoire, entre Bouches-du-Rhône et Gard, ont permis de contrôler 416 personnes et de constater 78 infractions, révélant l’ampleur des défis à relever pour préserver ce patrimoine naturel unique. L’opération DELTA a ainsi permis de sensibiliser les usagers aux règles de protection de la nature, tout en sanctionnant les manquements. Parmi les infractions relevées : 11 cas d’usage de plomb en zone humide, pourtant interdit depuis près de 20 ans, 14 manquements aux règles de sécurité à la chasse ou au transport d’armes, 13 dépassements de quotas de chasse ou de pêche, 7 infractions délictuelles, ayant conduit à l’ouverture d’enquêtes judiciaires ou bien encore 14 saisies judiciaires dont 3 armes de chasse.
Un contexte sanitaire préoccupant
L’opération s’est déroulée dans un contexte marqué par l’épidémie d’influenza aviaire, qui frappe durement la faune sauvage et les élevages domestiques depuis mi-octobre. Les agents de l’OFB ont profité de leur présence sur le terrain pour renforcer la veille sanitaire et rappeler les mesures de prévention aux chasseurs, éleveurs et promeneurs pour éviter la dissémination du virus. Huit oiseaux morts ont été envoyés en analyse pour une suspicion d’influenza aviaire.