Publié il y a 7 mois - Mise à jour le 27.09.2023 - Thierry Allard - 3 min  - vu 945 fois

FAIT DU JOUR Chez Maison Sinnae, l’embouteillage n’a jamais été aussi rapide

6 millions d'euros ont été investis dans cette ligne d'embouteillage à Chusclan

- Photo : Thierry Allard

Quand on est une des plus grosses caves coopératives de la vallée du Rhône, basée à Laudun et Chusclan, on se doit de se doter d’un outil de production performant. Pour y parvenir, Maison Sinnae a donc investi pas moins de 16 millions d’euros sur dix ans, dont 6 millions rien que pour la nouvelle chaîne d’embouteillage installée à Chusclan.

Avant, il y avait eu le chai de blanc en 2014, coup d’envoi de cette série d’investissements. Car les coopérateurs de Maison Sinnae, qui s’appelait encore Laudun Chusclan Vignerons à l’époque, avaient eu le nez creux, pressentant que l’avenir serait plus au blanc qu’au rouge. Résultat : avec cet outil moderne entièrement dédié au blanc, Maison Sinnae est devenue rien de moins que le premier producteur de blanc de toute la vallée du Rhône, rien que ça.

Depuis, les investissements se sont poursuivis, jusqu’à cette nouvelle chaîne d’embouteillage, à Chusclan, accompagnée d’un nouveau pôle logistique, à Laudun-l’Ardoise. L’idée derrière cette nouvelle chaîne d’embouteillage est de produire rien de moins que 10 millions de bouteilles par an sur la ligne, entièrement automatisée et aux dernières normes. « La cadence est de 6 000 bouteilles par heure », précise le directeur de la production de la cave Henri Berrocal, nous évitant de faire le calcul.

Le cheminement commence par la dépalletisation des bouteilles neuves, puis les bouteilles entrent dans une machine de dernière génération, qui injecte de l’air comprimé à l’intérieur de chaque bouteille pour la nettoyer. « C’est la tendance, et ça nous permet d’économiser l’eau », glisse le directeur de la production, dans un domaine où l’eau est on ne peut plus cruciale. Puis, toujours dans la même machine mais un peu plus loin, les bouteilles sont remplies, d’abord d’azote, puis de vin. « L’idée est de ne jamais avoir de contact entre le vin et l’oxygène », précise Henri Berrocal.

Parmi les équipements flamabant neufs, cette machine monobloc nettoie, remplit et bouche les bouteilles • Photo : Thierry Allard

Idem pour le bouchage, l’étape suivante, qui se fait après une nouvelle injection d’azote et après avoir fait le vide dans la bouteille. « Et là, on est tranquille sur la qualité et la sécurité alimentaire », rajoute le directeur de la production. À cette machine flambant neuve de la marque française Perrier, en suit une autre tout aussi neuve, qui contrôle chaque bouchon et le niveau de chaque bouteille et sort automatiquement de la chaîne chaque bouteille présentant un défaut.

Puis les bouteilles sont munies de leur capsule, et filent dans une autre machine flambant neuve, l’étiqueteuse. « Elle est capable de poser quatre étiquettes : l’étiquette, la contre-étiquette, une éventuelle médaille et un QR Code qui authentifie la bouteille », présente le directeur de la production. Là aussi, si à la sortie de la machine une bouteille présente un défaut, elle est automatiquement mise de côté. La mise en cartons et la palletisation sont elles aussi automatisées en bout de chaîne. Les salariés de la cave veillent tout de même au grain, et pratiquent des contrôles toutes les heures au minimum.

Le directeur de la production de Maison Sinnae, Henri Berrocal, à côté de la machine de contrôle • Photo : Thierry Allard

« Qualité des vins et de l’outil industriel »

« C’est un investissement industriel et très qualitatif, qui illustre une volonté de se projeter dans la qualité des vins et de l’outil industriel », affirme le président de la cave Philippe Pellaton, ravi de finir cette grosse séquence d’investissements qui a suivi la fusion des caves de Laudun et de Chsclan il y a une quinzaine d’années. « La première phase a été la structuration humaine de l’entreprise, la deuxième a été ce plan d’investissements de 16 millions d’euros sur dix ans, à mettre en regard avec le chiffre d’affaires de la cave qui est de 20 millions d’euros », détaille le président de Maison Sinnae.

Désormais, le plus dur est fait, ne reste que l’aménagement d’une grande bâtisse en face de la cave de Laudun pour y proposer « un lieu d’accueil digne de ce nom », avance Philippe Pellaton. Ce sera pour 2024. Suivra « une troisième phase, celle de l’utilisation de l’outil et de la rémunération de nos adhérents », annonce le président d’une cave qui « fait le dos rond dans un contexte un peu moins favorable aujourd’hui. » Il faut dire que la consommation de vin, notamment de vin rouge, est en recul. De quoi ne rendre que plus pertinente la politique de la cave de miser de plus en plus sur les blancs, qui résistent mieux.

Le président de Maison Sinnae Philippe Pellaton • Photo : Thierry Allard

Il n’en reste pas moins qu’aujourd’hui, Maison Sinnae est « une belle entreprise qui fonctionne » et compte une soixantaine de salariés. Un succès né d’une fusion rendue indispensable par une crise viticole qui avait laissé plus d’une cave sur le carreau il y a vingt ans, ce qui rappelle que dans le vin peut-être plus qu’ailleurs, le beau temps suit toujours les tempêtes. Et de toute façon, tout ça s’envisage sur le temps long, comme le souligne Philippe Pellaton : « une cave coopérative est un projet générationnel, nous ne sommes que de passage. »

L'hommage

Philippe Pellaton a dédié cette inauguration à Christian Brunel, coopérateur à la cave, hospitalisé depuis plus d’un mois à Nîmes après un grave accident de tracteur.

Thierry Allard

Bagnols-Uzès

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