Publié il y a 1 an - Mise à jour le 04.01.2023 - Stéphanie Marin, Corentin Migoule et Marie Meunier - 6 min  - vu 991 fois

FAIT DU JOUR Pour les cinémas gardois, "Avatar 2 est une bouffée d'oxygène"

Jean Rochas cinéma le capitole uzès

Jean Rochas, dans son cinéma le Capitole à Uzès.

- photo Thierry Allard

6,87 millions. C'est le nombre d'entrées qu'enregistre "Avatar 2" seulement 15 jours après sa sortie dans les salles obscures françaises. Le film de James Cameron devient le plus vu en France en 2022. Dans les cinémas gardois aussi, le public est au rendez-vous. 

"Pour nous, Avatar 2 est une bouffée d'oxygène et permet de croire encore au cinéma. Depuis trois ans, on a quand même été un peu bafoué. Ça fait du bien de parler positivement du cinéma", indique Jean Rochas, PDG du cinéma Le Capitole à Uzès depuis juillet 2017. Le dernier film de James Cameron y est programmé en 2D, 3D et VO depuis le jour de sa sortie nationale. Entre le 14 et le 31 décembre, le cinéma uzétien a comptabilisé plus de 2 200 entrées en 29 séances. "Pour un cinéma de trois salles en centre-ville comme le nôtre, c'est tout à fait confortable. (...) En moyenne, on est à 80 spectateurs par séance, on est même monté jusqu'à 200", assure Jean Rochas. 

Jean Rochas cinéma le capitole uzès
Jean Rochas, dans son cinéma le Capitole à Uzès. • photo Thierry Allard

Le succès du blockbuster de science-fiction est tout aussi retentissant au Cinéplanet d'Alès, lequel a enregistré plus de 18 000 entrées en moins de trois semaines. Si la fréquentation est repartie à la hausse, "les entrées sont largement majorées par Avatar", admet Anthony Brochain, le responsable d'exploitation du multiplexe cinématoraphique de la place des Martyrs. À l'entendre, depuis mi-décembre, environ 75 % des personnes qui franchissent le seuil de la porte du cinéma alésien le font pour voir la dernière création de James Cameron. 

Le cinéma CGR de Nîmes profite également et tout logiquement de cet événement heureux, avec un peu plus de 18 000 tickets vendus entre le 14 au 31 décembre. "On a multiplié les séances en faisant tourner le film dans quatre, voire parfois cinq salles. On a fait entre neuf et onze séances par jour", explique Evrard Zaouche, le directeur du cinéma. Et malgré cette programmation exceptionelle, des séances et notamment en format 3D ont affiché complet. Le directeur en tire une leçon simple : "Quand ils viennent au cinéma, les client ont envie de voir du spectacle dans des conditions très qualitatives." Il en veut pour preuve les plus gros succès de l'année : Top Gun, Jurassic World : Le Monde d'après, Black Panthers : Wakanda Forever, The Batman, Doctor Strange etc.

Le cinéma CGR de Nîmes a proposé des animations spéciales pour la sortie du film Avatar 2.  • (Photo : CGR de Nîmes)
  

La réussite d'Avatar 2 est également imputable à la longue attente pour ce deuxième opus qui arrive à l'écran treize ans après le premier. "C'est aussi un film multigénérationnel", expose Anthony Brochain. "On a des spectateurs qui ont 8 ans, d'autres qui en ont 65. Les gens viennent pour le film, l'image, les couleurs. En en plus le film porte une étiquette écologique qui est dans l'air du temps", développe le dernier nommé. 

Ainsi, au Cinéplanet d'Alès, le succès d'Avatar devrait dépasser celui du dernier Spiderman sorti en décembre 2021. "Il avait très bien démarré et s'était un peu essoufflé par la suite. On peut espérer que ça ne soit pas le cas pour Avatar", échafaude le responsable d'exploitation, qui a de bonnes raisons d'y croire. "Pendant les vacances de Noël, il y a eu énormément de spectateurs qui n'étaient pas d'Alès. Maintenant on va recevoir ceux qui n'ont pas voulu venir pendant les périodes de fortes fréquentations pour être plus tranquilles dans les salles", analyse-t-il. 

De quoi mettre du baume au coeur des exploitants de salles, qui après une année 2019 record, ont dû fermer pendant la crise covid et n'ont jamais rattrapé leur fréquentation d'avant. Le PDG du Capitole analyse : "Cette année, Top Gun a bien marché aussi. Mais ça faisait trois ans qu'on avait pas eu de films qui fonctionnent. Avant, on en avait au moins un par trimestre qui faisait l'équilibre. On manque de films français, de comédies qui fédèrent. Il y a un manque de qualité je pense, j'espère que les producteurs vont rebondir. Il faut se remettre en cause et faire en sorte que les gens reviennent."

Le directeur du CGR de Nîmes va même plus loin : "Les producteurs et les réalisateurs français vont devoir passer à autre chose, c'est à eux de le faire, pas à nous, exploitants. Dans l'ensemble, nous avons un parc national de salles qui est de bonne qualité, aux producteurs de donner envie aux gens de venir voir des films français de qualité. Il faut arrêter ces films français avec le 1, le 2, le 3 etc. Ce sont toujours les mêmes films, sans scenario. On prend les mêmes et on recommence en pensant que les gens suivront bêtement." En ce sens, il met un point d'interrogation sur le résultat du film Alibi.com 2 dont la sortie est prévue le 8 février prochain.

Evrard Zaouche, directeur du cinéma CGR de Nîmes. • (Photo : Philippe Gavillet de Peney)

Comme Evrard Zaouche, Jean Rochas espèrent que "Les trois mousquetaires" ou encore le nouvel Astérix vont rebooster encore la fréquentation des cinémas. Malgré la crise que traverse le secteur, le Capitole résiste bien grâce à sa programmation aussi tournée "art et essai" : "On enregistre 55 000 entrées en 2022, on est à 25 % de baisse par rapport à une année normale. D'autres cinémas sont à 35 voire 40 %. On a Avatar qui sort du lot, qui nous redynamise mais il y a un manque de régularité le reste de l'année."

"Avatar a fait revenir les gens au cinéma"

De son côté, malgré son casting pléthorique, le responsable d'exploitation du Cinéplanet ne met pas le prochain Astérix au même niveau que le dernier Avatar. "Ça sera une belle comédie familiale, mais ça ne sera pas le film de l'année", prévient-il, "sauf grande surprise". Anthony Brochain s'en remet à "la suite de Transformers au printemps, et à celle de Fast and Furious dans l'été" pour garder le cap. Rien, toutefois, d'aussi "porteur" qu'Avatar.

Un film déjà classé parmi les plus gros succès de tous les temps et qui aurait même fait "revenir les gens au cinéma""Certains spectateurs rencontrés ces derniers jours n'étaient pas venus depuis le début du Covid", jure le responsable d'exploitation. De sorte que le cinéma alésien jouera les prolongations. Le film de James Cameron sera en effet diffusé sur les écrans du Cinéplanet "au moins jusqu'aux vacances de février", tandis que le directeur envisage même de rajouter une poignée de séances lors des vacances d'avril. 

"Quand un film fonctionne en France [...] cela participe au financement du cinéma français dans son ensemble"

Jean-Sylvain Minssen, directeur du Sémaphore à Nîmes

Les blockbusters américains se font très rares sur les grands écrans du Sémaphore, nous reviendrons plus tard sur les quelques exceptions. Le cinéma d'art et essai nîmois n'a donc pas directement tiré partie du succès d'Avatar. Mais. "Le cinéma, ce n'est pas que les multiplexes ou les films d'art et essai, c'est un ensemble de choses et quand un film fonctionne en France, il y a tout un système de reversement sur les billets d'entrées à des caisses communes. Donc, tout cela participe au financement du cinéma français dans son ensemble", souligne Jean-Sylvain Minssen, le directeur du Sémaphore.

Ce dernier proposera toutefois aux abonnés du Sémaphore, une séance exceptionnelle en version originale d'Avatar 2, comme il avait pu le faire pour James Bond, les derniers Star Wars etc. "Je le ferai quand mes collègues auront fini leur travail sur ce film car j'estime que, même si nous sommes concurrents, nous devons respecter le travail de chacun."

Un joli cadeau offert aux fidèles spectateurs après une année bien plus satisfaisante que les deux précédentes. Petit à petit, le cinéma art et essai nîmois revient à la fréquentation d'avant-crise avec 168 262 entrées enregistrées en 2022 (218 988 en 2019). "Après un début 2022 catastrophique", selon les dires du directeur, l'année a été ponctuée de jolis succès avec notamment le dernier film de Cédric Klapisch, En corps, (4 815 entrées au Sémaphore), Sans filtre de Ruben Östlund, Palme d'or au Festival de Cannes 2022 (3 574 entrées) ou encore Simone, le voyage du siècle d'Olivier Dahan (3 295 entrées).

Mais c'est La conspiration du Caire de Tarik Saleh, qui fait la fierté de Jean-Sylvain Minssen. "Ce film suédois dont les acteurs ne sont pas connus a quand même réussi à faire 2 850 entrées", se réjouit-il. Cette année 2023 devrait démarrer fort au Sémaphore avec la sortie le 25 janvier prochain, du nouveau film de Steven Spielberg, The Fabelmans.

La technologie au service d'un blockbuster de science-fiction :

À Alès, Avatar profite de l'offre pléthorique du Cinéplanet en matière de technologie. Depuis le 14 décembre, trois salles différentes projette le film. La salle 3D et sa double projection laser, celle qui est privilégiée par la majorité des spectateurs "car la communication du film a été faite en ce sens". La salle Screen X, consitutée de trois écrans à 270°, et la nouvelle salle premium Aurore (film projeté en version 2D), sont également à la disposition du public et sujettes à des majorations de tarifs de l'ordre de 1,50€ à 3€. 

Stéphanie Marin, Corentin Migoule et Marie Meunier

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