Publié il y a 3 mois - Mise à jour le 29.12.2023 - Stéphanie Marin - 4 min  - vu 10311 fois

FAIT DU SOIR Du Mas de Mingue à Netflix : l'ascension fulgurante de Nassim Lyes

Nassim Lyes cartonne sur Netflix.

- Stéphanie Marin

Très bon élève bien que bavard selon ses professeurs, Nassim Si Ahmed alias Nassim Lyes se destinait à une carrière d’avocat. Jamais il n’enfilera la robe, préférant endosser des rôles sous les feux des mandarines. Il cartonne en cette fin d'année sur Netflix avec le film "Nouveaux Riches". Cet article est issu du numéro 77 d'Objectif Gard le magazine paru en juin 2023. 

Il suffit parfois d’une rencontre pour faire basculer un destin. Nassim Lyes en a fait l’heureuse expérience, il n’avait que 20 ans. L’âge des premiers pas dans le monde adulte, sans qu’il ne soit pour autant interdit de rêver. D’abord à un titre de champion de France junior de kick-boxing - un sport qu’il a pratiqué dès ses 13 ans au KBCM Marguerittes - remporté à Paris. Tout juste descendu de la première marche du podium, le jeune homme ne rêve plus que d’une chose : marcher dans les pas du comédien, lui aussi gardois, Youssef Hajdi, rencontré par hasard lors de son passage à la capitale. « C’est un exemple pour moi, son parcours m’a inspiré. Je savais que cela n’allait pas être facile, mais je n’ai jamais pensé que ce serait impossible », se souvient Nassim.

Le Gardois quitte la fac Vauban en même temps que le quartier du Mas de Mingue qui l’a vu grandir de l’école élémentaire au collège Jules-Vallès, gommé des terres nîmoises en 2021. Un autre nommé Ada-Lovelace a été construit à proximité. « J’étais un bon élève même si on me reprochait souvent d’être une vraie pipelette », reconnaît-il. Et si le bulletin de notes transmis par sa maman Malika, ne suffit pas à convaincre, son papa, Nacer, insiste : « Il a eu le premier prix du meilleur élève, non pas de sa classe, mais de tout le collège ! »

Nassim Lyes avec son papa, Nacer. • Stéphanie Marin

Dans sa mémoire et son coeur, la capitale gardoise conserve une place privilégiée, « j’y reviens très régulièrement, j’y ai toute ma famille, des amis », souligne Nassim. Mais c’est à Paris que se joue sa carrière d’acteur et ce depuis ses débuts lesquels, comme il s’y attendait, n’ont pas été simples. Des bancs de l’École supérieure de réalisation audiovisuelle, aux petits boulots alimentaires, le néo-parisien ne perd pourtant pas espoir. « J’ai très vite su où il fallait être pour infiltrer le milieu artistique. Je n’ai jamais attendu que ça tombe du ciel, j’ai toujours su provoquer la chance », confie-t-il.

Un premier rôle avec Jean-Hugues Anglade et Gilles Lellouche

Et c’est alors qu’il officie derrière le bar de l’Égoïste, situé dans le quartier du Marais, qu’Antoine Carrard, responsable de distribution artistique pour le cinéma, le repère. En 2011, Nassim Lyes décroche son premier rôle sur grand écran aux côtés de Jean-Hugues Anglade et Gilles Lellouche, s’il vous plaît, dans Mineurs 27 de Tristan Aurouet. Il confie : « Je me souviens m’être dit, lors du tournage, que je n’avais pas l’impression de travailler et qu’en plus de trouver ça génial, j’étais payé pour le faire. »

Très vite, le trentenaire, veste de costard noire sur les épaules, se reprend. Après avoir avalé une gorgée de son café, il ne souhaite pas laisser flotter, à travers ses propos, un air de détachement : « Ça ne veut pas dire que je prenais les choses à la légère, j’ai travaillé dur pour préparer ce rôle et les suivants. » S’il se qualifie d’artisan autodidacte, l’homme a tout de même été coaché par Karine Nuris pendant quelques années pour perfectionner son jeu.

Au-delà de la performance d’acteur, le choix des rôles est pour lui d’une importance capitale. « Je ne m’en interdis aucun, à partir du moment où je le trouve légitime et qu’il ne blesse aucune personne quelle qu’elle soit. Je ne veux pas non plus m’enfermer dans un genre, c’est plutôt difficile en France où on a tendance à ranger les acteurs dans des cases, mais pour le moment j’y arrive. »

Deux films en 2023 : "Farang" et "Nouveaux Riches"

Effectivement, depuis 2011, Nassim a multiplié les rôles dans des séries et films très différents, d’un jeune de banlieue manipulé pour faire partie d’une cellule djihadiste dans Made in France à Cokeman, un amateur de stupéfiants complètement déjanté dans la comédie En passant pécho. Il a également joué aux côtés de Gérard Depardieu et Benoît Magimel dans la série Marseille diffusée sur la plateforme Netflix.

Au fil des tournages, le Nîmois a pris du galon, s’octroyant la tête d’affiche d’un long-métrage qui, « correspond à ceux de mes idoles d’enfance : Jean-Claude Van Damme, Bruce Willis ou encore Denzel Washington. » Farang, signé du réalisateur Xavier Gens (Hitman, Budapest, Gangs of London) est un film d’action où les scènes de combat ne manquent pas. Et qu’on se le dise, le kickboxer gardois n’a laissé qu’une infime place à sa doublure cascade. 

L’homme d’une élégance naturelle, un dandy des temps modernes, savoure son plaisir sans orgueil ni prétention. « Je suis très heureux de faire cette avant-première dans ma ville. Ce n’est pas de la fierté, mais si je peux comme Youssef l’a fait avec moi, donner de l’espoir à ces jeunes qui ont un projet en tête, leur dire que tout est possible. Il y aura des hauts et des bas, j’ai moi-même essuyé cinquante « non » lors de castings, mais - et même si ça n’a pas été facile, si parfois j’ai eu envie de tout lâcher - je me suis accroché. »

Après "Farang" en juin, le Gardois cartonne en cette fin d'année sur Netflix avec le film "Nouveaux Riches", sorti le 17 novembre dernier, réalisé par Julien Royal, fils de Ségolène Royal et de l'ancien Président de la République François Hollande. Il incarne Youss, un pro de l'arnaque, qui cherche à se rapprocher de Stéphanie, une millionnaire en crypto, interprétée par Zoé Marchal. Une belle visibilité pour l'acteur nîmois avant d'autres projets à venir en 2024. 


Youssef Hajdi, lui aussi gardois puisqu’il a grandi à Beaucaire. • ©DR

Youssef Hajdi se souvient lui aussi…

Depuis leur première rencontre à Paris, Youssef Hajdi, lui aussi gardois puisqu’il a grandi à Beaucaire, et Nassim n’ont jamais perdu le lien. « Je n’ai jamais douté, j’ai tout de suite su que ça marcherait pour lui, s’il s’en donnait les moyens. Et c’est ce qu’il a fait. Sa pratique sportive, le kick-boxing lui a apporté beaucoup de rigueur, de sérieux, une maturité. Je sais les sacrifices qu’il a dû faire, il lui faudra en faire encore, il n’est qu’à 30 % de sa carrière. Mais il y arrivera, je sais qu’il a le soutien de toute sa famille. Je suis très heureux de tout ce qui lui arrive, il le mérite. »

Stéphanie Marin

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