Publié il y a 1 an - Mise à jour le 23.11.2022 - Anthony Maurin - 4 min  - vu 862 fois

NÎMES L'Ifac en grève pour le bien-être des enfants et des encadrants

Les grévistes en forme se battent pour un meilleur accueil et des conditions de travail un peu meilleures... (Photo Anthony Maurin).

L'Institut de formation, d'animation et de conseil (Ifac) de Nîmes était en grève ce mercredi. Une grève, suivie par les salariés et les directeurs, pour le bien-être des enfants. Avec la proximité de la Journée internationale des droits de l'enfant, la colère a du sens, surtout quand on parle d'enfants qui ont entre 3 et 13 ans.

Celles et ceux qui se sont levés avec pour idée de manifester leur grogne en seront pour leurs frais. Un jour de grève coûte 10 % du salaire, soit 80 euros. Et quand on en touche 800, ça fait lourd. Pour Guilhem, salarié de l'Ifac depuis 20 ans : "Les animateurs sont payés 800 euros, les directeurs 1 100 ou 1 200 euros pour des responsabilités importantes. Le salaire ne suit pas parce qu'on nous impose un temps partiel de 22h pour les animateurs et de 28 heures pour les directeurs. De fait nous n'arrivons pas à faire notre travail correctement parce que nous avons tous un deuxième, voire un troisième boulot... C'est compliqué d'avoir l'esprit focalisé sur notre vrai métier !"

L'Ifac et les grévistes ce mercredi matin (Photo Anthony Maurin).

Ils sont environ 80 à être concernés par ce coup de gueule. La grève du jour ne les a pas tous réunis, mais une bonne partie quand même. Les conditions allant de mal en pis, il fallait que la colère s'extériorise à l'approche des vacances de Noël. "On a aussi des CEE, des contrats d'engagement éducatif (ces contrats de travail spécifique sont destinés aux animateurs et aux directeurs des accueils collectifs de mineurs en France, NDLR) qu'on nous impose et qui ne sont payés que 6,7 euros de l'heure... Bien en-dessous du Smic ! On n'est pas loin de l'esclavagisme. Ces personnes, encore plus que les animateurs, ont besoin d'autres emplois. Il existe aussi des différences de traitement, ils ne peuvent pas participer à des réunions ou à d'autres choses parce qu'ils travaillent ailleurs pour survivre. Il y a donc des problèmes d'organisation."

Sur les équipes qui travaillent, au moins la moitié voire plus est en CEE donc les choses sont difficiles à gérer. "On demande 35 heures pour survivre, c'est tout. On veut travailler plus pour gagner ce qu'il faut et encore cela ne suffira pas ! On aimerait 1 200 à 1 300 euros pour les animateurs et 1 500 à 1 600 euros pour les directeurs. Rien de fou, mais on nous répond que nos revendications sont folles et que si ça se fait on met la clé sous la porte. Nous ne pouvons plus entendre cela. La Mairie doit nous déprécariser, ça fait trop longtemps que ça dure", regrette Guilhem.

Les grévistes en forme se battent pour un meilleur accueil et des conditions de travail un peu meilleures... (Photo Anthony Maurin).

Pour une autre salariée : "Nous n'arrivons pas à avoir une qualité optimale de travail car les animateurs sont mal payés. Du coup, ils ne viennent même pas, ils vont voir ailleurs et ils sont toujours mieux payés. Nous ne voulons plus de CEE, mais des CDD de longue durée. Cela nous éviterait, au moins, de recruter tous les mardis soirs pour faire venir de nouvelles têtes le mercredi matin... Nous sommes contraints de prendre des gens que nous ne connaissons pas du tout et ils vont encadrer des enfants !" Cette grève concerne la bagatelle de près de 2 000 enfants Nîmois.

"Faire grève nous fait mal au coeur car ça a dû pénaliser des familles. Mais nous nous battons pour les familles et les enfants afin de leur garantir un service de qualité." Double travail pour les dirigeants qui recrutent comme ils le peuvent, perte de qualité de service pour les enfants qui n'ont aucun repère et, enfin, des inquiétudes pour tous quant à l'avenir serein de la structure.

L'Ifac, rue Vincent Faïta (Photo Anthony Maurin).

"Il faut des heures en plus pour les directeurs. On en a marre de boucher des trous ! Il faut un rituel aux enfants, c'est important, c'est le métier que je veux faire. Je reste parce que j'ai toujours voulu faire ça, c'est ce qui me fait vibrer, c'est ce que j'ai vraiment envie de faire. Je ne veux pas faire de la garderie, je me bats tous les jours pour proposer une qualité d'accueil pour les enfants, en proposant des activités, mais c'est de plus en plus dur", poursuit une salariée.

Si la situation est aussi noire, pourquoi ne pas avoir fait grève plus tôt ? Déjà parce que c'est une grande première pour l'Ifac. Ensuite, ces personnes ne sont pas habituées à se plaindre car elles travaillent avec l'humain, la jeunesse et priorisent toujours l'autre avant de penser à elles. Ensuite, parce que le mouvement ne prenait pas, mais avec l'effet de l'inflation et de la crise énergétique, les plus humbles travailleurs ont la tête sous l'eau.

(Photo Anthony Maurin).

"La grève est reconductible et elle va peut-être déclencher un mouvement national dans les Ifac. Nos revendications sont normales et pour les vacances de Noël une grève serait logique. J'attends que la Ville prenne ses resposnabilités parce que tout le monde se renvoie la balle. L'Ifac a signé ce marché, nous ne sommes pas en capacité de respecter les engagements, c'est scandaleux. Il faut que les gens puissent manger et faire vivre leur famille car ce métier est reconnu. Je suis maman de quatre enfants, je ne peux plus. J'ai 20 ans d'ancienneté à l'Ifac de Nîmes et mon salaire mensuel est de 1 080 euros net, pour 102 heures mensuelles annualisées", déplore une autre salariée.

Une qualité d'accueil optimale pour ces professionnels de la petite enfance, voilà ce qui prime et ce que demandent ces grévistes, simplement. De meilleures conditions de travail pour eux mais surtout d'empêcher les problèmes à venir, il y en aura forcément, pour les enfants. Les grévistes ne veulent pas de malveillance dans les centres de loisirs et s'insurgent contre l'obligation d'embaucher un personnel manquant de formation. "Stop à la précarité, stop à tout ça, il faut trouver des moyens !"

Anthony Maurin

Gard

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