Publié il y a 1 an - Mise à jour le 22.02.2023 - Anthony Maurin - 4 min  - vu 394 fois

NÎMES Saison féminine et engagée pour la Maison théâtre des littératures à voix hautes

Violette Leduc

De février à juin, la Maison théâtre des littératures à voix hautes déroule sa saison au 26 de la rue de la République.

"On n'est pas sérieux quand on a 17 saisons... alors, on est plus que sérieux ?", lance Denis Lanoy qui fait la préface du petit fascicule de la Maison théâtre des littératures à voix hautes. Comme le dirait une personne mise en lumière très prochainement, Violette Leduc : "Souvent nos extases sont de la confiture."

Et Denis Lanoy de reprendre : "Même si nous n'en sommes pas à 17 ans, mais seulement à la 17e saison, c'est encore le souffle de la jeunesse qui nous anime, le désir de curiosité, le besoin d'inassouvi, la joie de se bousculer et la soif de casser des certitudes. Cette saison 17 s'articulera selon trois axes qui s'enchevêtreront tout au long de la saison, sans hiérarchie aucune."

Denis Lanoy, animateur et metteur en scène du Triptyk théâtre, et Juliette Mézenc, écrivaine. (Photo Archives Stéphanie Marin /Objectif Gard).

Saison 17 premier axe. Quelques hommages rendus au fil de soirées lectures pour entendre, réentendre des grands classiques (Violette Leduc, Hildegarde von Bingen, Robert Lafont, Arthur Rimbaud, Paul Verlaine, Louise Labé, Jules Barbey d'Aurevilly), mais aussi la part belle à des poètes contemporains récemment disparus et que leurs amis poètes (déjà invités à la Maison théâtre des littératures à voix hautes) ont souhaité honorer. Ce sera le cas avec deux soirées dédiées, l'une à Jacques Dupin, orchestrée par Emmanuel Laugier, et l'autre à Alain Jégou, sous la houlette de Jean Azarel.

Saison 17 second axe. Des poètes, des romancières, des écrivains, qui lors des soirées fantaisies littéraires seront comme chaque saison au centre de toutes les attentions. Christophe Siebert, Michel Lévy, Murielle Szac se prêteront à merveille à ces rencontres.

Saison 17 troisième axe. En mars, c'est le temps du Printemps des poètes. "Nous avons, pour l'édition 2023, choisi d'organiser un temps fort de notre saison en concoctant un événement que nous intitulons Poésie(s) en l’état."

Avec Poésie(s) en l’état qui se tiendra du 23 mars au 25 mars en partenariat avec l'Esban (École des beaux-arts de Nîmes), la bibliothèque de Nîmes Carré d'art, la galerie Negpos, les Costières de Nîmes, autant vous faire à l’idée que le public passera un bon moment. Ce temps fort réunira plusieurs poètes et donnera lieu à des rencontres lectures et à des temps de réflexions sur l'état de la poésie, la place de celle-ci dans le chaos du monde, son importance, sa fragilité et son indéniable nécessité.

À l'extérieur comme à l'intérieur, on trouve de nombreux livres (Photo Corentin Corger)

"En guise de clap de fin de la saison 17 nous proposerons une soirée, le 25 mai, durant laquelle les spectatrices et spectateurs seront les organisateurs du programme. En effet, vous viendrez ce soir-là avec une ou plusieurs propositions de lectures (quatre pages maximum, NDLR) et nous nous ferons le devoir plaisant de les lire. Sans restriction de genre : théâtre, poésie, roman, philosophie, tout y sera le bienvenu, et tant mieux pour les surprises", conclut Denis Lanoy.

Hommage à Violette Leduc

La saison sera celle d’un hommage à Violette Leduc. Née en 1907 à Arras, elle a connu la pauvreté dans sa jeunesse, la maladie, la solitude, échoue dans ses études et trouve un emploi modeste dans l'édition, qu'elle devra abandonner pour des raisons de santé.

Violette Leduc

L’écrivain Maurice Sachs, un ami rencontré en 1938, l'oriente vers la littérature. Les divers articles qu'elle rédige pour les journaux féminins n'ont guère de succès, mais les romans qu'elle publie, L'asphyxie (1946), L'affamée (1948), Ravages (1955), sont admirés par l'élite intellectuelle. C'est surtout l'expérience vécue qui est à la base de ses romans. I (1964), préfacée par Simone de Beauvoir, La folie en tête (1970), La Chasse à l'homme (1973). Violette Leduc s’éteint en 1972, dans le Vaucluse.

En attendant, voici le premier temps fort qui a lieu ce 2 février. Une agacerie littéraire de Louise Labé. S’il faut en croire cette dernière : "Le plus grand plaisir après l'amour, c'est d'en parler." Elle en a bien parlé. Mieux que personne. Figure tutélaire des poétesses françaises, elle est aussi la plus mystérieuse. Sa vie énigmatique est étroitement mêlée, associée au milieu lettré de Lyon, où s'épanouit en ce début et milieu de XVIe siècle, autour de Maurice Scève, la première floraison poétique de la Renaissance française. Fille et femme d'artisan, elle accède aux salons, elle conquiert la renommée littéraire et mérite l'hommage des poètes les plus éminents.

Ce 2 février à 19h, Bruno Paternot et Denis Lanoy liront les Élégies et quelques poèmes en hommage à Louise Labé mais rédigés par ses contemporains, amis et poètes.

Valentina pour Mertvecgorod

Le 9 février à 19h, place à une fantaisie littéraire de Christoph Siesbert en partenariat avec l’association des Avocats du Diable.

Lors de cette soirée, la lecture se centrera sur le dernier opus de l'histoire Mertvecgorodienne Valentina. Cinq ados d'un quartier pauvre de la mégapole fictive de Mertvecgorod, au tournant de l'an 2000. Victimes socialement prédestinées à la misère, l'échec, la mort prématurée, ils noient leur lucidité dans toutes les drogues possibles et une bande-son punk romantique et rebelle.

Derrière la trame impeccable du roman noir, Valentina est la chronique d'une adolescence et un roman d'atmosphère, celle d'une ville tentaculaire fascinante, quelque part entre le Londres de Jack l'éventreur et le Los Angeles cyberpunk de Blade Runner, transposés dans un post-soviétisme apocalyptique et décadent.

Au-delà d'une écriture, c'est bien une "sensation Siébert" qu'il faut découvrir, un univers organique, poisseux, une ambiance décrépie, totalement hallucinée, une œuvre miroir sans concession du pire de notre société, mais aussi le choix de faire des victimes, les misérables, ses héros.

Anthony Maurin

Gard

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