FAIT DU SOIR L'association "Pas de secret" joue toujours cartes sur table
Suite à sa participation à l'émission "Qui dort perd ! L'expérience du sommeil" sur France 2, Linda Hardy, ex-Miss France devenue comédienne, a reversé l'intégralité de sa cagnotte soit 3 500€ à l'association nîmoise créée en 2021, "Pas de secret".
Rencontrée il y a trois ans, Aurore Menguy donne régulièrement de ses nouvelles, non pas personnelles bien qu'à chaque fois les échanges sont très agréables, mais en tant que présidente de Pas de secret. Une association créée en 2021. À ce moment-là, la loi Billon - du nom de son auteure Annick Billon, présidente de la délégation aux Droits des femmes - n'en était qu'au stade de proposition. Le texte visant à protéger les mineurs des violences sexuelles, a été adopté en avril et validé par le Conseil constitutionnel en juillet 2021. Tout cela dans un contexte marqué en début de cette même année par l'affaire Kouchner-Duhamel et l'apparition du hashtag #MeTooInceste sur le réseau social X, anciennement Twitter.
Plus de trois ans se sont écoulés depuis, le mot "imprescriptibilité" reste le grand absent dans la législation. Aurore Menguy, comme d'autres équipes associatives en France, s'était battue pour que soit gommé le délai de prescription. Un combat mené parce que l'inceste fait malheureusement partie de son histoire, le déni et la culpabilité aussi tels des liens qui retiennent ce secret. Et cela a duré plusieurs années.
400 exemplaires vendus
En créant son association "Pas de secret", la Nîmoise n'avait qu'une seule ambition : libérer la parole. Elle a d'abord eu l'idée d'un outil pédagogique et ludique, c'était en 2022 : Le jeu des secrets depuis devenu Les cartes des secrets. Illustrées par Ofa et Quincy Gane, ces cartes permettent aux enfants et aux adultes de mettre des mots sur des situations, qu'elles soient à risque ou pas, et de savoir ce qui est un secret inoffensif ou dangereux. Et pas seulement lié à l'inceste mais aux violences sexuelles de manière générale. Ce "jeu" de cartes, validé par le Centre psychotrauma du Gard, s'est écoulé à 400 exemplaires. Parmi ses utilisateurs, des professionnels de santé.
Un nouveau projet est en cours d'élaboration avec l'équipe de la Maison de Protection des Familles de la gendarmerie du Gard située à Caissargues. Pour rappel, les MPF ont été lancées suite au Grenelle des violences conjugales, en septembre 2019. "Nous travaillons sur de nouvelles cartes, un outil qui pourra les aider lors du recueil des témoignages de victimes de violences intra-familiales, encore une fois pour faciliter la libération de la parole", indique Aurore Menguy.
Très émue lorsqu'elle parle du "formidable travail effectué par cette équipe", la présidente de "Pas de secret" multiplie les actes de générosité. Elle offrira prochainement des livrets écrits toujours en lien et validés par le Centre Psychotrauma du Gard, sur les thèmes de l'intimité et des émotions. La collection "Les ateliers de Rosie" se décline en petites histoires dessinées où le lecteur suit Théo et Lilou dans leur apprentissage de la vie, guidés par Rosie, un flamand rose. Le ton n'est pas moralisateur bien au contraire, les choses sont nommées en toute simplicité, "pour donner aux enfants les moyens de s'exprimer." L'impression de 200 livrets a été financée par l'association Le Zonta Club Nimes Romaines.
En trois ans, "Pas de secret" a donc fait du chemin. Elle a bénéficié, il y a quelques mois d'une mise en lumière tout à fait inattendue. Lors de son passage dans l'émission "Qui dort perd ! L'expérience du sommeil" diffusée au mois de juin sur France 2, Linda Hardy a collecté 3 500€. Une somme qu'elle a souhaité reverser à l'association nîmoise. "Je ne la connais pas, je n'ai jamais eu de lien avec Linda Hardy", s'amuse Aurore Menguy. La surprise a été totale, d'autant qu'elle n'a pas découvert la bonne nouvelle sur son petit écran, mais par téléphone. "La société de production m'a appelé, elle souhaitait avoir un RIB, j'ai cru à une arnaque", rit-elle. Mais non, quelques jours plus tard, l'association recevait bien un virement de 3 500€.
Contactée par la rédaction, Linda Hardy explique son choix. "Aujourd'hui, l'inceste n'est plus vraiment un tabou, mais en même temps je trouve qu'on n'en parle pas suffisamment. Alors quand on m'a proposé de faire cette émission au profit d'une association, j'ai fait des recherches. L'association "Pas de secret" agit de manière concrète pour accompagner les victimes avec les groupes de paroles, les séances d’équithérapie, les jeux de cartes, c'est ce qui m'a plu. L'idée, c'est d'apporter dans le drame quelque chose qui soit plus léger pour inciter les victimes à se confier." La comédienne n'a pour le moment pas prévu de venir à Nîmes pour saluer Aurore Menguy. Peut-être le fera-t-elle au détour d'une date pour la présentation de la pièce dans laquelle elle joue actuellement : "Vive les vacances ou pas !" ?