Publié il y a 5 mois - Mise à jour le 29.10.2023 - Propos recueillis par Stéphanie Marin - 4 min  - vu 690 fois

L'INTERVIEW Pierre de Maere : "Au-delà de la passion, du fait d'en vivre, il y a cette envie de parler aux foules"

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Pierre de Maere sera sur la scène de Paloma à Nîmes, le 2 décembre 2023.

- ©PHOTOPQR/L'EST REPUBLICAIN/Lionel VADAM

Pierre de Maere est un des phénomènes musicaux de l'année. Un jour je marierai un ange, Enfant de, on a tous en tête au moins les refrains de ces chansons extraites de l'album Regarde-moi sorti en janvier 2023. Lauréat des Victoires de la musique 2023 dans la catégorie Révélation masculine, l'artiste belge âgé de 22 ans, n'est pas de ceux qui regardent dans le rétroviseur, mais avance, une seule promesse en tête : celle de continuer à rassembler les foules. Interview. 

ObjectifGard : 2022, 2023, quelles années pour vous ! Vous réalisez un peu ce qui se passe ?

Pierre de Maere : Ce sont des années extraordinaires. Mais pour tout vous dire, je ne fais jamais le point, le bilan de ce qui s'est passé. Alors je ne sais pas si "réaliser" est le terme approprié, par contre je vis pleinement tout ce qui se passe, j'en profite, je savoure chaque instant. C'est un peu les années des premières fois, peut-être que dans dix ans je ferai le point. 

Peut-on parler de consécration ou c'est un peu tôt ?

C'est beaucoup trop tôt même. On peut parler d'ascension, d'envolée, de promesse à tenir et on verra ce qui se passera. Même si j'ai confiance en l'avenir parce que je connais la musique à suivre, parce que je me connais et que j'ai l'impression d'avoir donné jusque-là un quart du tiers de ce que je peux faire. La consécration, ce sera peut-être pour le deuxième album. Et encore, ce sera la confirmation, le troisième sera la consécration, s'il fonctionne. 

Vous ne cachez pas vos ambitions. 

Ce serait trop dommage de s'arrêter là. Au-delà de la passion, du fait d'en vivre, il y a cette envie de parler aux foules. C'est en moi depuis toujours, dans ma musique, dans mes textes. J'écris des chansons qui sont fédératrices. Ce n'était pas forcément réfléchi, mais à force d'interviews, à force d'en parler, je me rends compte que j'ai envie qu'on comprenne mes chansons dès la première écoute, qu'elles soient accessibles à tous. 

Il est difficile de définir votre univers. Et nous, en France, on aime ranger les gens dans des cases, alors vous nous posez un problème !

La case à définir, ce serait la Belgique. Avec ce côté un peu absurde de l'album, parfois maladroit, mais que j'assume pleinement. C'est un premier album, je suis parti un peu dans tous les sens, il y a des balades, des sortes de banger électros, des morceaux taillés pour séduire etc. J'avais envie de m'amuser et je pense que ça a donné lieu à des accidents heureux, des choses que certains peuvent s'interdire, ce flirt avec le mauvais goût, avec le "cheap" parfois. Je trouve ça intéressant, quand on commence en tout cas, il faut aller au bout. 

"Philippe Katerine, un mec qui pour moi a encore 25 ans dans sa tête, parce qu'il s'ouvre à tout, il écoute de tout."

Pierre de Maere

Avez-vous des limites quand même ?

Ça m'étonnerait qu'un jour, j'envoie un morceau de country. Mais je suis assez curieux, j'aime explorer, tenter différentes choses. Je pense que c'est comme ça qu'on reste frais et jeune... Alors je dis ça à 22 ans, ça n'a pas de sens. Les artistes qui vieillissent le mieux, sont les plus curieux. Je pense à Philippe Katerine, un mec qui pour moi a encore 25 ans dans sa tête, parce qu'il s'ouvre à tout, il écoute de tout. 

Les oiseaux est une chanson très touchante sur fond de guerre, un peu à contre courant du reste de l’album plutôt insouciant.

En termes d'écriture, c'est ma préférée. Pour cette chanson-là, le processus de création a été différent. Très souvent, je commence au piano-voix, je joue les mélodies, j'écris un petit peu et puis je produis. Là, j'ai commencé directement par la production, donc il y a ces espèces d'orgues, ces voix qui font (il chante) "Ouhouh" très dramatiques, tragiques. Une ambiance qui m'a fait penser à la guerre. Et j'endosse ce rôle du soldat qui est envoyé contre son gré sur le champ de bataille et écrit à sa belle ou à son beau qui l'attend, une lettre à la fois d'amour et peut-être d'adieu. C'est peut-être le seul morceau politique de l'album. Il dénonce le fait qu'un homme dans son bel uniforme décide du sort de milliers, de millions d'autres. Ce texte n'est pas frontal, il est fait de plusieurs lectures. 

Car au-delà de la guerre, elle peut raconter d'autres histoires, le harcèlement scolaire par exemple.

Quand j'écris : "Ces tarés m'ont cogné, là où ça fait mal", j'ai aussi l'image de ce gosse qui se fait détruire... Il y a une notion d'injustice dans cette chanson, c'est en cela qu'elle est forte et qu'elle prend aux tripes.

"À chaque sortie de scène, j'ai l'impression d'avoir regardé chaque spectateur dans les yeux."

Pierre de Maere

Parlez-nous de la scène, on parle d’une vraie performance scénique… 

C'est un spectacle très humain, très interactif. À chaque sortie de scène, j'ai l'impression d'avoir regardé chaque spectateur dans les yeux. Il y a une vraie mise en scène, de la mode aussi parce que ça fait partie de mes passions. 

Avez-vous déjà reçu des propositions pour participer à des défilés de mode ? 

Tout récemment, oui, pour une marque que j'affectionne tout particulièrement mais les créations déjà réalisées ne s'adaptaient pas à ma silhouette. Donc ça n'a pas pu se faire mais j'aurais adoré. Même si à la fois, ça me fait peur parce qu'on est un peu dépossédé de son corps et de ses manières. J'ai un corps assez élancé et la seule façon dont je me le réapproprie c'est à travers ma danse, je balance mes bras, comme un poulpe, c'est instinctif ! Tandis que sur un défilé, on t'impose ta façon de te tenir, de marcher... Donc même si ça me plairait de le faire, j'ai très peur de ne pas me sentir moi et en confiance. 

Pierre de Maere, en concert à Paloma à Nîmes, le 2 décembre 2023. Ouverture des portes à partir de 20h. Tarifs : 22€/26€ sur réservation - 25€/29€ le soir même.

Propos recueillis par Stéphanie Marin

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