Publié il y a 1 an - Mise à jour le 21.02.2023 - Anthony Maurin avec Villes d'art et pays d'histoire  - 4 min  - vu 825 fois

NÎMES "Faire" le chemin de Saint-Jacques sans sortir de la cité

Le chemin de Compostelle via Nîmes (Photo Archives Anthony Maurin).

Les Nîmois pourraient parfaitement et sans trop d'efforts faire quelques hectomètres du chemin religieux. Une balade sympa et atypique. 

C'est les vacances et il faut sortir car le temps le permet largement. Sans essence et avec un peu d'imagination, vous pouvez emprunter une portion du chemin de Saint-Jacques-de-Compostelle sans sortir de la ville. Laissez-vous guider.

Nîmes s’affirme depuis plus de vingt siècles comme carrefour sur la façade méditerranéenne de l’Europe. La Via Domitia relie cette métropole gallo-romaine tant à l’Urbs qu’à l’Espagne.

Le chemin de Compostelle via Nîmes (Photo Archives Anthony Maurin).

"Le christianisme venu, et avec lui le culte de Saint-Jacques, Nîmes a tout naturellement joué un rôle essentiel sur le fameux chemin. La ville de Saint-Castor témoigne d’une tradition d’accueil des pèlerins, notamment de ceux venus des contrées nordiques de l’Europe", expliquent le maire Jean-Paul Fournier et son ancien adjoint à la Culture, Daniel-Jean Valade. Mais les pélerinages sont bien plus anciens que cela et ont sans aucun doute forgé la Nîmes antique entre la Source et l'Augustéum.

Qui est Saint-Jacques ?

Jacques, évangélisateur de l’Espagne, fait partie des premiers disciples du Christ. En 42, il retourne en Palestine où il est arrêté et condamné à mort. Jacques devient alors le premier apôtre martyr. Selon la légende, le savant Hermogène et son disciple Philétus auraient enlevé le corps du martyr pour le déposer dans une embarcation laissée à la dérive, entre les mains de la divine Providence. Ainsi, le corps du saint échoue sur les rives de la Galice où il est enterré.

L'abbatiale de Saint-Gilles, inscrite sur la liste de l'Unesco grâce à ce chemin, a été récemment restauré et nécessite un passage si vous appréciez l'histoire religieuse du christianimse (Photo Archives Anthony Maurin).

En 1121, le pape Calixte fait de Compostelle une ville sainte comme Rome et Jérusalem. Il fait bâtir une cathédrale pour y recueillir les reliques. Afin d’assurer la dévotion de l’apôtre, il suscite l’écriture du Codex Calixtinus. Compostelle constitue avec Rome et Jérusalem un des lieux hautement symboliques de la chrétienté, aboutissement des trois plus importants pèlerinages du moyen-âge.

Un des quatre chemins est celui emprunté par la Via Tolosana qui passe par Toulouse, appelée aussi Via Arletanensis, car les pèlerins se rassemblaient à Arles ou encore Via Eagidia, l’abbaye de Saint-Gilles étant l’étape capitale de ce parcours. Ces chemins se rejoignent à Puenta la Reina en Espagne pour n’en former plus qu’un appelé Camino Frances, inscrit au patrimoine mondial de l’Unesco en 1993.

Le parcours nîmois

L’itinéraire proposé est un parcours contemporain. Les changements du paysage urbain, qui ont transformé la ville au cours des siècles et l’absence de sources historiques explicites, ne permettent pas de retracer le chemin des pèlerins au moyen-âge dans la ville actuelle.

Au XIIe siècle, les pèlerins sont accueillis dans un hôpital Saint-Jacques, installé à l’extérieur des remparts de la ville. De 1484 à 1660, l’accueil des pèlerins de Saint-Jacques se faisait à l'hôtel Dieu, l'ancien hôpital Ruffi que les consuls de Nîmes achètent pour y regrouper plusieurs hôpitaux de la ville. Il ne reste rien des bâtiments médiévaux détruits pendant les guerres de religion. L'hôtel-Dieu est reconstruit à la fin du XVIe siècle et sera agrandi à plusieurs reprises jusqu'au XIXe siècle.

Sur l’étape d’Uzès à Montpellier, l’arrivée à Nîmes est marquée par cette puissante tour octogonale, vestige du rempart de la ville romaine. Construite vers 16/15 av. J.C. autour d’une tour gauloise en pierres sèches, la tour romaine, la Tour Magne est donc le début de ce parcours et se composait de trois niveaux distincts au-dessus d’un soubassement.

Le Square Antonin (Photo Anthony Maurin). • Anthony MAURIN

En descendant la colline plantée au XIXe siècle sur l’initiative du maire Cavalier et du préfet Haussez, le promeneur arrive dans la partie basse des jardins de la Fontaine, aménagée au XVIIIe siècle par Jacques-Philippe Mareschal, ingénieur du roi et directeur des fortifications du Languedoc. Une fois sorti, il doit filer le long des quais jusqu'au square Antonin, construit en 1862 à l'emplacement d’un lavoir couvert sur les plans de l’architecte Henri Revoil. La statue de l’empereur romain Antonin le Pieux (86 – 161 ap. J.C.), dont la famille est originaire de Nimes, est une œuvre du sculpteur nîmois Auguste Bosc, élève de Paul Colin et de James Pradier.

La rue Auguste (Photo Archives Anthony Maurin).

Actuellement en travaux, mais inévitable quand on veut voir le temple antique, le marcheur devra emprunter la rue Auguste. Percée au début du XIXe siècle, cette rue révèle la Maison Carrée. L’alignement des façades est rythmé par des arcades rappelant celles des arènes et donne à cette rue un caractère empreint de romanité.

La Maison carrée est un passage obligatoire tout comme la rue Général Perrier qui vous amènera vers la rue des Lombards et la Place aux Herbes. Dans ce secteur, c'est la période médiévale qui est mise en avant car passer devant la cathdérale, atypique, vous fera à coup sûr entrer en son sein.

Les 4 crocodiles du grand escalier de l'Hôtel de Ville de Nîmes (Photo Anthony Maurin).

Via les rues des Marchands et de la Trésorerie, le Moyen-Âge sera encore bien présent dans des ruelles étoites et anciennes. Arrivé Place de l'Hôtel de ville ne manquez pas l'intérieur et les crocos suspendus mais avant cela, sur la place, levez les yeux et voyez le Jacquemart qui sonne les heures. Il était l’enseigne d’un horloger installé jadis dans cette maison dont la façade a été refaite au XIXe siècle. 

En ressortant de la Mairie, empruntez la rue de l'Aspic. Cet axe très commerçant et passager relie la place de l’Horloge aux Arènes. Sur le chemin, près du palais de justice moderne, se trouve la curieuse statue de l’homme aux quatre jambes qui n’est qu’un assemblage de différents fragments antiques en remploi.

Calme et sérénité pour la Maison Diocésaine, temporalité et enjeux à venir pour les jeunes catholiques gardois (Photo Anthony Maurin).

Passez ensuite devant les arènes puis sur l'Esplanade avant de rejoindre la Maison diocésaine, au 6 de la rue Salomon Reinach. Pour cela, empruntez la rue Monjardin, traversez le boulevard Talabot et continuez dans la rue Paul Painlevé en passant par la rue Sainte-Perpétue pour arriver à la rue Salomon-Reinach.

Anthony Maurin avec Villes d'art et pays d'histoire

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