Publié il y a 4 mois - Mise à jour le 29.11.2023 - Anthony Maurin - 3 min  - vu 220 fois

NÎMES Gestion de l’eau, lutte ancestrale et bataille judiciaire

Le rassemblement devant le Palais de Justice de Nîmes (Photo Anthony Maurin).

Un rassemblement avait lieu devant le tribunal de Nîmes pour soutenir la lutte contre le phénomène de bassine et super-bassine.

Le rassemblement devant le Palais de Justice de Nîmes (Photo Anthony Maurin).

L’eau est un bien vital et les enjeux qui gravitent autour de cette notion sont aussi vieux que l’Homme. Le 8 septembre dernier, neuf personnes étaient jugées au tribunal correctionnel de Niort pour s'être opposées aux constructions des méga-bassines dans les Deux-Sèvres. Parmi elles, trois représentants de la Confédération paysanne. Les motifs de poursuite étaient divers (organisation de manifestation interdite, vol à plusieurs...) et concernent tant les deux mobilisations à Sainte-Soline que le printemps maraîchin à la Rochénard.

Avec eux, étaient aussi jugés pour les mêmes motifs le secrétaire départemental de la CGT 79 David Bodin, le porte-parole de Sud Solidaires 79 Hervé Auguin, Benoît Feuillu et Basile Dutertre, militants des Soulèvements de la Terre, Julien Le Guet, porte-parole du collectif « Bassines non merci », ainsi que Nicolas Beauvillain, lui aussi militant de l’association. Le procès a été reporté à ce 28 novembre.

Pour soutenir leurs collègues, la Confédération paysanne du Gard, l'Union départementale CGT du Gard et l'Union syndicale Solidaires du Gard, appelaient à un rassemblement devant le tribunal de Nîmes pour dénoncer la criminalisation du mouvement syndical et la répression des luttes écologiques. « Nous appelons à ce rassemblement pour protester contre l'acharnement du Gouvernement et sa répression ignoble contre le mouvement écologiste, alors que l'état vient d'être condamné à détruire et remettre en l'état les lieux de toutes les méga-bassines illégales qu'il a soutenues et que le Conseil d’État vient d'annuler définitivement la dissolution des Soulèvements de la Terre », ajoutent Attac Nîmes, St Hilaire Durable, Attac Alès Cévennes, collectif Eaux à gué, Terres Vivantes en Cévennes, Ensemble! 30.

Bruno Rivier, secrétaire général de la CGT 30, est présent : « Si l'eau fait partie des produits de première nécessité, son partage est aussi un enjeu de lutte des classes. En effet, pourquoi une minorité, qui fait partie des plus aisées, s'accaparerait le droit de s'en emparer et de la stocker au détriment d'une majorité ? Aujourd'hui, personne ne peut plus nier les conséquences de ce capitalisme totalement débridé, sur notre climat et sur notre planète. Le défi climatique est aussi un défi social et la CGT y a toute sa place. »

Et le syndicaliste de poursuivre : « Depuis plus de sept ans, l’UD CGT des Deux-Sèvres est engagée dans la lutte contre les méga-bassines auprès de 200 organisations. Pour la CGT, nous ne pouvons que nous opposer à l'accaparement privé de ce bien commun qu'est l’eau, car nous voulons décider d'une meilleure utilité de l'argent public, de nos impôts, qui servent à plus de 70 % à financer des biens privés. Ce qui se passe dans les Deux-Sèvres, c'est la privatisation d'un bien commun au profit d'une toute petite minorité qui travaille sur des préceptes capitalistes d'agrobusiness dépassés, et nous nous devons d'être solidaires et d'y mettre fin. Si des manifestations ont été organisées, si des actes forts de désobéissance ont été réalisés, c'est bien pour demander un dialogue et un moratoire qui arrête toutes nouvelles constructions, jusqu'à expression totale de la démocratie sur ces projets. »

Plus proche, dans le Gard, le collectif Eaux à gué dénonce un projet de méga-bassine à Rochegude. Comparable à celui de Sainte Soline, sur environ dix hectares (équivalent à 13 terrains de foot), il prévoit de stocker un volume d'eau de 600 000 m3 (soit 200 piscines olympiques). « Ce projet est porté par l'Association syndicale autorisée (ASA) de Saint-Jean-de-Maruejols gérant un réseau d'irrigation au profit d'exploitants agricoles de ce secteur. Actuellement, 1,2 million de m3 par an est prélevé dans la Cèze pour irriguer les vignes et les semences. »

Le rassemblement devant le Palais de Justice de Nîmes (Photo Anthony Maurin).

Selon l’association qui reprend les chiffres du Conseil départemental, le changement climatique provoquera une augmentation de l'évaporation et une diminution des précipitations et cela veut dire que pour le Gard il est prévu une augmentation des températures de + 4 à + 6°C d'ici 2100 et une baisse des débits des cours d'eau de - 30 à – 50 % d'ici 2050. Grosso modo en 2050 le climat sera celui de l’Andalousie actuelle, en 2100 celui de l'Afrique du Nord.

« Avec une pluviométrie insuffisante et un rechargement aléatoire des nappes en hiver, y aura-t-il suffisamment d'eau pour remplir cette bassine de 600 000 m3 ? Retirer l'eau des rivières perturbe le cycle de l'eau et a des conséquences désastreuses pour la faune, la flore et les populations et les activités en aval de la retenue. »

Anthony Maurin

Nîmes

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