Deux heures durant, à l'Université de Nîmes, une thématique d’importance réunissait les édiles via l’organisation de la SPL Agate. Pourquoi ? Pour sortir du quotidien afin de reprendre le contrôle stratégique des événements ou encore pour susciter l’adhésion aux projets mis en place par les politiques. Une session animée par François Lanstroffer, coordinateur du réseau CRÉON - Un monde d'avenir et par Hubert Vialatte, journaliste aux Échos.

Créée en mai 2012, la SPL (société publique locale) Agate, accompagne ses communes actionnaires, présentes sur le territoire de Nîmes Métropole, pour des opérations d’aménagement, de construction ou d’exploitation de services publics à caractère industriel, commercial, ou toute autre activité d’intérêt général.

Elle est un accélérateur de l’attractivité territoriale sur le plan de l’urbanisme et du développement économique. À ce titre, La SPL Agate est considérée comme un outil de développement traduisant les ambitions des collectivités partenaires. Pour l’ensemble de ses missions, la SPL Agate intervient dans l’intérêt commun de ses actionnaires publics et sur leurs seuls territoires.

C’est donc fort logiquement quelle tenait à rappeler les basiques de l’action publique en ces temps difficiles. En effet on ne cesse de parler de crises climatique, sociale, économique, sanitaire, géo politique...

Ce rendez-vous devait au moins tenter de répondre à quelques questions essentielles comme : Qu'est-on en train de vivre ? Quelles sont les tendances lourdes mondiales à l'œuvre ? Quels scénarios faut-il éviter à l'échelle locale ? Que doit-on préserver absolument ? Quel cap ? Quelle trajectoire porteuse d'avenir pour nos territoires ? Comment mobiliser l'intelligence collective, retisser le lien social, réenchanter le vivre ensemble ? Vaste programme pour un séminaire d’orientation stratégique.

Pour Julien Plantier, président de la SPL Agate, « Nous sommes des aménageurs du territoire et on arrive à un virage que l’on peut aborder ensemble pour travailler avec la tête sortie du guidon et du quotidien. Il nous faut un temps de réflexion et matérialiser ces échanges est une bonne chose. Nous devons aborder bon nombre de questions, nous allons partir de notions abstraites mais nous allons vite revenir à la réalité des choses et dans les concrétisations ! Merci à la commune de Marguerittes qui est déjà lancé dans ce genre de procédé. Nous avons longtemps été très vertical pour la prise de décision, nous devons peut-être changer pour monter de nouvelles opérations. Nous ne réinventons rien mais nous voulons prendre en compte des éléments que nous ne connaissons pas forcément pour être plus en phase avec l’attente des concitoyens, pour mieux faire. On part presque d’une page blanche mas cela n’est pas un aveu de faiblesse ! »

De son côté, François Lanstroffer est cash. « Certaines personnes pensent que ce que je vais dire est hors-sol, complexe. C’est vrai mais la crise actuelle est complexe et nous devons prendre un peu de hauteur. Il faut se dire les choses et relevé le défi de cette crise systémique. Notre ingénierie peut déployer une stratégie qui lui permet d’être résilient comme un roseau. Le cœur du réacteur c’est l’intelligence collective. »

Pour lui la formule de l’intelligence collective c’est 1+1=3 mais il ne faut pas la donner aux ados ! C’est la force des synergies. Une approche globale qui pense la vie de la cité dans dix ans. « Les élus savent que ça sent le roussi… Ce n’est pas 2008, c’est beaucoup plus grave et on ne sait pas quoi faire. Nous, nous apportons des solutions, nous accompagnons l’élu. »

Un exemple ? Le rôle de l’enquête publique. Son rôle sert à tranquilliser les politiques des attaques au niveau de la législation. Elle est rarement bien organisée tout comme la concertation qui est souvent éludée. De nombreux citoyens pensent réellement qu’il n’y a pas de réelle volonté d’avoir l’avis de la population pour influencer les projets d’urbanisme.

La conférence débute avec quelques citations. Celle d’Antonio Gutterez, secrétaire général de l’ONU tape dans le vrai. « L'ère du réchauffement climatique est terminée, place à l'ère de l'ébullition mondiale ». Plus philosophique, Edgar Morin pense quant à lui que « L'humanité entière est confrontée à un ensemble entremêlé de crises qui, à elles toutes, constituent la Grande Crise d'une humanité qui n'arrive pas à accéder à l'Humanité. » Assez décourageant comme idée mais l’Homme n’est pas franchement costaud et il est toujours rappelé à l’ordre de ses contingences. Sitting Bull songeait que « Quand le dernier arbre sera abattu, la dernière rivière empoisonnée, le dernier poisson capturé, alors le visage pâle s'apercevra que l'argent ne se mange pas. » Un éloge de la décroissance, anticipateur. « Il faut procéder à un reset ! Ça pète un peu partout… » lance François Lanstroffer en rappelant la multiplication des situations explosives dans le monde comme en France.

Au programme

Pourquoi ? Les tendances lourdes mondiales et le temps des défis existentiels. Objectiver et relier entre eux les chocs sanitaires, économiques et géo politiques, sociaux et démocratiques et bien sûr climatiques actuels. Dérèglement climatique et multiplication des catastrophes (inondations, canicules, méga incendies...). Récession économique et instabilité financière, instabilité géo politique, protectionnismes et guerres commerciales, montée des tensions identitaires et des conflits sociaux ou encore raréfaction et/ou renchérissement des ressources (hydrocarbures, céréales, eau...).

Quoi ? Construire un monde d'avenir à l'échelle locale. Description des fondements d'un développement local porteur d'avenir. Les indicateurs de vulnérabilité d'un territoire au regard des tendances lourdes mondiales. Les nouveaux axiomes (principes porteurs) du développement local. La modélisation et la concrétisation du principe de résilience. Les 10 processus de vie universels à préserver.

Comment ? Stratégie de résilience et mobilisation de l'intelligence collective. La démarche méthodologique permettant de mobiliser l'intelligence collective et d'assurer un développement local résilient. Définition des enjeux de l’intelligence collective, l’état social et démocratique de la France, les trois scénarios à éviter absolument ou encore le processus de mobilisation de l'intelligence collective. Enfin, application à la revitalisation/dynamisation d'un centre bourg/ville et choix de l'angle stratégique (petits cailloux, grande cause ou projet d'ensemble ?).