Dernière ligne droite après un an et demi de préparation notamment logistique. L'adjudant-chef Pierre-Ann s'apprête à avaler quelque 3 800 kimolètres de bitume à travers la France, au guidon de son vélo. Un défi fou lancé en partenariat avec l'Office national des combattants et des victimes de guerre, qui n'est pas personnel mais altruiste, en soutien aux blessés physiques ou psychiques des armées et de leurs familles. Environ 7 000 militaires sont accompagnés par le Groupement de soutien de la base de défense de Nîmes-Laudun-Larzac, lequel couvre les départements du Gard, de l'Hérault, l'Aveyron et la Lozère. 

Si chaque année, des opérations de soutien sont organisées partout sur le territoire national et notamment sur la base de Garons, cette fois-ci, alors que le départ à la retraite s'approche après 38 années de carrière militaire, le chef de l’espace Atlas (Accès en tout temps tout lieu au soutien), a tenu à sortir l'événement de la confidentialité, non pas pour lui encore une fois, mais pour "ces militaires qui ont besoin d'être aidés, pour leur permettre de se reconstruire, permettre dans certains cas, aux familles d'être auprès d'eux...", indique l'adjudant-chef Pierre-Ann, encouragé par le lieutenant-colonel Philippe.  

Environ 24 000 mètres de dénivelé positif

Ainsi tout au long de son périple, rappelons-le de près de 4 000 kilomètres et environ 24 000 mètres de dénivelé positif, il fera étape dans plusieurs groupements de soutien socle, à Toulouse, Bordeaux, Poitiers, Rennes, Brest, Lille, Besançon, Lyon par exemple et même Ventiseri en Corse avant son retour à Nîmes, prévu le 14 juin. Chaque escale sera l'occasion de rendre hommage à ses frères d'armes et de collecter des fonds pour aider les plus fragilisés.

Bien sûr, l'adjudant-chef Pierre-Ann se prépare physiquement à la performance sportive, il parcourra en moyenne entre 110 et 130km par jour, sans aucune assistance électrique, simplement suivi d'un véhicule pour assurer sa sécurité. Le cycliste passionné s'accordera tout de même une pause d'une journée tous les six à sept jours. Deux points de difficultés ont d'ores et déjà été identifiés sur la carte de France : "La Bretagne, un secteur très vallonné, avec des bosses courtes mais à répétition, analyse le militaire, lequel devrait être accompagné sur quelques kilomètres par des militaires blessés. Et les Alpes, d'autant que là je serai sur la fin de l'aventure." 

"Aujourd'hui, je me sais très attendu dans de nombreux endroits"

Mais pour l'homme en treillis âgé de 55 ans, la douleur physique, la fatigue, les possibles mauvaises conditions climatiques etc, ne sont pas des paramètres inquiétants. "D'ailleurs, ce n'est pas une course, je ne joue pas le chrono. Je pense que ce qui va être le plus compliqué à gérer par contre, c'est l'aspect émotionnel. Aujourd'hui, je me sais très attendu dans de nombreux endroits." Vous avez beau le savoir, l'anticiper, l'émotion si elle vous chope au tournant, elle vous submerge, il n'y a rien à faire. Mais c'est aussi cette émotion qui rendra cet événement inoubliable, l'adjudant-chef Pierre-Ann n'a pas l'intention de lutter contre.