Publié il y a 1 an - Mise à jour le 03.02.2023 - Coralie Mollaret - 4 min  - vu 1042 fois

L’INTERVIEW Le vice-président RN, Sébastien Chenu : « Le Gard est une vitrine pour le RN, un modèle »

Sébastien Chenu

Sébastien Chenu député RN du Nord dans l'hémicycle de l'Assemblée nationale. 

- Photo MaxPPP

L’Assemblée nationale s’apprête à examiner la polémique réforme des retraites. Deux manifestations sont prévues les 7 et 11 février par l’ensemble des syndicats qui refusent de voir les élus du Rassemblement national (RN) y participer. Ce vendredi, le député RN du Nord et vice-président de l’Assemblée nationale fait étape dans le Gard. Un sujet qu’il évoquera certainement avec les adhérents de la fédération à 18 heures au Grand Hôtel de Nîmes.

Objectif Gard : Quel est l’objet de votre visite dans le Gard ?

Sébastien Chenu : Comme beaucoup de cadres de notre mouvement, je fais une tournée des fédérations. On m’a fléché pour aller dans plusieurs départements pour échanger avec nos militants sur les problématiques à venir, les mobilisations. Ça nous permet aussi de dessiner de nouvelles perspectives pour notre arrivée au pouvoir.

La fédération RN revendique 1 800 adhérents. Le Gard est-il un département important pour le RN ?

Bien sûr, c'est une fédération importante. On compte quatre députés dans le Gard sur les six du département. Nous avons beaucoup d’adhérents, d’élus, de conseillers départementaux et régionaux ainsi qu’une mairie d’importance : Beaucaire. C’est aussi un département où Marine Le Pen à fait 52 % au second tour de la présidentielle. Le Gard est une vitrine pour le RN, un modèle.

« Julien Sanchez ne met pas le drapeau dans sa poche »

Quelles relations entretenez-vous avec le maire de Beaucaire, Julien Sanchez ? Ce maire a été condamné plusieurs fois pour la mise en place d’une crèche dans sa mairie ou la fin des menus sans porc à la cantine.

Je m’entends très bien avec lui. Nous sommes tous deux vice-présidents du mouvement. Julien Sanchez ne met pas le drapeau dans sa poche et assume ses convictions. Les citoyens de Beaucaire sont reconnaissants puisque Julien Sanchez a été réélu dès le premier tour. Il fait partie des maires qui vont au bout de leurs convictions…

Quitte à enfreindre la loi ?

Julien Sanchez mène un combat juridique et politique. Vous savez, moi, à l’Assemblée, j’entends des députés qui disent qu’il faut faire fi d’un certain nombre de contraintes législatives. Et puis, Julien Sanchez est soutenu par sa population. Ça lui donne de la force.

Quel regard portez-vous sur les premier pas de votre président, Jordan Bardella ?

Un regard bienveillant. Le RN a pu démontrer qu’il était capable d’élire un successeur à Marine Le Pen. Quand on voit le triste spectacle donné par le Parti socialiste ou La France insoumise dans leur processus interne. Ils nous donnent beaucoup de leçons, mais dès qu’il y a un rapport à la démocratie, ils ne sont pas au rendez-vous !

Candidat à la présidence, Louis Aliot a échoué face à Jordan Bardella. Il est aujourd'hui vice-président. L'avez-vous senti amer après sa défaite ?  

Non, il n’y a eu aucune crispation. Louis Aliot est un personnage central de notre mouvement, maire de la plus grande commune détenue par le RN. Jordan a la charge de préparer l’avenir, en défrichant des territoires intellectuels sur lesquels on ne nous attend pas forcément comme l’écologie ou l’éducation. Mais franchement, ça c'est très bien passé entre eux. Il n'y a pas eu de nouvelles guerre Copé/Fillon ou Aubry/Royal ! 

D'ailleurs, vous êtes un ancien membre de l'UMP (aujourd'hui Les Républicains). Vous avez même été adhérent de Démocratie Libérale. Ce mouvement qui n'a rien à voir avec la ligne économique défendue par Marine Le Pen... 

Non, ce n’est pas vrai. Si je me suis engagé dans ce mouvement, c'est pour défendre le « non à Maastricht » lors du référendum en 1991. Il y avait des tenants hostiles à cette ligne européenne. Je me suis construit dans cette ligne.

Vous êtes vice-président de l’Assemblée nationale. La majorité présidentielle a accepté de partager ce poste avec vous. En quoi consiste-t-il ?

Effectivement, ce n’était pas une obligation. Ils l’ont également fait pour La France insoumise. Mon rôle est de remplacer la présidente de l’Assemblée nationale (Yaël Braun-Pivet, NDLR) au perchoir. J’y serai d’ailleurs mardi et mercredi soir. Le symbole est intéressant : c’est une manière pour nous d’exercer des responsabilités d’arbitre. Lorsque vous présidez une séance, vous n’êtes plus membre d’un parti, vous êtes impartial. J’ai également une délégation : la gestion des 60 groupes d’étude de l’Assemblée sur des sujets variés. Par exemple : Nicolas Meizonnet est vice-président du groupe Camargue, Pierre Meurin est membre de celui sur les transports et la sécurité routière et Pascale Bordes sur la prostitution.

« Je me fous complètement de ce que pense la CGT »

L’actualité est marquée par le débat autour de la réforme des retraites. La CGT refuse de voir des élus RN dans les cortèges. Qu’en pensez-vous ?

Je me fous complètement de ce que pense la CGT qui a appelé à voter Emmanuel Macron pour battre Marine Le Pen. Les syndicats ne sont pas propriétaires de l’espace social. D’ailleurs, il y a plusieurs espaces : la rue certes, mais aussi l’Assemblée nationale qui est notre champ de bataille et l’espace médiatique avec des invités de tous styles qui font progresser le débat. Après, le parti n’a pas appelé à manifester. Je crois d’ailleurs que Marine Le Pen n’a jamais manifesté de sa vie !

Aujourd’hui, on a toutefois le sentiment que c’est la Nupes qui s’impose comme la principale force d’opposition dans le combat contre la réforme des retraites…

Pas du tout ! Les députés de la Nupes viennent de déposer 15 000 amendements contre cette réforme. Ce sont des enfantillages puisque le 17 février, si les débats ne sont pas terminés, la loi sera adoptée de fait. On va passer des heures et des heures à examiner des amendements illisibles… Ce n’est pas sérieux. C’est pourquoi j’ai déposé une motion référendaire.

De quoi s’agit-il ?

Nous voulons un référendum pour demander l’avis des Français. Pour ce faire, il faut que l’Assemblée puis le Sénat et enfin le président de la République l’autorisent.

Autrement dit, ça ne se fera jamais !

Non, il ne faut pas dire ça. Si une telle motion est adoptée, ça envoie quand même un signal fort. Charge à présent aux forces d'opposition de la voter. S'ils ne le font pas (la Nupes, NDLR), ils ne seront pas cohérents et montreront qu'ils privilégient leur tambouille politicienne. Ils iront s'expliquer devant leurs électeurs !

Coralie Mollaret

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