Dernier budget de la mandature Fournier. Un moment non sans émotion pour l’édile, 79 ans, et sa majorité. Illustrant les choix politiques de l’équipe en place, le vote du budget fait toujours débat. D’autant plus à moins de trois mois des élections. L’adjoint aux Finances, Frédéric Escojido, rappelle les grandes lignes : « Un exercice de 402 M€ avec le budget principal, la rénovation urbaine et les cadereaux. En fonctionnement, il s’élève à 269 M€ et 125 M€ en investissement avec une épargne nette de 18 M€. » La dette s’établit à 174,5 M€, « soit un ratio de désendettement à environ 5 ans. »
Le président du groupe Nîmes citoyenne à gauche, Vincent Bouget, tique : « Bon, vous l’avez reconnu vous-même, le vrai budget sera celui de la décision modificative au printemps », soit après les élections. L’édile - par ailleurs candidat aux municipales - remarque « des écarts de chiffres » avec les documents présentés lors du rapport d’orientation budgétaire, « notamment sur la baisse des subventions aux associations… ». « Vous ne savez pas lire ! », lui répond l’adjoint aux finances, « Il ne faut pas confondre les subventions aux 500 associations et la globalité du montant, soit 8,6 M€ élargis à la culture, le sport, la santé et les actions sociales. » Si le diable se cache dans les détails…
Les Antonins et la Bastide : la Ville propriétaire d'ici au 7 février
En revanche, Vincent Bouget, comme le président du groupe Nîmes avenir Julien Plantier - lui aussi candidat aux municipales - ont bien lu « l’absence de ligne budgétaire » concernant le dossier brûlant du Nîmes Olympique : « Vous avez inscrit 900 000 € pour la rénovation de la salle des Costières, mais rien sur le rachat des Antonins et de la Bastide. Même si on attend le chiffre des Domaines, on parle de 6,8 M€… Vous vous êtes engagés sur des projets sans prévoir de les financer ? » Frédéric Escojido lui répond que « oui », la ville attend une estimation des Domaines, mais il assure : « Cette année, nous avions contracté un emprunt de 10 M€. Il pourra être mobilisé au premier trimestre 2026. » « Ce qui fera augmenter la dette ! », soupire Vincent Bouget.
Plus tard, le premier adjoint Franck Proust, lui aussi prétendant au fauteuil de maire, précise : « J’ai pris l’engagement auprès de la DNCG (Direction nationale du contrôle de gestion) que la ville de Nîmes serait, au plus tard le 7 février, propriétaire des Antonins et de la Bastide. » Dans une longue (très longue) intervention sur les « sept piliers » de la politique nîmoise, Franck Proust a rendu hommage au maire : « Nous sommes fiers d’avancer avec toi, d’agir et de tenir. » Le maire a parfois fait sourire son auditoire par ses remarques spontanées. Lors de l’intervention de son opposant Yvan Lachaud, Jean-Paul Fournier s’adresse à son directeur de cabinet : « Qu’est-ce qu’il demande, lui ? » Une remarque dont tout le monde a pu profiter puisque son micro était encore allumé…
François Courdil et Vincent Bouget croisent le fer
Autre délibération à avoir enflammé le conseil : une aide de 14 000 € du Conseil départemental pour le centre Jean-Paulhan. Jusque-là rien d’anomal. Sauf que l’adjoint aux centre sociaux, François Courdil, en a profité pour dénoncer la politique du Département : « Cette bonne nouvelle masque une autre réalité, beaucoup moins réjouissante : parmi nos six centres sociaux, le centre Jean-Paulhan sera le seul à bénéficier cette année d’un financement départemental. » Une aide donc de 14 000 contre 180 000 euros versés par an. Même s’il est à noter que le financement des centres sociaux ne fait pas partie des compétences obligatoires de la collectivité.
Cette sortie de François Courdil a été saluée par les « bravo » de Franck Proust et les applaudissements nourris de l’adjointe Monique Boissière. Vincent Bouget, par ailleurs vice-président du Département, n’est pas du tout d’accord. Il demande la parole. « Tiens, on va voir si vous avez la réponse », lance Jean-Paul Fournier. C’est visiblement le cas : « Toutes les demandes ont été faites hors délais ! Nous avons tous les documents. Les services ont rappelé plusieurs fois pour que les dossiers complets soient déposés à temps. À noter aussi que le centre social Simone-Weil n’a pas déposé de dossier. » « C’est faux ! », répond François Courdil. Un échange sur, on l’aura compris, un air de campagne électorale…
Tarifs des corridas : « une honte » pour Sylvette Fayet
Enfin, une autre délibération a fait bondir l’élue d’opposition, membre du groupe Nîmes citoyenne à gauche, Sylvette Fayet. Cette dernière concerne le tarif des corridas. La Nîmoise dit « avoir honte » de la nouvelle grille tarifaire proposant une hausse de 50 centimes des places PMR (Personne à mobilité réduite) : « Vous décidez d’augmenter ces tarifs pour 11 € de recettes supplémentaires ! Je trouve cette augmentation déplacée, absurde et sans intérêt. D’autant que les personnes PMR n’ont pas le choix de leur place et que les accompagnants sont obligés de s’asseoir trois rangs derrière. C’est une honte ! » Sans grande surprise, l’adjoint à la Tauromachie, Frédéric Pastor, n’est pas d’accord : « Vous oubliez de dire l’essentiel… La place de l’accompagnant bénéficie aussi du tarif PMR de 25,50 € alors que la situation géographique affiche normalement un tarif à 117 €. » Ce qui est surtout « normal », c’est finalement cette séance du conseil municipal, à trois mois d’un scrutin où chaque détail compte.