Publié il y a 11 mois - Mise à jour le 10.05.2023 - Abdel Samari - 2 min  - vu 712 fois

ÉDITORIAL Santé et profit ne font pas bon ménage

bonnefon
Photo Tony Duret

Faire appel au privé pour porter la responsabilité de la santé, est-ce pertinent ? Depuis longtemps, les cliniques remplissent parfaitement la mission de coopération territoriale avec l'hôpital public. La crise covid est venue renforcer le phénomène. Mais alors que le monde hospitalier est en souffrance, comment faire en sorte que les activités privées soient une solution et non un problème ?

Véritable renfort de l’hôpital public pendant la crise sanitaire, les établissements de santé privés sont aujourd'hui un atout dans l’accès aux soins des Français, aux côtés de l’offre publique. Prenons le groupe Elsan, il est l'un des leaders de l’hospitalisation privée, regroupant près de 140 hôpitaux privés répartis dans toutes les régions de France. Dans le Gard, on retrouve le groupe aux Franciscaines, à la polyclinique Grand Sud et à la clinique Bonnefon à Alès. Une bonne nouvelle dans la répartition des soins dans un département rural comme le nôtre. Une réalité qui prend tout son sens selon une enquête Viavoice en 2021, qui montre que 73 % des Français estiment que la collaboration entre les hôpitaux publics et les cliniques privées doit être organisée sur l’ensemble du territoire. C'est déjà le cas, l'hospitalisation privée a pleinement sa place dans le système de soin français. C’est plus de la moitié de la chirurgie, et entre 30 et 40% des séjours selon Thierry Chiche, PDG du groupe Elsan. Pourtant, la réalité des besoins dépasse aujourd'hui les capacités ou les objectifs de certaines structures privées. Alors que l'on pouvait espérer un engagement de tous les acteurs, le monde privé, soumis aux mêmes problématiques que le public, aurait tendance au désengagement des soins d'urgence. Ce qui met aujourd'hui le monde hospitalier un peu plus la tête sous l'eau, et sans tuba. Il suffit de lire le communiqué de l'Agence régionale de santé (ARS) Occitanie hier matin pour mesurer l'ampleur de la situation. L’ARS Occitanie forcée de demander l'engagement de l’ensemble des services d’urgence et de permanence des soins conformément aux obligations réglementaires des établissements. Et l'agence de santé pointe du doigt directement la clinique Bonnefon et son service d’accueil des urgences. Elle demande expressément qu'il puisse continuer à fonctionner 24/24h à l’approche de la période estivale, et notamment les week-ends. Le danger est là : sans les urgences de la clinique, et au regard des besoins de la population et de la fréquentation touristique supplémentaire en période de vacances, la prise en charge des soins urgents dans ce territoire du Gard pourrait être en danger. Comment modifier la donne ? Avec plus d'argent pardi ! Face à l'inflation et à la pénurie de personnel, le secteur privé réclame une revalorisation du tarif des actes médicaux. Thierry Chiche, président d'Elsan, toujours lui, a rappelé dernièrement que son groupe n'avait réalisé en 2021 que 4 millions d'euros de résultat net pour 2,6 milliards de chiffres d'affaires. Santé et profit, on en revient toujours à la même chose...

Abdel Samari

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