PONTEILS-ET-BRÉSIS Le centre hospitalier s'ouvre au sous-préfet dans toute sa démesure
Ouvert il y a presque cent ans, l'hôpital que les locaux appellent encore "le Sana" est rénové petit à petit. Mais une grande part de sa surface reste inexploitée, en raison du manque de praticiens et de budgets serrés. Le sous-préfet d'Alès, Émile Soumbo, est venu prendre la mesure de ce qu'est ce centre hospitalier, qui dépend, depuis 2016, du centre hospitalier Alès-Cévennes (CHAC). L'établissement a vu arriver, début février, une directrice déléguée, après trois mois de vacance.
L'équipement paraît hypertrophié par rapport à la campagne qui l'entoure. Pourtant, quand il a ouvert, en 1927, son isolement était une nécessité : le Sanatorium n'accueillait que des femmes adultes atteintes de tuberculose. Une première, à l'époque. Mais la vocation a fait long feu, et c'est en hôpital de proximité que Ponteils s'est réinventé, en 1976. En cumulant, aujourd'hui, les problèmes du secteur de la santé et ceux de l'éloignement géographique.
En 2017, alors qu'il fêtait ses 90 ans, l'hôpital Les Châtaigniers de Ponteils comptait encore 75 lits (relire ici). On en est bien loin aujourd'hui, dans la présentation qu'en fait Pascal Westrelin, notamment directeur des affaires générales au Chac, ce jeudi 29 février, à l'occasion de la visite du sous-préfet d'Alès, Émile Soumbo. Le service de soins et de rééducation (SSR) compte 17 lits contre 11 pour la médecine et 4 d'hospitalisation. Quant à l'Ehpad, il accueille vingt personnes âgées et dix autres, qui souffrent de troubles cognitifs, en unité fermée. Un service de soins infirmiers à domicile (SSIAD) de 43 places est également basé à Ponteils. Une infirmière coordinatrice et sept aide-soignantes couvrent un rayon compris entre 30 et 40 kilomètres de onze communes, sur les routes étroites et sinueuses des alentours.
Tout ceci reste réduit pour un bâtiment dont l'emprise au sol atteint les 180 mètres de longueur, sur trois niveaux. Mais dont l'utilité ne se discute pas pour les locaux, qui vivent à près d'une heure d'Alès. Rééducation orthopédique, pneumologie ou retour à l'autonomie sont plébiscités au sein du SSR, tout comme ne se discutent pas l'utilité des soins de confort ou palliatifs, ainsi que l'accompagnement du patient et de son entourage au sein du service médical.
Un ascenseur installé "dans le mois qui vient"
Pascal Westrelin liste à Émile Soumbo les derniers travaux réalisés, qui concernent bâtiments et équipements : la réhabilitation du SSR, les plafonds de l'Ehpad, qui ont gagné en luminosité, le goudronnage du parking "pour faciliter le parcours des personnes âgées". Et les projets, comme la pose de l'ascenseur, "qui devrait être installé dans le mois qui vient". Quant aux enjeux, pour le directeur-adjoint de l'hôpital, ils sont majoritairement liés à la hausse de l'offre de services et à la recherche de personnels motivés.
"Il faut recouvrer la pleine capacité du SSR, poursuit Pascal Westrelin ; anticiper des recrutements médicaux, qui restent une denrée rare ; poursuivre une politique de recrutement, redéfinir le projet architectural, retrouver l'équilibre financier, ou encore lutter contre l'absentéisme." Émile Soumbo s'inquiète des raisons de ce dernier point. Murielle Plaza, directrice déléguée, avance "une moyenne d'âge élevée des soignants", dont certains présentent des troubles musculo-squelettiques.
"La logique d'aménagement se heurte à la logique économique"
Pascal Westrelin, directeur des affaires générales du centre hospitalier Alès-Cévennes
"La logique d'aménagement se heurte à la logique économique. On ne va pas fusionner l'Ehpad de Génolhac, de 42 lits, avec celui de Ponteils", rassure Pascal Westrelin, qui pense que ce serait contraire à la logique du territoire. "Mais, en desosus de 70 lits, l'équilibre économique est difficile." Côté personnel, "le grand enjeu, c'est l'attractivité, poursuit le directeur-adjoint du CHAC. De celle-ci découle l'offre de soins. Il faut préserver le dialogue social, la qualité au travail. Mais on n'attrape pas non plus les mouches avec du vinaigre. Et nous ne sommes pas, non plus, une clinique privée."
Au sous-préfet, qui s'interroge sur les sollicitations du service en période estivale, Pascal Westrelin voit "un enjeu sur le centre de soins non programmés". Sans pour autant assurer un travail du niveau des urgences, en raison de la seule disponiblité de "l'imagerie conventionnelle", sans scanner ni IRM. "Il y aurait plus de soins en été, répond Pacsal Westrelin. Mais ouvrir et fermer une activité comme un robinet, ce n'est pas vraiment possible."
"L'hôpital de Ponteils est le plus gros employeur entre Mende et Alès"
Pierre De La Rue Du Can, maire de Ponteils-et-Brésis
"Nous souhaitons que l'établissement puisse assumer pleinement sa fonction, plaide le maire de Ponteils-et-Brésis, Pierre De La Rue Du Can. C'est aussi un enjeu économique : l'hôpital de Ponteils est le plus gros employeur entre Mende et Alès." Et pourrait l'être encore plus, quand toute la partie centrale du bâtiment, aux étages, est traversée par un couloir interminable, alors que SSR et Ehpad sont situés à des angles opposés du bâtiment. Dans la grande partie centrale du bâtiment, non-chauffée heureusement (l'hôpital passe déjà 180 000 litres de fuel par an...), les pièces affichent toutes "local non-affecté" et la poussière s'y accumule.
"Sur la médecine, avec onze lits, on est à notre niveau d'autorisation, tempère la directrice, Murielle Plaza, qui souhaite optimiser les hospitalisations de jour. Le SSR pourrait monter à 34 en capacité maximale." Elle attend deux nouvelles infirmières, soit d'anciennes aide-soignantes qui ont bénéficié du plan de formation de l'hôpital, "très riche ici", insiste-t-elle.
300 000 € de travaux projetés sur l'année 2024
Une nouvelle directrice qui se projette dans son établissement. Avec l'ascenceur et le hall d'accueil, 300 000 € de travaux sont déjà projetés sur l'année 2024. Murielle Plaza pense aussi isolation, alors que celle-ci est du niveau de ce qui se faisait en 1927. Un projet, par l'extérieur, existe, mais il induirait une dépense annuelle de 180 000 € pendant trois ans. Sans oublier que la chaudière est à refaire.
"Il y a une vraie réflexion à avoir sur ce qu'on fait de ce bâtiment", insiste Murielle Plaza, alors qu'un autre édifice face au hall d'accueil, de près de 40 mètres de longueur, est déjà inexploité et garde les volets fermés. Le sous-préfet d'Alès évoque la pose de panneaux photovoltaïques sur l'immense toiture de l'hôpital, plutôt bien orientée. Une suggestion sur laquelle travaille déjà la direction de l'hôpital.
"Nous sommes clairement sur une logique de territoire, argumente Murielle Plaza. L'hôpital a une place à jouer dans ce bassin de vie, alors que la population est âgée et que les indicateurs de précarité sont assez élevés." En mai, en partenariat avec la Cézarenque, une journée d'information aura lieu sur la prévention en matière de médecines des femmes, exclusivement, entre 15 et 77 ans. En septembre, une seconde journée sera dédiée à la prévention de la dépendance. Deux journées qui participent justement du rôle que veut jouer l'établissement envers la population de son bassin de vie.
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