Publié il y a 20 jours - Mise à jour le 23.11.2024 - Propos recueillis par Louis Valat - 6 min  - vu 349 fois

L'INTERVIEW SPORT Vincent Dijoux, entraîneur Alès Agglo Volley-ball : « L'idée est de faire renaître le volley sur le bassin alésien »

Vincent Dijoux.

- Louis Valat

Lancée en début d’année à la demande du club, l’équipe senior masculine d’Alès Agglo Volley-Ball impressionne déjà par ses bonnes performances. Mais pour Vincent Dijoux, l’entraîneur et fondateur de cette équipe, le défi ne fait que commencer. Il appelle à un soutien accru pour redonner au volley alésien l’élan qu’il avait à l’époque du CAC.

Objectif Gard : Le club Alès Agglo Volley-ball a connu plusieurs évolutions ces dernières années. Comment est née l'idée de créer une équipe masculine de niveau régional ?

Vincent Dijoux : Jusqu'à l'an dernier, le club comptait trois équipes engagées en championnat régional : les moins de 18 ans garçons, les moins de 18 ans filles, et les seniors féminines. Quand je suis arrivé à Alès, j'ai réfléchi et me suis dit que c'était dommage qu'un club comme le CAC, connu à l'époque, n'ait pas vu renaître une dynamique autour du volley d'un niveau plus intéressant pour promouvoir ce sport dans le bassin alésien. En cherchant un club, je me suis rendu compte que le niveau était limité au loisir. En regardant le championnat Alès Ville (championnat loisir mixte regroupant plus d'une quinzaine d'équipes autour d'Alès, NDLR), qui regroupe des équipes comme Saint-Jean-du-Gard, Anduze, Boisset et Gaujac ou La Grand'Combe, j'ai vu des profils prometteurs. Je me suis demandé si on ne pourrait pas monter une équipe régionale masculine sous l’identité du club d’Alès. J’en ai parlé à la présidente du club, Cécile Soenen, et au bureau, qui m’ont répondu : « Pourquoi pas, mais il faut trouver 14 joueurs ». J’ai donc commencé à recruter, en m’appuyant sur des contacts à Alès et dans les environs. Certains joueurs, que je connaissais déjà, ont été motivés par le projet. En mars, on a obtenu un créneau d’entraînement pour préparer la saison, qui a démarré en septembre 2024. Finalement, en combinant ces efforts et en cherchant un peu partout, j’ai pu réunir les 14 joueurs nécessaires pour lancer l’équipe régionale.

« Le club aide quand il le peut, mais il n’a pas les moyens d’un OAC, qui reçoit 150 000 € de dotation par les collectivités, ce qui est loin d'être notre cas. Restons pragmatique, Il n'y a là rien de comparable après tout. »

Vincent Dijoux, entraîneur de l'équipe senior masculine de l'AAVB

Comment avez-vous financé la création et le fonctionnement de cette équipe masculine régionale ?

Les financements ont été un vrai défi dès le départ. Il fallait trouver de quoi engager l’équipe, acheter les jeux de maillots, couvrir les frais de déplacement… Nous avons donc cherché des sponsors et des partenaires pour ramener un peu d’argent au club. Malgré cela, les frais de déplacement restent à la charge des joueurs, sauf pour les équipes de jeunes. C’était clair dès le départ : si on veut avancer, il faut être autonome. Le club aide quand il le peut, mais il n’a pas les moyens d’un OAC, qui reçoit 150 000 € de dotation par les collectivités, ce qui est loin d'être notre cas. Restons pragmatique, Il n'y a là rien de comparable après tout. (Rires)

Les joueurs sont véritablement au cœur du projet...

Tout à fait. Chacun s’implique, ce qui crée une vraie motivation. Certes, on aimerait que le club puisse davantage les soutenir, mais on fait avec les moyens du bord. Le but, au-delà de ces contraintes financières, est de relancer le volley sur le bassin alésien. Si cette saison est un succès, on espère obtenir plus de soutien des partenaires locaux pour les prochaines.

Vincent Dijoux, en haut à droite. • DR/AAVB

Votre équipe réalise un bon début de saison avec deux victoires en cinq matchs. Est-ce que son classement actuel (8ᵉ) correspond à vos attentes ou les dépasse pour une première saison ?

L’objectif que j’avais fixé était clair : on est une nouvelle équipe, on se découvre encore à travers les entraînements et les matchs. L’idée, c’était de terminer au milieu de tableau. Sur 18 équipes dans la poule, finir 9ᵉ me satisferait déjà, et si on fait mieux, je serai ravi. Ce classement est important car plus on termine bien, plus on sera considérés l’année prochaine, ce qui facilitera la recherche de partenaires pour nous soutenir. Aujourd’hui, être 8ᵉ dépasse mes attentes initiales. Je visais plutôt entre la 10ᵉ et la 13ᵉ place pour cette première saison. Maintenant, je sais qu’on peut viser entre la 8ᵉ et la 6ᵉ place, ce qui serait formidable.

« Certains jeunes très talentueux sont exigeants, parfois même trop, envers eux-mêmes et les autres. Il faut réussir à composer avec les profils de chacun et créer un collectif capable de tirer parti des forces de tous. »

Vincent Dijoux, entraîneur de l'équipe senior masculine de l'AAVB

Le championnat est encore long. Quels sont les axes principaux sur lesquels il faut travailler pour maintenir ou améliorer ce classement ?

La priorité est de construire une véritable cohésion sur le terrain. Ce n’est pas toujours simple, car chaque joueur a son caractère, ses forces et ses faiblesses. Certains jeunes très talentueux sont exigeants, parfois même trop, envers eux-mêmes et les autres. Il faut réussir à composer avec les profils de chacun et créer un collectif capable de tirer parti des forces de tous. Ce qui fera la différence, c’est cette capacité à accepter les erreurs de l’autre, à rester solidaire et à garder l’énergie nécessaire pour être performants sur la durée. Avec cette mentalité, je suis confiant qu’on pourra maintenir, voire améliorer, notre classement actuel.

Quand on voit votre équipe, on sent une vraie fraternité, presque une famille. Quelle est votre recette ?

C'est vrai, et c’était une condition indispensable pour moi avant de lancer l’équipe. J’ai mis un point d’honneur à construire un collectif soudé, où chacun comprend et accepte les erreurs des autres. Personne n’est parfait, et il faut être capable de composer avec les caractères de chacun. Pour cela, il y a deux voix : la mienne, en tant que coach, et celle du capitaine sur le terrain. Les règles sont claires : si un joueur réussit, c’est que le collectif lui a permis de réussir ; s’il échoue, c’est une responsabilité collective. Cela aide à garder un esprit sain. On a aussi un historique qui aide. Trois joueurs ont déjà joué ensemble à Boisset-et-Gaujac, et je connais l’un d’eux depuis plus de 10 ans. Mais au-delà des affinités personnelles, ce sont les 8 à 10 heures qu’on passe ensemble chaque semaine, entre les entraînements et les matchs, qui renforcent ce lien. Et pour moi, ce n’est même pas encore assez.

« Le club est satisfait de voir que l’équipe s’engage, qu’il y a de la présence aux matchs. Samedi dernier, par exemple, il y avait une ambiance de folie dans les gradins. C’était vraiment fort. »

Vincent Dijoux, entraîneur de l'équipe senior masculine de l'AAVB

Quels sont les premiers retours que vous avez après la création de cette équipe régionale masculine ?

Les retours sont plutôt positifs. Le club est satisfait de voir que l’équipe s’engage, qu’il y a de la présence aux matchs. Samedi dernier, par exemple, il y avait une ambiance de folie dans les gradins. C’était vraiment fort. Sur un plan personnel, c’est aussi très intense. Même depuis le banc, on vit chaque match avec beaucoup d’émotions. À la fin, les joueurs sont physiquement fatigués, mais moi, en tant qu’entraîneur, je suis épuisé nerveusement parce que je vis tout avec eux. C’est une belle expérience collective qui montre que ce projet trouve écho auprès des joueurs, du club et du public.

L’ambiance dans les tribunes est forte, comme vous l’avez souligné. Pensez-vous que le double sacre olympique de l’équipe de France (2021 et 2024) a renforcé la visibilité du volley et suscité un engouement local à Alès ?

Pour le volley-ball sur Alès, oui, le sacre de l’équipe de France au JO cette année a été plus que bénéfique. On le voit, on est obligés de refuser du monde... Et moi, je trouve ça vraiment dommage, parce qu’on n’a pas les créneaux nécessaires. Il faudrait qu’on ait le gymnase pas à temps plein, mais presque. Mais il y a aussi le hand. Depuis la disparition du CAC à l’époque, le handball est le seul sport de haut niveau, entre guillemets, et il a pris un essor monumental, avec une demande de licenciés qui a explosé. Ils se sont vus attribuer les créneaux disponibles. Grand bien leur fasse, ils ont eu raison, parce qu’il n’y avait personne. Mais maintenant que le volley revient, il va falloir composer. Ou du moins, essayer de composer.

Propos recueillis par Louis Valat

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