LE PORTRAIT DU DIMANCHE : MICHEL PASTOURET, LE "BIOMAN" DES VIGNES
Michel Pastouret, c’est un peu le précurseur du vin bio. Dans les années 80, alors que le bio ne fait pas l’unanimité, le Gardois fait le pari fou de se lancer dans la culture viticole sans produits chimiques, non pas par convictions d’écologistes avant-gardistes mais plus pour préserver sa santé.
Enquêteur agricole pour la Chambre d’agriculture, Michel Pastouret s’ennuie. Fort de son brevet d’aptitude professionnelle agricole spécialité viticulture œnologie, le Gardois décide de sauter le pas et de s’installer. Les débuts sont modestes avec la location de quatre hectares de vignes sur Bellegarde, pour produire du vin de table. Et puis, poussé par l’ambition de Philippe Lamour, maire de Bellegarde à l’époque, considéré comme le père de l'aménagement du territoire, le jeune viticulteur décide d'agrandir son exploitation. En 1971, ses vignes s'étendent sur 13 hectares. Dans le coin de sa tête, une petite voix ne cesse de lui chuchoter "aller toujours de l'avant". Il l'écoute et malgré les difficultés financières, continue son petit bonhomme de chemin. Jusqu'en 1981 où tout s'écroule.
Michel Pastouret souffre, atteint de problèmes de santé, conséquence d'une longue exposition aux produits phytosanitaires. Le Gardois n'a que deux solutions : soit il vend tout, soit il tente de cultiver son exploitation autrement, c'est-à-dire sans produits chimiques. Malgré les critiques de ces confrères, le viticulteur prend le risque. "Je ne savais pas comment faire pour cultiver les terres sans produits chimiques. À l'époque, le bio était marginal. Et puis, je me suis renseigné auprès des techniciens agricoles".
Quatre années durant, le viticulteur a donc tout misé sur des produits naturels. Et petit à petit, la vigne s'est adaptée. Alors au coeur de son vignoble, Michel et son épouse Jeanne bâtissent leur cave. Fini la vente à la coopérative, le viticulteur veut partager son métier, sa passion avec ses clients. Et si le vin biologique "n'est pas meilleur qu'un vin dit normal mais dans la même lignée, aujourd'hui, avec les différentes innovations technologiques, nous arrivons à faire des vins plus souples, plus friands et appétants", explique Michel. Et à force de travail, le précurseur du bio a su imposer son vin sur le marché français mais aussi international. Sur les 200 000 bouteilles produites à l'année, un tiers traversent les frontières , direction la Chine, le Danemark, la Suède ou encore l'Allemagne.
"Autrefois, on se moquait de moi. On me surnommait le "Bioman". À présent que le bio est entré dans les moeurs, on vient me demander des conseils."
Domaine Pastouret - Route de Jonquières - 30127 Bellegarde - 04 66 01 62 29.
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