Publié il y a 12 ans - Mise à jour le 17.02.2012 - stephanie-marin - 4 min  - vu 392 fois

BAGNOLS-SUR-CÈZE : LES GENS DU VOYAGE SERONT BIENTÔT LES BIENVENUS

Une aire d'accueil pour les gens du voyage à Bagnols-sur-Cèze. Depuis un an, le projet avance, à petits pas certes, mais il avance. Ce vendredi 17 février, au matin, Thierry Laurent, Directeur de cabinet du préfet du Gard visitait le chantier de cette aire installée sur la zone du Berret, aux côtés de Jean-Marc Jorda, vice-président de la communauté de commune Rhône-Cèze-Languedoc et maire de Sabran et Jean-Christian Rey, maire de Bagnols-sur-Cèze. D'ici le mois de mai, ce lieu d'accueil devrait offrir 12 emplacements afin d'améliorer les conditions d'accueil à destination des gens du voyage mais aussi et surtout respecter la législation. Car depuis l'entrée en vigueur, en 2004, du schéma départemental d'accueil des gens du voyage (SDAGV) dans le Gard, aucune concrétisation effective d'aire d'accueil n'a vu le jour. La plus grande concentration des gens du voyage dans le département du Gard se situe principalement dans l'agglomération de Nîmes qui est un lieu de croisement important. L'agglomération de Bagnols-sur-Cèze, proche de l'autoroute, connaît un flux constant d'itinérants. Elle accueille aussi un nombre important de familles sédentaires.

Avec son aire d'accueil, Bagnols-sur-Cèze fait donc figure d'exemple. Mais pas sans mal. "Avant que les travaux ne commencent, le terrain était un véritable champ de mine occupé par les gens du voyage. Les sanitaires ne se fermaient pas, il n'y avait pas d'eau chaude dans les douches, les enfants jouaient au milieu de fils électriques dénudés etc. Il était inacceptable d'accueillir des personnes dans de telles conditions. Afin de respecter la loi et la dignité des personnes, nous avons lancé le projet de cette aire d'accueil, explique Jean-Christian Rey. Mais tout ne s'est pas passé sans heurt, il faut bien le dire. Car pour pouvoir effectuer les travaux, il fallait que les gens du voyage installés alors sur le terrain partent et se déplacent sur l'aire de Pont-Saint-Esprit, à 10 km. Mais ils n'ont pas voulu quitter Bagnols-sur-Cèze et se sont installés sur d'autres terrains illégalement. Et je me désole qu'il ait fallu un recours en justice pour débloquer la situation." Ceci étant dit, place aux réjouissances et donc à la présentation de l'aire.

Ainsi, ce seront 12 emplacements permettront d'accueillir 25 caravanes. S'il est encore en travaux, il faut imaginer ce terrain de 6 400 m² équipé

Le projet de l'aire d'accueil des gens du voyage de Bagnols-sur-Cèze.

d'un bâtiment d'accueil des usagers, de l'éclairage public, d'un raccordement au réseau d'eau potable et au réseau d'eaux usées ainsi que de 14 blocs sanitaires. Le tout pour un montant total de 1 094 000 euros co-financé par l’État, (266 787€), la ville de Bagnols-sur-Cèze (mise à disposition du terrain à titre gracieux, estimé à 128 000€), le Conseil général (37 500€) et la Communauté de communes Rhône-Cèze-Languedoc (789 713€). Sur tous ces financeurs, on remarque que le département reste le moins généreux. "Le schéma d'accueil ne peut pas se limiter à la prescription relative à la construction, lance le Directeur de cabinet du préfet du Gard. Il faut aussi prendre en compte l'accompagnement social dont le Conseil général se chargera en partie. Il ne s'agit pas d'assistanat mais plutôt du respecter des droits de chacun notamment sur le volet sanitaire sachant que les gens du voyage sont moins bien soigner que les autres citoyens et scolaire" avec notamment le passage des bus Edgard à proximité de l'aire d'accueil.

Les gens du voyage encore mal accepté ?

Venu visiter le chantier de l'aire d'accueil de Bagnols-sur-Cèze, Michel Van Hamme, président du Comité Régional d'Action et Fraternité Tsigane (CRAFT), félicite la Communauté de communes de son engagement : "C'est vrai que depuis 2000 (année du vote de la loi dite "Besson II" obligeant les communes de plus de 5 000 habitants à améliorer les conditions d'accueil des gens du voyage et à renforcer les moyens des maires pour faire cesser les stationnements illicites, Ndlr), la législation n'a pas été respectée, donc ce projet, c'est une bonne chose." Un bémol. "25 places, ce n'est pas assez. Mais globalement, dans le Gard comme ailleurs en France, il n'y a pas assez de terrains mis à la disposition des gens du voyage. Et quand il y en a, ils sont en zones industrielles, bien loin des pavillons résidentiels. Un souvenir me revient concernant le député-maire de Plaisir dans les Yvelines. Lors de sa campagne électorale (pour un nouveau mandat à la mairie, Ndlr), il avait déclaré : "J'ai honte de la manière dont on accueille les gens du voyage et bien conséquence, il n'a pas été élu. C'est vrai que c'est plus électoraliste d dire que l'on va construire un gymnase plutôt qu'une aire d'accueil" glisse le président du CRAFT. Conséquence peut-être d'une mauvaise connaissance de ces personnes qui se déplacent, pour la plupart, en raison du travail. "Les gens du voyage sont souvent des saisonniers. Il est clair qu'un distinguo est fait entre les gens qui viennent du nord de la France avec leur voiture et leur caravane pour lesquels ont acceptera qu'ils stationnement n'importe où et les gens du voyage. C'est une forme de raciste, il ne faut pas avoir honte de le dire."

Reste à savoir comment les gens du voyage vont être accueilli au mois de mai prochain, sur Bagnols-sur-Cèze. Une autre aire d'accueil de 20 places, devrait pousser de terre à Laudun-l'Ardoise devrait dans les prochains mois, ainsi qu'une aire de grand passage à Pont-Saint-Esprit et à Bellegarde.

Stéphanie Marin

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