ÉCOLE EDGAR-TAILHADES À NÎMES : Petite leçon de lutte contre les inégalités avec Lilian Thuram
Les élèves des classes de CM1 et CM2 de l'école Edgar-Tailhades, non loin du quartier de Valdegour, ont eu droit à un cours bien particulier ce mardi 22 mai. Dès 14 heures, Liliam Thuram, l'ex-défenseur central de l'équipe de France, champion du monde 1998 et d'Europe 2 000, a vêtu son habit de maître d'école pour une petit leçon de lutte contre les inégalités. Un événement à l'initiative de la MGEN du Gard pour les écoliers qui se sont livrés sans complexe face au footballeur à la retraite sur le thème du racisme mais aussi de la parité homme-femme.
Le ballon rond, Lilian Thuram l'a rangé au placard en 2008 pour poursuivre une nouvelle carrière, celle d'un homme engagé politiquement, qui n'hésite pas à prendre la parole publiquement pour lutter contre les inégalités. Bien loin des caméras, le footballeur à la retraite, qui a prêté son nom à la Fondation Éducation contre le racisme, s'est ainsi accordé un peu plus d'une heure de dialogue avec les enfants d'Edgar-Tailhades. Son but, mettre à mal les préjugés déjà ingérés par les écoliers. "Les Noirs sont forts en quoi ?" a-t-il lancé à la jeune assemblée. Dans le brouhaha, malgré les doigts levés, on a ainsi pu entendre "au foot, à l'athlétisme, au basket..." Lilian Thuram n'a alors pas bronché, laissant venir la bonne réponse d'elle-même. "Les Noirs sont aussi forts que les Blancs dans tous les domaines" a glissé timidement Axel à l'oreille du footballeur satisfait de cette réponse qui ne s'est pas faite attendre très longtemps, preuve que ces enfants ont déjà engagé une réflexion sur le sujet du racisme. "Nous l'abordons en classe. Il y a une réelle volonté de la part des enseignants d'ouvrir le dialogue sur le sujet du racisme dans les cours d’Éducation civique mais aussi d'Histoire. Il faut dès le plus jeune âge casser les clichés qu'ils peuvent apprendre en société" précise Stéphane Violin le directeur de l'école Edgar-Tailhades à Nîmes. Mais mieux vaut prévenir que guérir. "Le racisme, c'est ne pas connaître l'autre, c'est rester dans l'ignorance. C'est à vous de changer les choses en les expliquant aux autres."
Sur le thème de la parité homme-femme, les enfants se sont montrés plus taquins et notamment les garçons qui n'ont pas manqué d'associer le sexe féminin aux tâches ménagères. Des "boutades", on l'aura bien compris, qui ont tout de même incité l'ancien de l'équipe de France à leur faire la leçon. L'égalité homme-femme, devons-nous y croire ? Dieu non, l'homme serait incontrôlable... À chacun sa "boutade".
Après la leçon, les écoliers ont pu le temps de quelques minutes, se mettre dans la peau de journalistes et ainsi poser toutes les questions qu'ils souhaitaient. "Pourquoi est-ce que tu t'es lancé dans la lutte contre le racisme ?" À Lilian Thuram de répondre : "Je suis né aux Antilles (à Pointe-à-Pitre en Guadeloupe). À l'âge de neuf ans, je suis arrivé en région parisienne. En ce temps-là, il y avait un dessin animé à la télévision qui racontait l'histoire d'une vache blanche et noire, la première étant très intelligente, le deuxième, très bête. Et à l'école, on arrêtait pas de m'appeler la Noiraude. J'ai demandé à mère pourquoi ? Elle m'a répondu que je ne devais pas prêter attention à ces propos racistes. Une explication qui était trop légère, mais qui m'a donné envie de savoir pourquoi le racisme existait. Et j'ai compris que c'était dû à une culture, à une histoire liée notamment à l'esclavage qui depuis a donné naissance à des préjugés [...] On considère qu'une personne de couleur est différente. Mais comme vous me l'avez dit tout à l'heure, sur terre une seule race existe, les Hommes."
La rencontre s'est achevée par la récitation d'un poème de Léopold Sédar Senghor, Cher Frère Blanc et comme de bien entendu par une petite séance d'autographes. Et s'ils n'ont pas connu la génération des Bleus 98, les enfants ont tout de même sortis, les yeux pétillants, les maillots de l'équipe de France et les ballons de foot, histoire de marquer l'occasion.
Après cette rencontre à l'école Edgar-Tailhades, Lilian Thuram s'est rendu à l'école Paul-Marcelin puis au lycée Frédéric Mistral toujours à Nîmes avant de repartir en début de soirée, direction la capitale. Un emploi du temps très chargé, une habitude pour l'ancien footballeur, qui se déplace dans une cinquantaine d'écoles par an pour prêcher la bonne parole pour le compte de la Fondation Éducation contre le racisme.
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