SOS RACISME : Un succès en demi-teinte pour le rassemblement de samedi
Ce samedi 1er septembre, à 15 heures, des membres de SOS Racisme et d’autres associations étaient rassemblés devant les grilles de la Préfecture du Gard pour dénoncer le geste fou d’un couple d’Aigues-Mortes, qui dans la nuit du 4 au 5 août, avait ouvert le feu sur un groupe de jeunes en proférant des insultes à caractère raciste. Seulement, le grand mouvement citoyen auquel on aurait pu s’attendre n’a pas trouvé son public. La manifestation, pacifique, bon enfant et plutôt sympathique, n’a pas déplacé les foules. 70, 80 personnes, une centaine si on se place du côté des organisateurs, se sont massées devant la Préfecture, à Nîmes. Un lieu que la grande majorité d’entre eux a dû découvrir pour la première fois puisque l’essentiel des manifestants a fait le déplacement depuis Paris, Lyon, Toulouse, certains du Jura. Pour les plus proches, d’Avignon et de Carpentras. Bien difficile de trouver « le local de l’étape ». A croire que les Gardois sont passés à autre chose ou qu’ils consacrent tout simplement leur week-end à d’autres activités. Autre explication possible : le choix de la date. Pourquoi organiser un rassemblement un mois après les faits ? Une question de logistique ? De vacances ?
Ce qui est sûr, c’est que les manifestants qui étaient présents se sont fait entendre avec leur mégaphone. Parmi eux, on trouvait des membres de SOS Racisme, de Terra Nova, de la Ligue des Droits de l’Homme, de la Fidl… En ce milieu d’après-midi, tous regrettent de ne pas avoir pu organiser la manifestation à Aigues-Mortes comme prévu au départ. Jean-François Cesarini, de Terra Nova Vaucluse, fait part de son mécontentement : « On est un peu triste que ça ne se fasse pas à Aigues-Mortes. Est-ce que cette ville est devenue une zone de non-droit ? », interroge-t-il. Aline Le Bail-Kremer, membre de SOS Racisme, rebondit : « La mairie d’Aigues-Mortes n’a pas donné son autorisation. On le déplore. On nous a dit qu’il y avait un risque que ça agite les tensions. Mais les tensions sont déjà là ».
S’ils n’ont pas pu aller à Aigues-Mortes, les représentants des différentes associations ont eu, en contrepartie, la possibilité de faire part de leurs revendications au préfet Hugues Bousiges. L’entretien, prévu sur 30 minutes, a duré une heure et demi. A la fin de la réunion, le préfet invite la presse à entrer et revient sur l’entretien : « Tout d’abord, je voulais remercier les associations de ne pas être allées à Aigues-Mortes parce que ça ne sert à rien de raviver les plaies. Les représentants m’ont fait savoir qu’ils voudraient un référent contre les discriminations dans la Préfecture. Je vais regarder si ça se fait ailleurs mais je ne suis pas certain que ce soit nécessaire parce que le référent, c’est le préfet ». Les membres des associations ont également demandé à Hugues Bousiges de créer une grande assemblée à Aigues-Mortes sur le thème du respect de la différence. Enfin, ils souhaiteraient qu’un message de tolérance soit porté auprès des jeunes du département. Le préfet leur répond : « Nous envisageons d’organiser une semaine contre les discriminations. Ce serait à Nîmes, avant Noël ».
Enfin, Hugues Bousiges confie ses craintes concernant la fête votive d’Aigues-Mortes qui se tiendra du 6 au 14 octobre prochain : « C’est toujours une occasion de beuverie. Les récents événements sont dans toutes les têtes. Je ne voudrais pas que la population ait peur ». Après Saint-Gilles et Vauvert, villes du département classées en zones de sécurité prioritaires au même titre que Saint-Denis (93), le quartier des Tarterêts à Corbeil-Essonnes ou le Val Fourré à Mantes-la-Jolie, Aigues-Mortes et ses 8 000 habitants serait-elle en passe de devenir une ville sensible ? Difficile à croire bien que la manifestation d’hier et les revendications qui l’accompagnait laissaient supposer le contraire.
Tony Duret
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