NÎMES ANTIQUE La ville n'a pas encore livré tous ses secrets
Près de la route de Sauve, des fouilles archéologiques lèvent un peu plus le voile sur l'architecture antique hors du commun de Nîmes, témoignage de l'estime que les Romains portaient à la cité.
On connaissait déjà l'amour des Romains pour Nemausus : conquise avec l'approbation du peuple gaulois Volques Arécomiques, la cité antique s'est vite attirée la sympathie des empereurs, et est devenue un point de chute pour les vétérans. D'ailleurs, ce n'est pas un hasard si le blason de la ville est constitué d'un crocodile et d'un palmier, symbole des batailles menées en Égypte. Aujourd'hui, l'archéologue Richard Pellé est sur le point d'apporter une nouvelle pierre à l'édifice de cette théorie. Tout le mois d'août, épaulé par une quinzaine d'étudiants en archéologie, le chargé de mission de l'Inrap (Institut de recherches archéologiques préventives) a entrepris des fouilles autour du mur de la courtine, coincé entre la route de Sauve et la rue Paul Soleillet. Un rempart de 9 mètres de haut dans lequel s'emboite, via des pédoncules, plusieurs tours d'environ onze mètres de diamètre.
Remparts, un symbole de puissance
Deux mille ans après leur construction, les murs en béton de chaux sont toujours debout, comme les parements en pierre des tours qui impressionnent par la minutie et finesse de la pose. "On estime que le chantier a été lancé sous Auguste vers 20 ans avant Jésus-Christ et achevé sous Tibère. La datation au carbone 14 reste à confirmer cette hypothèse", avance l'archéologue. Ce chantier titanesque fait partie des 6,2 km de mur et 80 tours qui ont ceinturé Nîmes dans l'Antiquité. "Il n'y avait pas vraiment d'utilité à ce mur, si ce n'est un symbole de puissance", poursuit Richard Pellé. Son sentiment a été renforcé par la singularité de l'architecture du chemin de ronde : au-dessus des remparts, les Romains ont posé des gros appareils à l'aide de grues et de louves. Des pierres monumentales de plusieurs centaines de kilos uniques en leur genre. "Même à Constantine, on ne retrouve pas ces gros appareils", fait remarquer l'archéologue.
Avant la fin du chantier, Richard Pellé espère bien révéler d'autres secrets que renferme le site et, pourquoi pas, imaginer la création d'un parc à l'image des Jardins de la Fontaine où foisonnent d'autres monuments antiques. La société immobilière propriétaire du terrain ne serait pas contre le vendre à la mairie. Dans le cadre de la candidature de Nîmes au patrimoine mondial de l'UNESCO, voilà un projet qui pourrait avoir toute sa place dans la cité.
Coralie Mollaret
coralie.mollaret@objectifgard.com
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