Publié il y a 8 ans - Mise à jour le 02.11.2015 - thierry-allard - 3 min  - vu 178 fois

FAIT DU JOUR Condamnées à mort, les cabines téléphoniques vont laisser la place à la 3G

(Image d'illustration : Thierry Allard / Objectif Gard)

On en compte 39 000 en France, et 440 dans le Gard, mais bientôt, il n’en restera plus aucune, sauf peut-être dans les musées.

Les cabines téléphoniques vont donc disparaître, c’est écrit dans la fameuse loi Macron.

Un rapport coût/utilisation défavorable

« Le gouvernement, à l’époque Fleur Pellerin, m’a confié, avec un autre député, une mission sur l’évolution du service universel des communications électroniques, bref de la téléphonie, et notamment sur l’avenir des cabines téléphoniques », explique le député de la quatrième circonscription du Gard le socialiste Fabrice Verdier.

D’un côté, un coût : « les cabines coûtent 20 millions d’euros par an aux opérateurs », note le député, sachant que tous les opérateurs contribuent au prorata de leur chiffre d’affaires et que « les investissements nécessaires pour les changements techniques et la mise en accessibilité sont de 50 à 60 millions d’euros. » De l’autre, « un constat : leur durée d’utilisation moyenne est famélique, dans un village comme Fons-sur-Lussan (dont Fabrice Verdier est maire, ndlr) elle est de 38 secondes par jour, et dans une zone urbaine de 2 minutes 30 par jour. »

Le responsable de la communication externe en Languedoc-Roussillon pour Orange Christian Gesbert ne dit pas autre chose : « aujourd’hui, près des deux tiers des appels d’urgence sont passés par téléphone portable. »

« Il vaut mieux avoir une couverture mobile que des cabines »

Résultat, « on a considéré en concertation avec les maires de supprimer les cabines dès lors qu’il y a une amélioration de la couverture mobile », explique le député, avant d’ajouter : « la loi Macron prévoit qu’à la fin 2016 toutes les communes seront couvertes en 2G, et en 3G à la fin 2017. » Et côté gros sous, l’argent économisé par l’arrêt de l’exploitation des cabines financera le développement de la couverture mobile. « On préfère que cet argent des opérateurs serve à la couverture mobile », justifie Fabrice Verdier

Du côté des communes, la pilule semble facilement avalée. « On n’a pas de résistance particulière dans les communes, on échange, on travaille en concertation », affirme Christian Gesbert. Le maire de Saint-Etienne-des-Sorts et président de l’Association des maires ruraux du Gard Didier Bonneaud est lui aussi pour : « j’ai une cabine à la mairie, je ne sais pas du tout qui peut s’en servir. Je n’ai jamais vu quelqu’un dedans sauf une ou deux fois un travailleur saisonnier en panne de portable ! »

Pour le maire, « il vaut mieux avoir une couverture de téléphone mobile que des cabines », « un outil complètement dépassé, il faut aller avec son temps. » « Dans le Gard, on démonte déjà certaines cabines qui ne sont plus utilisées, et parfois, ce sont les élus qui demandent d’accélérer le démontage », poursuit Christian Gesbert.

La question des utilisateurs en situation de grande précarité

Reste que parmi les quelques utilisateurs qui utilisent encore les cabines, « 90 % sont en situation de précarité, voire sans domicile fixe, note le député. Il fallait apporter une solution à ces personnes qui sont dans une situation injuste, car les cartes de téléphone prépayées côutent 10 fois plus cher que les petits forfaits de Free ou Sosh. » Pour résoudre ce problème, « on travaille avec des organismes pour arriver à bancariser ce public, faire une caution, un support bancaire. » Pour autant, « on en est à la phase de réflexion, Emmaüs se pose la question », dixit Fabrice Verdier.

En attendant, « les cabines retirées sont totalement recyclées, la filière est en place, affirme Christian Gesbert. C’est une page de notre mémoire en termes de mobilier urbain qui se tourne. »

Thierry ALLARD

thierry.allard@objectifgard.com

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