Publié il y a 7 ans - Mise à jour le 15.09.2016 - thierry-allard - 7 min  - vu 241 fois

RING POLITIQUE Jean-Christian Rey : "les difficultés financières étaient réelles, elles sont derrière nous"

Le maire de Bagnols et président de l'agglo du Gard Rhodanien Jean-Christian Rey (DR)

Toute la journée, le maire de Bagnols et président de l’agglomération du Gard Rhodanien Jean-Christian Rey est sur le ring politique d’Objectif Gard. Chaque mois, votre journal vous propose une interview complète d’une personnalité politique autour de trois thématiques : personnalité, politique et quiz sur le Gard. Deuxième rendez-vous, sur la thématique politique.

Objectif Gard : Une question d’actualité pour commencer : pourquoi avoir engagé un bras de fer avec les forains lors de la fête votive ?

Jean-Christian Rey : Ce n'est pas un bras de fer mais l'an dernier, la fête s’est très mal passée au niveau du résultat, il y a eu des dégâts... Nous avons fait une concertation, je leur ai proposé de faire une fête de 3 jours au lieu de 6. On leur a dit à l’arrivée que comme la fête votive à Pont-Saint-Esprit finissait le dimanche, ils pouvaient s'installer dès le lundi. Le mercredi on supprimait le marché et on démarrait à ce moment là par la journée demi-tarif, le jeudi la journée pour les petits handicapés, puis 3 jours de fête jusqu'au dimanche. Ils n'ont pas voulu, et le lundi et le mardi Bagnols était vide. Avant, ca bloquait les parkings et la ville pendant 15 jours, aujourd'hui, seulement une semaine avec le même nombre de jours. Cette année d'ailleurs, la fête s'est bien passée, mieux que les années précédentes. On va faire le bilan prochainement, mais je regrette que la fête ait été plus courte.

Il y a quelques mois, un rapport de la Chambre régionale des comptes (CRC) pointait « une situation financière préoccupante depuis de nombreuses années » et faisait une série de préconisations. Où en est-on un an après ?

Le précédent rapport disait la même chose à la virgule près sur les finances. Quand on est arrivés en 2008, on avait évoqué les difficultés, et dit qu’on s’y attèlerait. Ces difficultés étaient réelles, et elles sont derrière nous. Malgré tout, il ne se passe pas une semaine sans quelqu'un vienne dire que l'on va être sous tutelle. On n’est pas sous tutelle et on ne le sera pas. Tout le monde est payé. Ceux qui racontent le contraire sont des petits aigris de la politique qui préfèrent le mensonge au travail.

"On n’a pas surendetté, ni désendetté, c'est vrai"

Reste que la ville de Bagnols est lourdement endettée, près de 37 millions d’euros au 30 septembre 2014, toujours d’après la CRC. A cela s’ajoute la baisse des dotations de l’Etat. Dans ce contexte, quelles sont vos marges de manœuvre ? Êtes-vous un maire frustré ?

Je ne crois pas être frustré. Vous avez vu le budget 2015 et 2016 où nous avons dégagé des marges de manœuvre. On a fait un travail énorme de réorganisation, de réaménagement avec un service public mieux rendu et plus économique. La mairie, c'est un paquebot de 30 millions d'euros de budget. Quand on donne des impulsions, cela prend du temps mais les comptes administratifs s'améliorent chaque année. On n’a pas surendetté, ni désendetté, c'est vrai. On est passé de 1000 euros de dette par habitant en 2002 à 1700 euros en 2008 et je n'étais pas aux commandes à cette époque là. On est passés de 1700 euros en 2008 à 1694 euros en 2014. On s’est moqué de moi avec mes 6 euros, mais on a continué à faire des investissements sur l'école, la voirie, le chauffage... On a réussi la prouesse de maintenir un niveau d’investissement moyen sans surendetter la commune. Rendez-vous au compte administratif de 2016.

Certains disent que Bagnols n’évolue pas. Lors du dernier vote du budget, vous avez levé l’impôt pour de l’investissement, en détaillant ce que vous feriez avec ces recettes. Où en est-on, au hasard, des travaux d’accessibilité ou du toit du centre culturel, qui en faisaient partie ?

Gouverner c'est prévoir. Quand en 2012, la crise économique nous tombe sur la tête, le gouvernement décide d’un plan d'économies de 11 milliards sur les collectivités, qu'est-ce que l'on fait à Bagnols ? On met le frein sur toute une série de dépenses et notamment sur l'investissement mais par contre, nous avons fait des études sur les futurs projets d'investissement. C'est frustrant mais on avance administrativement sur les projets. Aujourd'hui, les études ont avancé sur plusieurs dossiers : le chemin Lagaraud va démarrer cet automne, le crematorium dont on vote l’assistance à maîtrise d’ouvrage au prochain conseil municipal, l’EHPAD dont le tour de table est terminé. Pour le toit du centre culturel, les études ont montré une faiblesse, c’est une difficulté. Le système de sécurité incendie de l’espace Saint-Gilles va être refait... On a fait le minimum syndical pendant cette période difficile. Maintenant, on va démarrer les réalisations et ne plus perdre de temps.

Citez un grand projet pour Bagnols d’ici 2020.

On a plein de projets, on est allé chercher des investisseurs. Il y a l’Ancyse, où on va créer des logements, un pole médical, des logements pour personnes âgées et en accès la propriété. Le premier coup de pelle est prévu d’ici la fin de l’année. On a fait la même chose sur la gare, où on a permis le rachat de la totalité de l'espace entre les rails et le parking. On a les porteurs pour un projet avec une partie commerciale, tout ça dans le cadre de la réouverture de la gare. Le compromis devrait être signé avant la fin de l’année. Ce boulot, c’est celui de l'intelligence. L'objectif c'est de transformer des quartiers complets.

La ville de Bagnols pourrait dans les prochaines années perdre son rang de 3ème ville du Gard en nombre d’habitants au profit de Beaucaire, comment l’expliquez-vous ?

Ce qui m’étonne dans ces chiffres de l’Insee, c’est qu’aujourd'hui, on a une augmentation de 0,7% des compteurs d'électricité. Il y a un autre marqueur : la signature des permis de construire sont en augmentation. Par ailleurs, nous avons plus d'enfants qui font la rentrée à l'école. Mes indicateurs ne sont pas en adéquation avec l'Insee. Tant mieux si Beaucaire grandit mais je pense que Bagnols aussi. Nous sommes la 3ème ville et je pense que nous le resterons.

Que pouvez-vous faire pour convaincre les habitants de ne pas partir et d’autres de s’installer à Bagnols ?

L’attractivité du territoire ne se décline pas au niveau de la commune mais au niveau du territoire. On le voit sur les naissances : nous en avons 1000 par an avec une patientèle de 130 000 habitants, des gens viennent de Vaucluse, d’Ardèche ou de la Drôme. C'est la notion de service, de sécurité qui entre en ligne de compte. Sur le commerce, il y a des immenses structures sur Avignon, et nous n'attirons pas assez de grandes enseignes car Avignon draine déjà la clientèle d’ici. Quand le commerce ne marche pas, ce n'est pas que la faute du maire et inversement. On a des rues qui marchent bien mais des rues qui fonctionnent mal. Il faut mettre tout le monde en phase pour avoir une meilleure homogénéité.

Passons à l’agglo, avec là aussi une question d’actualité : combien va coûter à l’agglo l’annulation du concert de Zazie à cause du problème électrique ?

Je n'en ai pas la moindre idée. On a les causes, mais les assurances sont en cours d'investigation pour trouver les responsabilités. J'attends les éléments. Tous ceux qui avaient acheté des places sont remboursés. Au pire, si les assurances ne nous dédommagent pas, ça nous coûtera le cachet, 100 000 euros.

Votre majorité essuie des critiques répétées, notamment sur projet de CEN de Cornillon. Vu la situation financière compliquée actuellement, n’est-ce pas un gadget ?

J'ai fait des réunions publiques, des groupes de travail, une réunion à Laudun sur le sujet. Je n'ai plus envie de répondre à la mauvaise foi.

"Et après la consultation citoyenne, on aura quoi ? A un moment il faut arrêter"

Concrètement, ce CEN, il va se faire ou pas ?

Aujourd'hui, on est en train de faire partir les appels d'offre. On a une responsabilité sur la révolution numérique qui est en marche, il faut être dans le bon wagon. Concrètement, pour l'Agglo, ça va des espaces numériques pour les entreprises jusqu'à la création d’aires de co-voiturage. Ce projet d'excellence permettra aux entreprises d'avoir des réponses. En milieu rural, il y a des entreprises ! Il leur faut des outils efficaces de partage.

Quid de la consultation citoyenne demandée par certains élus de l’agglo ?

Oui, et après la consultation citoyenne, on aura quoi ? A un moment il faut arrêter, la démocratie ca ce respecte. 51 élus sur 75 ont approuvé le budget en 2015. 58 en 2016. De toute façon, ils ne viennent pas aux réunions de travail. Ils sont contre systématiquement.

On a déjà vu par le passé les élus laudunois et spiripontains montrer des signes d’agacement sur certains dossiers. S’agit-il du fonctionnement normal d’une agglo, ou le signe d’une majorité qui tangue ?

Il y a les déclarations et les chiffres, 58 élus ont voté le budget en 2016. Après, que les gens posent des questions, c’est légitime. Je suis très fier quant les élus de Laudun et de Pont posent des questions, et on leur apporte les réponses. On peut ne pas être d’accord sur un certain nombre de dossiers, mais s’ils pensent que globalement ça va dans le bon sens, ils votent, sinon ils votent contre. Une quinzaine d’élus l’a fait.

Parlons du projet l’Ardoise éco fret (LEF) : est-ce le projet qu’on attend pour relancer une zone qui en a bien besoin ?

Il n'y a pas une solution miracle. Il faut structurer des offres sur le foncier. Des zones étaient en concurrence. Il a fallu reprendre tout cela pour la cohérence économique. Aujourd'hui, ce qui nous manque, c'est une zone industrielle, et LEF permet de l’avoir. La logistique ferrée prendra la moitié de la surface et des entreprises vont arriver. Cela complète notre arsenal.

L’agglo va passer de 42 à 43 communes en janvier avec l’arrivée de Saint-Laurent-des-Arbres. Quelles conséquences pour les Saint-Laurentais et les habitants de l’agglo ?

Ça va faire évoluer seulement sur le foncier où ils sont à 0 et nous à 2,7%. Après faut regarder à l’euro ce que cela va représenter : en moyenne, cela va faire une augmentation de 30 à 40 euros par an. Et sur la CFE ils sont à 40 % alors que nous on est à 25.5 %. Ca va bien baisser pour les entreprises. Pour le reste, ça va entrainer des coûts supplémentaires pour l'Agglo mais aussi des rentrées financières.

Votre territoire est courtisé par les candidats à la CCI Gard. Comment abordez-vous cette opportunité d’une structuration plus efficace de la CCI à Bagnols ?

Je suis très heureux que tout le monde ait compris que Bagnols et le Gard Rhodanien est le 2ème territoire industriel de la région. Le CEA et Airbus l’ont bien compris, et travaillent déjà ensemble. Il y a en a un autre qui a parfaitement compris, le président du Conseil économique social et environnemental régional Jean-Louis Chauzy qui nous aide beaucoup pour le territoire. Il vient plus que régulièrement.

Vous avez une préférence pour la présidence de la CCI ?

J'ai très bien travaillé avec Henry Douais à qui je n'ai rien à reprocher. Après, je ne suis pas adhérent à la CCI et donc je me garderais d'interférer dans les choix.

Propos recueillis par Thierry Allard et Abdel Samari

Thierry Allard

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