Publié il y a 6 ans - Mise à jour le 13.09.2017 - veronique-palomar - 4 min  - vu 286 fois

FAIT DU JOUR Décryptage de la "reprise" du BTP avec la Fédération Française du Bâtiment

Philippe Tamaï, président de la FFB du Gard, à sa gauche Olivier Polge Secrétaire Général et spécialiste des questions juridiques, ont accepté de faire pour Objectif Gard, un point sur la situation du bâtiment dans le département (photo Véronique Palomar)

Depuis 8 ans, le début de la "crise", on assiste à une chute graduelle de l'activité du BTP. Cela fait un peu moins d'un an que la chute s'est arrêtée. Dans les grandes villes françaises, on peut carrément parler de reprise. Dans le Gard, selon la Fédération Française du Bâtiment, on dira "frémissement ++". Décryptage d'un indice positif  qui ne doit pas cacher de réelles inquiétudes de la profession.

La FFB est un syndicat national chargé de défendre et d'assister les métiers du bâtiment. Dans le Gard il est de loin le plus représentatif de la profession et regroupe 750 entreprises adhérentes contre 350 pour la CAPEB. Un chiffre encore trop peu élevé pour le syndicat, sachant que le Gard compte 6200 entreprises du secteur. Néanmoins, le panel des adhérents est suffisamment représentatif, (aussi sur les entreprises de moins de 10 salariés, sachant que les entreprises de plus de 10 salariés ne représentent que 3% des entreprises locales) et les actions menées tant sur le plan local que national permettent une analyse et une photographie qui nous éclaire sur ce secteur dont on dit qu'il est le baromètre de l'économie.

Objectif Gard. Depuis huit ans donc, ce n'est un secret pour personne, la crise a touché de plein fouet le bâtiment …

FFB. Dans le Gard, on a perdu 4 000 emplois en 7 ans. C'est une perte diffuse qui n'est pas visible, donc peu spectaculaire comme quand une grande entreprise présente un plan social. Mais si l'on y réfléchit et que l'on regarde les choses autrement, cela représente 40 personnes par mois, seize familles en moyenne. On a géré des situations dramatiques. C'était une souffrance silencieuse, peu ou pas médiatisée.

Et pourtant des mesures ont été prises ?

FFB. Le bâtiment n'a pas besoin de subvention mais d'une politique de relance. Les gouvernements successifs ont rivalisé de mesures de relance. Loi Pinel, prêt à taux zéro, commandes d'État, mesures de défiscalisation… Mais chacun d'eux a bouleversé les lois fiscales. Pour être efficaces il est primordial que ces mesures soient durables. Le secteur de la construction a besoin de temps. Si la vérité d'aujourd'hui n'est pas celle de demain, le marché est déstabilisé, les investisseurs ne sachant pas sur quel pied danser.

La reprise est bien là. À quoi la doit-on ?

La chute s'est arrêtée. On ressent un mieux depuis le dernier trimestre  Elle s'est produite grâce à la conjonction de plusieurs facteurs. En premier lieu grâce au maintien des aides, à une forte demande de logement. Et puis à d'autres causes moins rationnelles comme l'élection d'un nouveau président.

La situation du Gard répond aux mêmes critères et connait la même embellie ?

Sur le neuf, c'est encore difficile mais il y a une demande pour les entreprises du département qui se délocalisent pour travailler à Montpellier ou à Avignon. Les bailleurs sociaux, Grand Delta, Un Toit pour Tous, … ont des opérations qui vont sortir, l'office des HLM fait peu à peu appel à des constructeurs privés. Pour l'instant, dans le Gard, ce qui sauve la mise principalement de beaucoup de petites entreprises, c'est une forte demande dans la rénovation. On a repoussé les travaux trop longtemps et maintenant ils sont indispensables .  Le parc locatif est vieillissant, les bailleurs sociaux ont besoin de rénovation urbaine, l'ANRU fonctionne bien. L'hôpital qui est un des plus gros employeur du département commence à relancer des phases de travaux.

Où en sont les logements sociaux dans le département ?

Il y a six ans, on a fait le tour du département avec les services de l'État et le Département. Souvent il y avait plus de monde dans la tribune que dan la salle (rires). Tous étaient d'accord sur le principe mais certains refusaient (et refusent encore) de voir des logements sociaux sur le territoire de leur commune, préférant payer les amendes. Et pourtant, aujourd'hui les logements sociaux n'ont rien à envier aux logements privés avec une intégration plutôt réussie …  (soupir). Le pire, c'est que nous sommes dans un département pauvre, 70% des Gardois sont éligibles aux logements sociaux … Il faut loger ces gens !  À Nîmes le message passe, dans les petites communes ont a du mal à comprendre.

Comment voyez-vous l'avenir proche ?

La création d'emplois se fera sur les petites entreprises. Les entreprises artisanales vont mieux. La rénovation est un marché qui met en confiance. Il faut entretenir son bâtiment. Les transactions immobilières reprennent, c'est bon signe. Les permis sont là, il faut déclencher. On arrive à un équilibre du marché sans tension. On produit ce dont on a besoin. En 2008 on a construit 6 000 logements, on est tombé à 3100 logements par an. Aujourd'hui, on est remonté à 4300. C'est très important parce qu'un logement construit représente l'embauche de deux CDI. Les enjeux sont de taille.

Il reste des inquiétudes ?

Il est important de rester vigilant. Les annonces des médias concernant les mesures du nouveau gouvernement sont inquiétantes, comme la modification éventuelle de l'ISF seulement sur l'immobilier…  Pour l'instant on n'a que des effets d'annonce, rien de concret.  Il faut aussi revoir l'attribution des appels d'offres en prenant en compte, en plus des coûts, du principe des circuits courts qui ne s'applique pas qu'au bio. C'est une question de choix. Ça devrait même être une obligation éthique. Les adjudicateurs ont toujours peur des recours…

Propos recueillis par Véronique Palomar

Véronique Palomar

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