LAUDUN-L’ARDOISE La restauration de la statue de la Vierge à l’enfant sera plus profonde que prévu
Aujourd’hui, c’est aux Laudunois de veiller sur elle : la statue de Notre-Dame de Sainte-Foy, la Vierge à l’enfant, fait l’objet de travaux de restauration, des travaux qui seront de plus grande ampleur que prévu initialement.
Pierres désolidarisées et écarts anormaux
« L’idée est de redonner toute son authenticité, sa beauté, et faire redevenir cette statue ce qu’elle est : un symbole au-delà de son caractère religieux, un repère dans le paysage », affirme le maire Philippe Pecout, qui avait initié en tant qu’adjoint au patrimoine en 2012 le projet de restauration. Un projet qui se concrétise cette année, lorsque la commune décide de budgéter la somme nécessaire aux travaux, 59 000 euros dont 16 000 euros de donations via la Fondation du Patrimoine et le mécénat du Crédit Agricole, et de lancer les appels d’offres.
C’est une entreprise basée à quelques kilomètres de là, à Tresques, qui remporte le marché. « On a rapidement vu l’urgence à intervenir », explique Thomas Blanc, chef de l’entreprise Arte Pierre. Il faut dire que la statue, de 4 mètres de haut, est posée sur une tour, un beffroi, de 9 mètres. Sur cette tour, « des choses avaient bougé, on s’est aperçus en commençant les travaux en septembre que l’ancrage était fortement corrodé, et des pierres désolidarisées du bâti », explique Thomas Blanc. Sur la statue, ce n’est pas vraiment mieux : « on a fait un nettoyage par cryogénie, on a élevé les joints et l’appareillage montre des écarts entre les pierres de la statue qui sont anormaux. » Autant d’éléments qui, d’après le restaurateur, étaient indécelables sans commencer les travaux plus avant, et qui résulteraient d’un événement qui remonte à plus d’un siècle. La statue a en effet pris la foudre le 31 juillet 1910, ce qui la laissera fortement endommagée et qui nécessitera une restauration d’urgence.
La 3D au secours de la Vierge
Face à ce constat, Thomas Blanc a alerté la mairie sur la nécessité selon lui de procéder à une étude plus approfondie du monument. Le chantier a été arrêté, et trois nouveaux acteurs sont entrés dans la boucle : le bureau d’études lyonnais UBC, l’architecte du patrimoine Uzétienne Gabrielle Welisch et l’entreprise Bagnolaise Gambi-M, spécialisée dans la modélisation 3D. « On a découvert cette fragilité sur le pied de la statue, il est important maintenant d’en savoir plus pour faire une analyse détaillée, un diagnostic fiable, afin de ne pas faire de bêtises », note Gabrielle Welisch. L’entreprise Gambi-M, spécialisée dans la modélisation de bâtiments industriels, a quant à elle réalisé « un modèle en 3D de la statue à partir de relevés », explique son cogérant Franck Martin, en vue notamment de quantifier la masse du monument. L’équipe élargie travaille en coordination, et l’étude du bureau UBC doit être présentée la semaine prochaine.
« On ne peut pas laisser de place au doute quand on voit des fissures, des espaces et des restaurations précédentes qui n’étaient pas de très bonne facture, alors que notre but est de rendre un monument qui reparte pour des siècles », ajoute Thomas Blanc. La dernière restauration date de 1974 et n’aura donc pas duré des siècles, c’est le moins qu’on puisse dire.
Alors aujourd’hui, les découvertes « vont rajouter du travail, inévitablement », explique Thomas Blanc. Du travail, et de l’argent : la mairie a dû débloquer autour de 10 000 euros supplémentaires pour les études, et « il y a de fortes chances que le montant total évolue », explique-t-on. Aujourd’hui, les différents acteurs espèrent redémarrer les travaux rapidement, avant les fêtes, pour une fin de chantier début 2018.
Et aussi :
Une statue, une époque : Notre-Dame de Sainte-Foy a été érigée en 1862, « durant une période très particulière, celle de plusieurs apparitions notamment à Lourdes, et celle de la proclamation du dogme de l’Immaculée conception par le Pape, explique le maire Philippe Pecout, par ailleurs auteur d’un livret sur la statue. A cette époque, beaucoup de paroisses érigent des Vierges. Celle de Laudun est signée du sculpteur Bagnolais Félix Roux, qui avait déjà réalisé la Vierge de Sabran et celle de Bagnols près de l’église. C’est donc un monument emblématique de cette époque. »
Thierry ALLARD
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