« Alors, c’est qui le patron ? » Pour rappeler à l’ordre leurs élus rebelles, certains édiles se plaisent à pratiquer le « retrait de délégation.» Un sport plutôt en vogue à droite… Samedi matin en conseil municipal, Jean-Paul Fournier a retiré la délégation finances à son adjoint UDI et président de Nîmes Métropole, Yvan Lachaud. Une sanction inattendue, qui fait suite au différent opposant la Ville à l’Agglo sur le transfert des zones d’activité économiques.

Ces représailles en rappellent d’autres. Celles qu’a lui-même subies Jean-Paul Fournier sous l’ère Bousquet en 1985. Alors adjoint RPR à l’urbanisme, il refuse de se soumettre au maire centriste qui lui demande de « désavouer » son parti. Un parti dont le groupe au Sénat venait d’intégrer le sénateur du Gard et ex-ministre PS, Gilbert Baumet. Privé de sa délégation, Jean-Paul Fournier confie dans son livre Confidences au coeur de Nîmes avoir vécu « une période très pénible », « à l’écart de ce qu’il se passait. »

Le « jeudi noir » de Fournier

Le litige se résout deux ans plus tard, avec l’intervention des états-majors de leur famille politique. L’accalmie ne dura que six ans. Une autre crise éclate, portant cette fois sur « la municipalisation du Cheval Blanc » à laquelle Jean-Paul Fournier était opposé ainsi que sur « l’usine de traitement des déchets ménagers ». La sentence est similaire à la précédente : un retrait de délégation.

Comme pour Yvan Lachaud, la révocation de Jean-Paul Fournier s’est faite dans des conditions triviales. Si l’élu UDI a été mis publiquement devant le fait accompli, l'élu RPR en voyage au Japon l’avait appris par un coup de fil, avant de recevoir par fax un article au titre évocateur : « Jeudi noir pour Jean-Paul Fournier. »

Traversée du désert 

Toutefois, ces péripéties n’auront pas eu que de mauvais côtés. Dans l’adversité, l’envie de Nîmes de Jean-Paul Fournier n'a été que renforcée. Et sa traversée du désert lui aura permis de découvrir ses vrais compagnons de route, comme la fidèle Marie-Chantal Barbusse. C'est ce vécu et les leçons qu'il en a tirées qui ont fait de Jean-Paul Fournier cet animal politique averti, artisan de stratégies bien huilées. À trois ans des municipales, Yvan Lachaud se prépare-t-il à la même destinée ? L’avenir le dira.

CM

coralie.mollaret@objectifgard.com

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