Publié il y a 5 ans - Mise à jour le 13.04.2018 - coralie-mollaret - 4 min  - vu 1250 fois

FAIT DU JOUR Edeis s’explique sur sa gestion de l’aéroport nîmois

Baisse du trafic passager, hausse des bénéfices de la société et cessation de paiement du syndicat mixte de l’aéroport… Entretien avec le directeur général adjoint d'Edeis, Jérome Arnaud.
Jérome Arnaud, directeur général adjoint du groupe Edeis. L’entreprise française a repris fin 2016 les activités de SNC-Lavalin France. La DSP (Délégation de service public) pour la gestion de l’aéroport a été contractualisée en 2013 avec le syndicat mixte de l'aéroport Nîmes-Garons (Photo : Coralie Mollaret)

Objectif Gard : Concrètement, en quoi consiste le travail d’Edeis sur l’aéroport de Nîmes ?

Jérome Arnaud : Nous développons le trafic aérien et l’implantation d’entreprises sur le site. À Nîmes, nous avons 60 salariés qui font purement de l’exploitation (accueil des passagers, maintenance des installations). Pour le développement aérien et immobilier, ce sont nos salariés de Paris qui s’en occupent.

En 2017, vous n’avez pas rempli vos objectifs en terme de passagers transportés. L’écart entre les engagements de la DSP (Délégation de service publique) et le réalisé est de 30%. Comment l’expliquez-vous ?

Le trafic n’a pas progressé, c’est sûr. Mais il faut regarder cette problématique de façon plus globale. Aujourd’hui, le maillage aéroportuaire français est dense. Les compagnies aériennes sont tournées vers les grandes métropoles, comme Montpellier et Marseille. D’où la nécessité d’avoir une forte coopération avec les voisins aéroportuaires.

Nîmes n’est-elle pas un territoire assez attractif ?

Cet aéroport n’est pas voué à faire 500 000 ou 700 000 passagers. Vous avez Marseille et Montpellier à côté ! Montpellier a une économie plus importante. C'est un fait. Nîmes est un aéroport où les passagers arrivent. On s’est beaucoup axé sur l’Allemagne, comme nouvelle ligne à développer. Il y a un potentiel, mais il est pris par Montpellier qui a déjà deux lignes vers Berlin et Munich. Il y aurait peut-être Amsterdam, sachant toutefois que les Néerlandais utilisent beaucoup leur voiture. Sur le marché de l’aérien, ce sont les passagers du nord qui descendent vers le sud. Si on cherche des destinations vers l’Espagne ou l’Italie, ce sera de l’export.

Quelles sont vos pistes pour développer le trafic passager ?

On a proposé au président de Nîmes métropole, Yvan Lachaud, de mettre en place des charters (vol commercial organisé en dehors des lignes régulières). Il faut proposer des  « packages touristiques » à des sociétés spécialisées, comme La compagnie du voyage, pour qu’elles puissent les vendre à leurs clients. Avant l’été, nous organiserons des assises du tourisme dans l’aéroport pour que les acteurs du territoire avancent sur cette stratégie. Après, c’est un marché difficile où il faut se battre contre des destinations comme Disneyland, les Pyrénées, les Alpes…

Concernant le tourisme d’affaires ?

C’est un élément important à développer. Les jets privés avec des passagers qui veulent faire du business ou occuper des résidences secondaires ont un impact économique essentiel sur le territoire. Après, il ne faut pas se borner au trafic aérien…

C’est-à-dire ?

30% en moins, ça représente 50 000 sur les 200 000 passagers de l’aéroport. Ce n'est pas grand chose. Si vous me dites demain, il y a deux possibilités : prendre la sécurité civile ou 50 000 passagers supplémentaires... Je dis la sécurité civile !  Dans 10 ans, personne ne peut prédire l'état du marché aérien. La sécurité civile, ce sont des emplois et des retombées économiques qui ne partiront pas du jour au lendemain. Nous devons travailler sur ce qui est robuste pour le territoire, comme Sabena (Sabena technics est une société spécialisée dans la maintenance aéronautique). Notre rôle est d’attirer des entreprises, tournées vers l’aérien ou non, d'ailleurs. L’aéroport est une zone d’activité comme une autre.

Aujourd’hui, le syndicat mixte est en cessation de paiement. Vos deux premiers trimestres n’ont pas été payés. Votre activité en est-elle impactée ?

Bien sûr, la trésorerie de la société est déficitaire… Néanmoins le groupe Edeis souhaite accompagner la collectivité. Aujourd’hui nous faisons une avance sur trésorerie. Nous sommes dans une logique partenariale. On ne va pas tout arrêter d’un coup !

Selon nos informations (*), votre entreprise aurait réalisé en 2016 une marge de 15% (avant impôt et participation salariale). Est-ce qu’à Nîmes, Edeis « se gave grave » pour reprendre une expression devenue célèbre ?

Globalement, nos recettes sur l’aéroport de Nîmes sont de 8 M€ (comprenant la taxe que paient les passagers sur le financement de la sureté et la sécurité). Sur ces 8 M€, nous faisons 300 000€ de résultat net en 2016, sachant que l’on a investi plus d’1 M€ la même année pour accompagner l’implantation de la sécurité civile sur la station de carburant. Ce million d’euros est rémunéré à zéro pour cent ! Là encore, c’était notre devoir d’accompagner la collectivité. On est très à l’aise sur le sujet. Alors oui, nos bénéfices sont un peu supérieurs, mais nous avons dépassé les objectifs de la DSP, notamment sur la partie immobilier d'entreprise.

Nîmes métropole réalise actuellement un audit sur votre gestion de l’aéroport qui sera bientôt terminé. Êtes-vous inquiet ?

Pas du tout.

Propos recueillis par Coralie Mollaret

coralie.mollaret@objectifgard.com

(*) L'audit de Nîmes métropole révélerait « un chiffre d'affaires de plus de 4 M € » pour l'activité aéroportuaire Nîmoise mais surtout, « un résultat d'exploitation de près de 300 000 € en 2016. » Ce qui laisserait soupçonner « une marge de 15% avant impôt et participation salariale ! » 300 000 euros de bénéfice pour Edeis c'est ni plus ni moins qu'un bon morceau de la subvention totale dont a bénéficié le délégataire en 2016. « Une somme incohérente qui s'explique par le manque de contrôle du délégataire par l'ancienne direction », s'indigne une de nos sources.

Coralie Mollaret

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