Publié il y a 5 ans - Mise à jour le 18.10.2018 - anthony-maurin - 4 min  - vu 1284 fois

VERGÈZE Le train revient à la source

Retour du transport ferroviaire pour Perrier qui vient d'inaugurer une voie ferrée qui relie la source au port de Fos-sur-Mer.
Sylvie Ivon, directrice du site de Vergèze (Photo Anthony Maurin).

Perrier et ses avancées publicitaires marquent un sacré coup avec le retour du train à Vergèze (Photo Anthony Maurin).

Le train revient à la source. À la source Perrier pour être précis. Après cent ans d'activité et dix dernières années de disette, le transport ferroviaire fait son grand retour à Vergèze.

À motricité électrique (80%), ce train doit parcourir une centaine de kilomètres entre Vergèze, Nîmes et le port de Fos-sur-Mer. Long de 750 mètres, le convoi est aussi l'un des plus lourds de France car il pèse la bagatelle de 2 400 tonnes au départ de chaque convoi. Il évite surtout la circulation de 27 000 poids-lourds sur les routes françaises. En fait et grâce à cette ligne ferroviaire, ce sont 2 500 tonnes de CO² par an qui seront économisés par rapport aux dépenses énergétiques actuelles de Perrier.

Pour Henrik Gotterbaun, directeur général Europe de Nestlé Waters (propriétaire de Perrier), " nous travaillons beaucoup avec les trains et nous avons pas mal de projets déjà avancés ou encore à l'étude dans le même style que celui de Vergèze. La problématique des transports routiers et de son impact sur la population se pose sérieusement. Nous voulons éviter l'accroissement des flux logistiques qui ne cessent d'augmenter depuis 40 ans. Le problème est aussi structurel et l'offre est inférieure à la demande. En fait, on ne trouve plus de chauffeurs. "

Henrik Gotterbaun, président Europe nord pour Nestlé Waters (Photo Anthony Maurin).

Et le DGE de reprendre, " Perrier est une marque extraordinaire qui connaît un succès international depuis 120 ans grâce à son authenticité et à sa capacité d'innovation. Ce succès se traduit par une croissance forte qui est à l'origine des transformations de nos sites industriels mais qui permettent de développer l'économie locale et régionale. "

C'est le cas ici, dans le Gard, à Vergèze là où tout a commencé. Bien situé au coeur de l'arc méditerranéen, le village abritant la source grandit avec elle. Pour booster l'économie locale, Perrier s'y connaît. Une nouvelle fois, la belle société a dû embaucher quelque 200 personnes pour le retour du train et compte faire appel à la population locale pour des emplois à forte valeur ajoutée dans un avenir proche.

Perrier choisit de revenir au train et de réduire son impact environnemental en évitant les camions... (Photo Anthony Maurin).

Des envies, des plans et des mentalités qui évoluent. Perrier, par sa direction Nestlé Waters, est dans le mouvement et veut rester une société responsable. " La SNCF est fiable et flexibilité. C'est un défi pour nous de réfléchir à notre façon de travailler. Le transport routier va coûter de plus en plus cher, il faut anticiper et le train a d'excellents aspects. Il nous faut maintenant trouver d'autres industries pour avoir toujours plus d'allers-retours. Une fois qu'on est décidés, on est décidés ", poursuit le DGE. Et ils sont décidés !

(Photo Anthony Maurin).

Sur la courte distance, les camions sont encore indispensables mais sur les longs trajets et comme les volumes de la société augmentent, le train fait son apparition ou plutôt sa réapparition. 28 % de la production de Perrier est acheminée en France grâce au train.

À la tribune, Henrik Gotterbaun (Photo Anthony Maurin).

Pour Viviane Pauxole, directrice logistique heureuse de voir le retour du train, " il nous fallait trouver les volumes pour avoir des trains réguliers afin de se lancer dans le développement durable. Nous avions besoin de régularité mais nos clients sont plus dans le besoin urgent. Le Perrier n'est pas facile à transporter, même en train. Il faut de bons conteneurs, il faut les nettoyer et parfois les repeindre, nous les louons d'ailleurs... À Vergèze, le projet a débuté par la pensée en 2014 mais les travaux ont été réalisé en 12 mois une fois la validation acquise, une prouesse ! "

Les élus, les autorités et la direction de Nestlé Waters pour cette inauguration un peu spéciale (Photo PREF 30).

L'investissement et la remise en l'état de la ligne ont coûté un peu moins de trois millions d'euros pour finalement voir partir un train par jour, cinq jours par semaine depuis début septembre. Sur un train Perrier on positionne 54 conteneurs et un conteneur complet équivaut à deux passages de camions sur la route... Faites le calcul ! Mais Perrier réduit donc son empreinte carbone et redonne vie à une voie de chemin de fer oubliée mais toujours utile.

Pour Sylvie Ivon, directrice du site (usine) de Vergèze, " notre petite bouteille verte est très belle et son histoire industrielle date d'il y a 150 ans. Le long chemin emprunté par Louis Perrier est continué aujourd'hui. Les distances parcourues sont énormes, c'est une fierté. Nous transformons nos sites pour transporter nos deux milliards de bouteilles par an. C'est une aventure humaine extraordinaire, notre entrepôt logistique sera ultra-moderne et nous ouvrirons bientôt d'autres lignes. La baisse de l'impact environnemental de notre société commence par Perrier et Vergèze. C'est aussi une fierté. "

Jean Denat (Photo Anthony Maurin).

Jean Denat, maire de Vauvert et représentant de Carole Delga, la présidente de la Région Occitanie , est lui aussi emballé par le projet concrétisé. " Durabilité, qualité et innovation sont des mots que Carole Delga apprécie et utilise au quotidien. En juillet 1973, j'étais à l'embouteillage ici, à Perrier. C'est un peu comme une famille. La Région y a toute sa place car notre ambition est d'être au plus près des entreprises qui conjuguent économie et développement durable. Nous ne le pouvions pas mais depuis quelques mois, il nous est possible de soutenir ce genre de beaux projets. Ici plus qu'ailleurs, l'emploi est important et nous avons la chance d'avoir la source et Perrier. "

Didier Lauga, un Préfet heureux (Photo Anthony Maurin).

Plus haut dans les strates de l'État, la nouvelle de cette inauguration semble plaire. Didier Lauga, préfet du Gard, note qu'il a " eu le cabinet de la ministre des Transports qui a tenu à s'excuser de son absence. C'est rare et cela souligne l'intérêt qu'elle a pour cette inauguration. Le Gard a des problèmes économiques et sociaux importants donc je suis très heureux d'accueillir ce genre de projet. Il y a quelque temps lors de l'inauguration de la nouvelle cave, la plus grande d'Europe en vin bio, Héraclès, Nestlé Waters avait déjà contribué fortement au projet. Ce groupe de niveau mondial est exemplaire et ne se coupe pas de ses racines. Il y a les discours et ceux qui agissent ! Cette politique Cap 2020 est l'un des plus beaux projets en France et nous sommes fiers de l'avoir sur notre territoire. Les objectifs et les ambitions sont fixés, l'État fait un effort. "

La source Perrier (Photo Anthony Maurin).

Anthony Maurin

A la une

Voir Plus

A la une

Voir Plus

En direct

Voir Plus

Studio