Publié il y a 4 ans - Mise à jour le 28.05.2019 - abdel-samari - 4 min  - vu 1261 fois

LE 7H50 Spécial Européennes 2019 Franck Proust : "Je serais pleinement de retour à Nîmes"

48 heures après la déroute de son parti, le député européen Franck Proust revient sur la défaite des Républicains et sur son échec personnel de renouveler son mandat de député européen. Il est l'invité du 7h50.
Franck Proust, premier adjoint Les Républicains au maire de Nîmes et désormais ex-député européen (Photo : Abdel Samari)

ObjectifGard : Comment avez-vous réagit à la découverte des résultats dimanche soir ?

Franck Proust : Avec beaucoup de tristesse quand je regarde le travail accompli sur ce mandat. J'avais d'ailleurs été élu meilleur député de l'année. J'ai travaillé sur des dossiers importants. Mon assiduité au parlement européen était reconnu. Et mon expérience sur les sujets internationaux avait du sens pour la poursuite du travail. Après, je sais aussi que l'on n'est pas élu sur un bilan. C'est bien, mais cela ne suffit pas. Y'a donc de la frustration, un sentiment d'injustice. Mais la vie politique est ponctuée de victoires et de défaites.

Qu'est-ce qui a manqué à la Droite ? Beaucoup parlaient ces dernières semaines du fameux retour de la Droite. Force est de constater que ce n'est pas le cas...

Il y a eu un contraste énorme entre le terrain notamment les 25 départements que j'ai traversé, les meetings auxquels j'ai participé. J'ai vu des gens de retour depuis plusieurs années, des nouvelles adhésions. Un esprit positif. Je pense notamment au grand meeting parisien où tous les ténors de la Droite étaient là. L'unité était au rendez-vous. Et le résultat final qui ne reflète pas cet engouement.

Qu'est-ce que vous avez raté finalement ?

Ce n'est pas une défaite personnelle. Je crois que collectivement, nous ne sommes pas parvenus à imposer notre message. Nous avons proposé un programme crédible, rationnel, doté de 75 propositions travaillées et claires. Malheureusement, les gens ne sont pas prononcés sur des enjeux européens. Le débat est resté national sur un espèce de dilemme pour ou contre Macron. Après, reconnaissons que cette élection reste la plus risquée pour notre famille politique. Au moment des Municipales,Régionales ou encore la Présidentielle, il n'y a pas de confusion et nos scores sont bien meilleurs. Les élections européennes sont tellement compliquées...

Est-ce que François-Xavier Bellamy était la bonne tête de liste ?

Cela n'a rien à voir avec le candidat. Ce sont les circonstances qui ont pesé. Même au niveau médiatique, tout le monde a voulu enfermer cette campagne dans une bipolarité entre le Rassemblement national et Emmanuel Macron. Ensuite, il faut regarder dans le détail le phénomène de participation. 60% français se sont décidés dans les dernières 48h. Ce n'est pas un hasard. L'objectif était pour ou contre Emmanuel Macron. Il y a une forme de dramatisation de la situation qui a engendré la peur. Beaucoup se sont déplacés pour sanctionner le gouvernement et d'autres pour éviter le Rassemblement national.

Est-que votre volonté d'imposer des thématiques comme l'immigration a pu jouer au final en votre défaveur ? Pourquoi ne pas avoir évoqué plutôt le pouvoir d'achat. Un sujet directement lié à la crise des gilets jaunes ?

J'ai des difficultés à répondre à cette question. Quand on interroges les Français pendant la campagne, l'une des préoccupations exprimées concernait la maîtrise des flux migratoires. Mais aussi les effets de la mondialisation. Et nous avons insisté dans notre discours sur un basculement de l'Europe des normes vers une Europe des projets, sur la protection de nos filières... C'est aussi la préservation des emplois. Mais je pense malheureusement que tous les sujets sur la table n'auraient pas suffi et seraient restés inaudibles. Car une nouvelle fois, je regrette ce duel imposé.

Où est la place de la Droite désormais ?

Je ne peux pas m'astreindre à avoir un échiquier politique en France où Emmanuel Macron imposerait sa vision : moi ou le chaos. C'est un risque d'ailleurs pour le Président. Il suffit de regarder ce qui est arrivé à Matteo Renzi, l'ancien président du Conseil italien, chassé du pouvoir par les populistes. Emmanuel Macron a le même profil. Il a crée beaucoup d'espoirs, ne permet aucun choix sauf le Rassemblement national. Je ne veux pas cela pour mon pays. Je me battrai pour éviter cette situation. Il faut donc que notre parti soit une alternative crédible. À nous de poser notre réflexion sur les thèmes, les enjeux, l'équipe qui pourra construire l'alternative. C'est vital pour notre démocratie.

Et vous pourriez participer à cette énième reconstruction au niveau national ?

Moi, je suis fidèle à mes convictions, à mon parti. Je suis d'ailleurs le secrétaire départemental de la fédération du Gard. Je travaille dans l'intérêt général. Je reste député jusqu'au 30 juin prochain. Ensuite, je serais pleinement de retour à Nîmes. Je reprendrai mon poste de premier adjoint à la ville de Nîmes. Ce qui évitera une bataille pour ma succession. En ce qui concerne le national, cela ne m'empêchera pas d'apporter mon concours sur les projets politiques des Républicains. Je vous rappelle d'ailleurs que les maires des grandes villes sont membres du bureau politique au niveau national. Mon expérience locale et européenne, ça compte !

En tant que futur maire vous pourrez siéger effectivement au bureau national. Cela fait partie de vos projets ?

Pour l'instant, chaque chose en son temps. Je veux terminer mon mandat de député européen. J'ai encore des dossiers à boucler et je veux partir en toute sérénité. Pour les municipales de l'année prochaine, c'est une discussion que j'aurai avec le maire de Nîmes. Je veux lui laisser le temps de réfléchir. J'ai suffisamment de respect et d'amitié pour Jean-Paul Fournier pour ne pas brusquer les choses. Il a toujours dit que c'était pour lui une décision importante. Elle n'est pas simple à prendre.

Sans une alliance avec le Centre, au vu des résultats de dimanche, les chances pour la Droite sont minces, non ?

On est sur une municipale. Les enjeux sont différents. Et je crois que le sondage que votre journal a réalisé le montrait bien : les Nîmois plébiscitent l'action de Jean-Paul Fournier et ses équipes. N'oubliez pas qu'un maire, c'est la rencontre d'un homme avec une population, un territoire. Au-delà des clivages politiques. Les municipales, ce qui compte, c'est de rassembler. Et je peux vous dire que depuis hier soir, je reçois des messages de soutien au-delà des partis.

Y compris d'Yvan Lachaud avec qui vous pourriez faire alliance malgré vos divergences ?

C'est compliqué. Il a fait un trop grand écart. La confiance est rompue. Je pense que nous devons rassembler avec des personnalités de la société civile qui portent une vision pour la ville et l'agglomération.

Propos recueillis par Abdel Samari

Abdel Samari

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