Publié il y a 4 ans - Mise à jour le 25.10.2019 - abdel-samari - 4 min  - vu 907 fois

LE 7H50 de Fred Jumel : "Est-ce que le festival This Is Not A Love Song à Paloma est toujours pertinent ?"

Fred Jumel à la tête de Paloma à Nîmes Photo DR ObjectifGard

La scène de musique actuelle Paloma à Nîmes propose une saison exceptionnelle. Son directeur Fred Jumel nous présente les activités et la programmation pour les prochains mois. Il est l'invité du 7h50.

ObjectifGard : Pouvez-vous présenter Paloma aux lecteurs en quelques mots ?

Fred Jumel : Il s'agit d'un centre culturel qui est axé sur les musiques actuelles. Un lieu labellisé par l'État qui propose de la musique qu'elle soit jazz, électro, hip hop, chanson française, musique du monde, etc. Par ailleurs, c'est un lieu qui oeuvre dans des domaines qui vont de la réalisation de spectacles, des répétitions, à la pratique musicale. Nous agissons sur tout le chemin de production de la musique. On accompagne à la fois des jeunes artistes, ceux qui sont plus confirmés, à composer et jouer sur scène.

Combien de groupes répètent à Paloma chaque année ?

Nous avons sept studios de répétition et nous accueillons environ 250 groupes tout au long de l'année. Que ce soit des groupes nîmois ou de la région. Mais le travail ne s'arrête pas aux répétitions. Nous intervenons sur l'ensemble du projet artistique notamment avec des séances de coaching, par exemple. Pour placer sa voix, avoir la bonne rythmique, tout le travail de scénographie et de lumière.

Des artistes de renommés internationales sont aussi des habituels de Paloma dans la réalisation de leur projet...

Tout à fait, je pourrais vous citer Dionysos, Olivia Ruiz, Catherine Ringer ou encore Stromaé. Cela peut être le cas pour préparer, créer leur spectacle.

Paloma c'est aussi tout un volet culturel éducatif et social. En quoi cela consiste-t-il au quotidien ?

Tous les mois, nous avons des spectacles à destination des scolaires, du jeune public ou familiaux. Mais aussi pour la petite enfance, de zéro à un an. Nous travaillons beaucoup auprès de ce que j'appelle les publics empêchés. Les personnes en situation de handicap, hospitalisées ou en maison d'arrêt. Nous allons aussi à leur rencontre très régulièrement.

Un souvenir de vos huit années à la tête de l'établissement ?

C'est très dur votre question. Il y a beaucoup de choses et tellement d'axes de travail entrepris pendant toutes ces années. Ce sont plein de petites choses au quotidien qui me rendent fier. Peut-être la place de la femme dans la musique. Un sujet majeur dans la société aujourd'hui. Je pense que nous avons été en avance sur le sujet en permettant de mettre à l'honneur l'égalité d'accès et des pratiques de la musique pour toutes. Un autre moment fort c'est le concert qui s'est déroulé il y a quelques années traduit entièrement en langue des signes. Là aussi, c'est l'ouverture, le vivre ensemble, l'accès à tous à la musique. Nous mettons d'ailleurs en oeuvre tout un processus de formation de nos équipes jusqu'aux agents de sécurité qui sont capable d'accueillir les malentendants en langue des signes. La bienveillance.

Un moment plus difficile, le concert du groupe de rock américain Eagles of Death Metal...

Oui, on est deux jours après les attentats au Bataclan et le groupe doit jouer à Paloma. Là, toutes les questions traversent nos esprits. On est au coeur de cet événement dramatique qui touche notre pays. C'est là que l'on doit réaffirmer nos valeurs.

Autre sujet, This Is Not A Love Song festival. Un rendez-vous devenu une référence nationale. Pourquoi ?

L'idée est simple au départ, comment peut-on trouver le moyen de faire découvrir des artistes que l'on ne peut pas programmer dans l'année de façon isolé. Ce festival est né, concentré sur trois jours avec une forte densité artistique. C'est assez unique. Tout le Sud est représenté à la fois dans les univers pop, rock,folk, etc. La singularité : l'audace. C'est la raison du succès. Mais c'est un projet qui doit se renouveler. On a pensé ce festival il y a huit ans. C'est l'heure de se transformer, d'évoluer. Est-ce que l'on s'ouvre à la musique latine, africaine, asiatique ? Est-ce que ce festival est toujours pertinent ? On n'a pas la réponse aujourd'hui. Nous, on veut innover, se remettre en question.

Vous voulez aussi travailler sur les questions environnementales autour de ce festival...

Pas uniquement sur ce festival mais les questions environnementales sont au coeur des préoccupations et nous devons prendre toute notre part. Quel est le bilan carbone d'un festival comme le TINALS ? On est obligé aujourd'hui d'en tenir compte.

Aujourd'hui Paloma est financé en grande partie par Nîmes métropole. N'est-ce pas une crainte de dépendre quasi exclusivement d'une collectivité ?

On a un budget conséquent je vous le confirme. C'est un vrai choix politique de Nîmes métropole. Je peux vous dire que ce n'est pas forcément le cas sur les autres scènes musicales comme la nôtre. Y compris dans des villes plus importantes que Nîmes. Vous avez raison par contre, les moyens alloués ne sont pas toujours stables et cela peut avoir un impact d'une année à l'autre. Demain, nous ne sommes pas à l'abri d'une nouvelle approche politique qui pourrait remettre en cause nos choix, nos investissements, notre programmation attractive. Cela aura forcément un impact sur le projet Paloma. Mais j'ai toutefois le sentiment que la Smac (Scène de musiques actuelles) de Nîmes fait consensus. Il n' y a pas de débat sur son avenir. D'autant que c'est un véritable succès public avec 500 000 spectateurs depuis son ouverture.

Qu'est-ce que vous nous préparez pour 2020 ? 

C'est une année de transition, année où l'on se pose d'autant que les élections municipales auront forcément un impact. Nous allons expérimenter des choses, réfléchir à des projets d'avenir pour provoquer en 2021 du changement. Surprendre le public et travailler au croisement des publics. Une question centrale.

Avec toujours Fred Jumel à la tête de Paloma ?

Jusque-là, j'ai toujours eu la bougeotte. J'ai volontairement, dans mes précédentes expériences, passé la main au bout de sept ans. Parce que les nouveautés passent aussi par le renouvellement et le changement de territoire. J'ai fini le cycle de sept ans à Paloma. Je réfléchis à un nouveau cycle mais ce qui est certain c'est que je partirai le jour où je ne peux plus mener à bien tous les projets. Je n'ai jamais répondu aux sollicitations de ces dernières années car je sais gré des moyens que l'on a mis à ma disposition pour aller au bout des actions pour Paloma.

Propos recueillis par Abdel Samari

Abdel Samari

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