Publié il y a 4 ans - Mise à jour le 27.02.2020 - anthony-maurin - 3 min  - vu 383 fois

GARD Permettre aux femmes battues de porter plainte dans de meilleures conditions

Une convention sécurité vient d'être signée entre le CHU de Nîmes et l'État. Son but ? Permettre aux femmes battues de porter plaintes le plus rapidement possible.
La signature de la convention (Photo Anthony Maurin).

Une partie des signataires, la sous-préfète, Joëlle Gras, le procureur de Nîmes Éric Maurel, le préfet du Gard, Didier Lauga, et le directeur général du CHU de Nîmes, Nicolas Best (Photo Anthony Maurin).

Cette nouvelle convention tire son origine du travail de Joëlle Gras, sous-préfète du Vigan, pour le Grenelle des violences faites aux femmes. Elle y a ajouté une véritable dimension féminine.

Donner plus de sens et faire émerger des affaires longtemps tues. Si les statistiques montent en flèche, l'État sera au moins heureux de savoir que les femmes gardoises sont plus en capacité de porter plainte contre leurs agresseurs. " Nous généralisons le dépôt de plainte en milieu hospitalier pour les victimes de violences partout dans le département. L'hôpital et les structures sanitaires permettent d'avoir un lieu confidentiel ", annonce Joëlle Gras.

Pour le directeur général du CHU de Nîmes, Nicolas Best, " nous reprenons et revoyons l'ancienne convention qui existe depuis 2011 et qui a été prolongé en 2017. Tous les sites du CHU de Nîmes sont désormais inclus à cette convention, y compris celui du Grau-du-Roi par exemple. Nous améliorons la prise en charge, intégrons des sites qui n'y étaient pas et renforçons des dispositifs nous liant aux autorités compétentes. "

Le Directeur départemental de la sécurité publique, Jean-Pierre Sola, et le représentant du groupement mobile de Gendarmerie du Gard (Photo Anthony Maurin).

Le CHU de Nîmes, surtout ses urgences où passent chaque année plus de 100 000 personnes, sont le reflets de la société. La violence y est quasi quotidienne et les 30 agents de sécurité salariés par l'hôpital ont besoin d'aide, c'est un filet de sécurité de plus. En effet, les 110 caméras et les agents rassurent les patients et leur famille mais là, nous passons au niveau supérieur.

" Il y a une vraie politique pénale à l'hôpital. Le sentiment d'impunité baisse et il faut que ces lieux retrouvent leur quiétude. Les liens de l'hôpital avec nos services sont importants. Quand les gens vont mieux, la société va mieux, avoue quant à lui Éric Maurel, le procureur de de la République. Cela donnera lieu à des poursuites systématiques ou à des comparutions immédiates car nous travaillons en étroite synergie. Être réactif et prendre en charge plus rapidement les victimes sont nos buts. Nous avons la chance dans le Gard d'avoir une unité médico judiciaire, c'est rare et cela nous offre une vraie efficacité. "

Pouvoir porter plainte, avoir la possibilité d'être orienté vers la justice quand on veut encore porter plainte... C'est une chance. Par an, rien qu'à Nîmes, on compte environ 800 plaintes dans ce genre. Pour le Gard en 2019, et le chiffre est en hausse, on parle de 1 200 plaintes. Grâce au phénomène Me too, la parole s'est libérée.

Psychologiquement, les femmes qui ont subi des violences sont plus enclines à porter plainte quand elles sont éloignées de la personne qui leur a porté les coups. Dans un hôpital, neutre et sécurisé, elles devraient se sentir plus à leur aise, moins tendues.

Le directeur départemental de la sécurité publique annonce que " nous pourrons aller à l'hôpital ou partout ailleurs de jour comme de nuit pour ces démarches. À l'hôpital par exemple, un local a été aménagé à cet effet mais la prise en charge des victimes est à plusieurs niveaux. Nous serons là le plus vite possible mais pas forcément à l'entrée du CHU ! "

Didier Lauga et Nicolas Best (Photo Anthony Maurin).

Cette convention et l'espoir qui va avec devraient permettre de réduire les pertes de signalisation des faits qui sont essentielles. Les femmes mineures de moins de 15 ans, les femmes grandement vulnérables sont obligés de passer par la justice mais pas l'immense majorité des majeures qui peuvent décider de porter plainte ou pas. Même le médecin qui constate les coups et les blessures ne peut pas agir à leur place car il ne saurait trahir le secret médical qui est important en France. Bon nombre de femmes se refusent à toute démarche devant les autorités une fois le mal fait...

Anthony Maurin

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